Philippe détaille les baisses d'impôts, pas les mesures d'économies
Le Premier ministre Edouard Philippe a détaillé mercredi les baisses d'impôts prévues par le gouvernement pour les classes moyennes, sans préciser les mesures d'économies qui les financeront.
"Nous avons reçu 5 sur 5 le message d'exaspération fiscale que les Français nous ont adressé", a affirmé le Premier ministre dans son discours de politique générale à l'Assemblée nationale, en allusion aux résultats du "grand débat national" lancé en décembre par Emmanuel Macron sous la pression des "gilets jaunes".
M. Philippe a rappelé les mesures prises par le gouvernement pour alléger la pression fiscale avec la suppression progressive de la taxe d'habitation sur le quinquennat et la baisse de l'impôt sur le revenu pour les classes moyennes de 5 milliards d'euros annoncée par le président de la République lors de sa conférence de presse fin avril.
"Au total, les impôts des ménages baisseront durant ce quinquennat de 27 milliards d'euros", a assuré le Premier ministre devant les députés, qualifiant ce chiffre "d'historique".
M. Philippe a spécifié les baisses de l'impôt sur le revenu pour les classes moyennes, dont l'entrée sera ainsi adoucie pour les nouveaux contribuables, comme l'avait souhaité le ministre des Finances Bruno Le Maire.
"Le taux d’imposition de la première tranche de l'impôt sur le revenu, qui regroupe 12 millions de foyers, sera abaissé de trois points. Cela représente un gain moyen par foyer de 350 euros, soit, à ce niveau, un tiers de l'impôt en moyenne", a-t-il expliqué.
"C'est massif, c'est clair, c'est net", a-t-il souligné, précisant que les cinq millions de foyers de la tranche suivante "bénéficieront d'un gain moyen de 180 euros".
Ces baisses seront introduites dans le projet de loi de finances pour l'année prochaine, a-t-il souligné.
M. Philippe a aussi confirmé que "la taxe d'habitation sur les résidences principales sera intégralement supprimée pour l'ensemble des Français".
Pour 80% des "Français les plus modestes (...) leur taxe sera intégralement supprimée en 2020. Pour les 20% restants, la suppression se déploiera sur trois années", a-t-il affirmé.
- Quelles mesures d'économies?
Le Premier ministre a toutefois prévenu que ces baisses d'impôts contraindront le gouvernement à "faire des choix pour contenir nos dépenses publiques".
Il n'a pas donné de détails sur les économies envisagées, laissant le soin au ministre des Finances Bruno Le Maire et à celui des Comptes publics Gérald Darmanin de dévoiler "au début du mois de juillet les choix du gouvernement".
M. Philippe a donné des pistes, visant certaines niches fiscales et sociales jugées "anti-écologiques", celles "concentrées sur les très grandes entreprises" ou encore celles qui "réduisent les droits sociaux des salariés, comme la déduction forfaitaire spécifique".
Concernant les niches fiscales, le gouvernement avait prévenu début mai les entreprises de bâtiment et travaux publics (BTP) qu'il envisageait d'augmenter un impôt sur leurs carburants.
Lors de sa conférence de presse, M. Macron avait également évoqué la réduction des niches fiscales dont bénéficient les entreprises, ainsi que l'allongement de la durée de cotisation pour le départ en retraite, sans toucher pour autant à l'âge légal qui est actuellement de 62 ans ni supprimer un jour férié.
Dans son discours, M. Philippe a confirmé les orientations données par le président de la République. "Nous définirons un âge d'équilibre et des incitations à travailler plus longtemps", a-t-il expliqué.
L'impôt sur le revenu, qui rapporte chaque année près de 75 milliards d'euros à l'Etat, est actuellement payé par 16,8 millions de foyers fiscaux sur un total de 38,3 millions, soit moins de 45% des contribuables.
Cinq tranches progressives existent actuellement pour l'impôt sur le revenu: 0%, 14%, 30%, 41% et 45% pour les revenus supérieurs à 153.783 euros.
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