Exception française coûteuse, le chèque fait de la résistance

Auteur(s)
La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 01 novembre 2016 - 15:52
Image
Une personne remplit un chèque.
Crédits
©Barbara Laborde/AFP
Un Français utilise en moyenne 37 chèques chaque année, soit 100 fois plus qu'un Allemand.
©Barbara Laborde/AFP
Coûteux pour les banques, obsolète, pas assez fiable: le chèque est voué à disparaître depuis des années, notamment sous l'impulsion des pouvoirs publics. Mais ses inconditionnels, comme les entreprises, le plébiscitent à l'inverse pour sa gratuité et ses facilités de trésorerie.

Dernière attaque en date contre le chèque: le souhait du gouvernement de réduire la durée de sa validité d'un an à six mois, dans un pays qui lui reste attaché.

Quatrième moyen de paiement en Europe, le chèque est une exception française. En 2013, près de 71% des chèques émis dans l'Union européenne l'ont été en France. Un Français utilise en moyenne près de 37 chèques par an, contre 11 pour un Anglais et moins de un (0,38) pour un Allemand, indiquait le ministère des Finances dans un rapport en 2015. Toutefois, son utilisation décroît régulièrement, en moyenne de 4 à 5% par an. Selon les données de la Banque de France, en 1975, le chèque représentait 75% des paiements contre 12% en 2014.

Depuis 2010, les pouvoirs publics ont multiplié les initiatives afin de définir une stratégie pour, officiellement, "accompagner le développement de nouveaux moyens de paiement" et, selon un acteur bancaire souhaitant garder l'anonymat, "en finir avec le chèque qui coûte trop cher à tout le monde".

Et les mesures œuvrant en ce sens ont fleuri ces trois dernières années: obligation de paiement des notaires par virement au-delà de 3.000 euros, plafonnement du paiement par chèque de créances publiques limité à 300 euros, généralisation progressive des paiements dématérialisés à destination du secteur public.

Toutefois, les attaques frontales contre le chèque ne semblent pas faire recette. Fin septembre, les députés ont rétabli, contre l'avis du gouvernement, la durée de validité du chèque à 12 mois alors que le projet de loi Sapin II prévoyait de la réduire à six mois à partir de juillet 2017.

Car cette micro-lettre de créance, adoptée en France au XIXe siècle, oppose plusieurs camps. "C'est un dinosaure de la banque!", s'exclame auprès de l'AFP un analyste du secteur, rapportant que "les banquiers se demandent comment s'en débarrasser" vu son coût en termes de traitement.

En 2012, la mise à disposition et l'utilisation gratuite des chèques coûtaient aux banques françaises environ 2,5 milliards d'euros alors que les cartes bancaires représentaient un revenu au moins équivalent, selon Bercy

Selon un rapport commandé par Bercy et publié en 2012, la mise à disposition et l'utilisation gratuite des chèques coûtaient aux banques françaises environ 2,5 milliards d'euros alors que les cartes bancaires représentait un revenu au moins équivalent (2,6 milliards).

Même si "les particuliers ont de moins en moins de blocages envers les nouveaux moyens de paiements, le chèque est encore très utilisé par les professionnels, TPE, PME et indépendants", explique à l'AFP Reine-Claude Mader, présidente de l'association de consommateurs CLCV.

"Si on proposait des alternatives à un coût raisonnable, elles seraient adoptées mais nous ne sommes pas prêts à abandonner l'usage du chèque dans les relations inter-entreprises parce qu'on touche à un point essentiel qui est la trésorerie", défend pour sa part Guilhem Darré, délégué général du Syndicat des indépendants. "Le chèque permet de gagner un peu de temps", ajoute-t-il, rappelant que 30% des TPE ont des difficultés de trésorerie.

Pour l'Union professionnelle artisanale (UPA), "le secteur bancaire n'a pas communiqué dans le sens de la dématérialisation, ni su mettre en place d'autres dispositifs faciles et peu coûteux", déplore son secrétaire général Pierre Burban.

Les deux syndicats pointent le coût élevé de la location et de la mise à jour des terminaux de paiement mobile. "Il faut une incitation" au paiement dématérialisé, plaide M. Burban, qui constate aussi un problème de couverture du haut débit sur l'ensemble du territoire.

Les camps opposés s'accordent sur un point: le chèque ne disparaîtra pas du jour au lendemain. D'ici là, l'amendement proposé par le gouvernement pour en réduire sa validité passera en nouvelle lecture le 3 novembre devant le Sénat.

 

À LIRE AUSSI

Image
Des pièces et des billets en euro.
Les paiements en espèces limités à 1.000 euros dès le 1er septembre
A partir du 1er septembre, il sera interdit pour toute personne résidant en France de payer plus de 1.000 euros en espèces, contre 3.000 actuellement, a annoncé le Jou...
27 juin 2015 - 12:51
Lifestyle

L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.

Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement  car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.

Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.

Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.

Je fais un don à France-Soir

Les dessins d'ARA

Soutenez l'indépendance de FS

Faites un don

Nous n'avons pas pu confirmer votre inscription.
Votre inscription à la Newsletter hebdomadaire de France-Soir est confirmée.

La newsletter France-Soir

En vous inscrivant, vous autorisez France-Soir à vous contacter par e-mail.