Soldes d'hiver : un mauvais cru, les ventes privées pointées du doigt
"Décevant", "mauvais cru", baisse de fréquentation et des ventes: les soldes d'hiver, qui se terminent mardi soir, n'ont pas fait recette, en raison notamment de la multiplication des ventes privées pratiquées en amont du sacro-saint rendez-vous.
"En comparaison à la même édition l'an dernier, nous estimons un chiffre d'affaires en baisse de 2% au terme des 6 semaines de réductions, un cru décevant, qui était cependant attendu", constate Yves Marin, expert consommation chez Wavestone.
Le bilan des soldes d'hiver n'est pas bon. Selon un sondage Toluna/LSA, réalisé par Internet en France les 12 et 13 février auprès d'un échantillon de 1.501 personnes de 18 ans et plus, la fréquentation est en baisse de 4,4 points par rapport à l'an dernier. Même baisse du côté des dépenses. En moyenne, les Français ont dépensé 197,43 euros pour ces soldes, soit un recul des ventes de 6,8%.
"La fréquentation a nettement baissé par rapport aux précédentes années", soutient Mathieu, vendeur du magasin de prêt à porter White Legends au centre commercial Euralille, où la foule des consommateurs est pourtant permanente. "On a bien commencé puis on a eu beaucoup moins de monde sur les dernières semaines", poursuit-il, mettant en cause la baisse de pouvoir d'achat.
Les principaux articles achetés en soldes restent l'habillement (71,9% des consommateurs ont pris des vêtements, chaussures ou accessoires), le sport (33,1%), l'hygiène-beauté (18,6%), la maison/déco (18,3%), la culture (16,2%) et le high-tech (14%). Globalement, 75,2% des Français ont succombé aux promotions et autres rabais, ce qui représente 38,3 millions d'acheteurs, selon le sondage.
"Cette année, c'est dur. Les grosses pièces sont encore là. C'est compliqué avec les promos des grandes marques toute l'année. C'est à peine terminé que ça recommence", tonne Cyril, vendeur de vêtements pour hommes et femmes dans un magasin indépendant à Bordeaux.
- "Ça ne veut plus dire grand-chose" -
Même ressenti à plus de 500 kilomètres de là pour Isabelle, responsable dans une boutique d'une grande marque de chaussures, à Lyon: "Par rapport à l'an dernier, ça n'a pas été satisfaisant. On essaie de se rattraper sur février avec des rabais supplémentaires mais c'est un cercle vicieux avec les promotions toute l'année, les gens échelonnent plus leurs achats. Et on sent aussi un manque de moyens", déplore-t-elle.
"Liquidation, promotions, déstockage... le phénomène des rabais d'avant soldes n'est pas nouveau mais il s'est vraiment accentué cette année. Du coup, la période qu'on tente de mesurer n'est pas la bonne", regrette Bernard Morvan, président de la Fédération nationale de l'habillement (FNH).
Contacté par l'AFP, Philippe Guilbert, directeur général de Toluna, précise que cette année, "43,8% des Français, dont 4,2% qui ne sont pas retournés faire les soldes, on participé à ces promos diverses d'avant soldes. En 2016, seulement 32,8% des Français y avaient participé", compare-t-il, assurant que "les clients ont de fait dépensé leur argent avant le 11 janvier, jour -tardif cette année- de démarrage des soldes".
Ces promotions de masse viennent s'ajouter à un environnement économique déjà peu favorable aux dépenses de consommation et peu propice à s'améliorer à quelques semaines d'une élection présidentielle.
De son côté, la CCI Paris-Ile-de-France évoque même une "overdose" des ventes privées: "près de 60% des commerçants en ont proposées cette fois-ci" quand "62% des commerçants estiment que les soldes ne représentent plus un événement incontournable".
"Les soldes, ça ne veut plus dire grand-chose. On est obligé de mieux acheter à la base pour que les chaussures partent rapidement", martèle Charlotte Milamand, gérante de Soa Cauça, magasin de chaussures dans le centre de Bordeaux.
Même si de nombreux acteurs s'interrogent sur l'existence des soldes, M. Morvan certifie lui que "si on établit le classement sur 52 semaines, la première semaine des soldes d'hiver ou d'été reste la première semaine pour un commerce en termes de chiffre d'affaires".
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