Travail dominical à la Fnac : rude déconvenue avec un accord mort-né
A peine signé, déjà invalidé: l'accord sur le travail du dimanche et en soirée à la Fnac (Kering), aboutissement de négociations depuis octobre, ne sera pas mis en oeuvre, la CGT, SUD et FO ayant décidé de mettre leur veto au texte avalisé par la CFTC, la CFDT et la CFE-CGC.
Pour l'enseigne de biens culturels (ex-PPR) dirigée par Alexandre Bompard, qui s'est beaucoup démenée pour l'ouverture dominicale de ses magasins, notamment à Paris où elle voulait ouvrir tous les dimanches en zone touristique internationale (ZTI), la déconvenue est rude.
Mardi 19 janvier au soir, l'accord obtenait les 30% nécessaires à sa signature, avec les paraphes annoncés de la CFTC, deuxième force syndicale au niveau du groupe, de la CFDT et de la CFE-CGC. Mais le droit d'opposition qu'entendent faire jouer la CGT, SUD et FO, majoritaires à eux trois et opposés à l'extension du travail du dimanche et en soirée, "synonyme de régression sociale majeure", met à bas l'édifice.
La loi Macron, en France, qui élargit les ouvertures dominicales dans les zones touristiques et commerciales et les ZTI, pose comme principe la conclusion d'un accord avec les organisations syndicales. Depuis la parution des décrets en septembre, des négociations se sont ouvertes dans de nombreuses enseignes, mais encore peu ont abouti.
Celle pour les grands magasins, tenue au niveau de la branche et emblématique pour l'ouverture des célèbres temples de la consommation du boulevard Haussmann notamment, a échoué.
La Fnac est pourtant allée loin en termes de contreparties salariales. Pour les magasins ouverts régulièrement le dimanche (plus de 12 par an), le texte fixait 12 dimanches majorés à 200%, c'est-à-dire payés triple, et 40 dimanches majorés à 100%, c'est-à-dire payés double. Dans tous les cas, aucun repos compensateur n'était en revanche prévu.
Pour les magasins ouverts occasionnellement (jusqu'à 12 dimanches), la majoration devait être de 100%, avec repos compensateur, comme prévu par la loi pour les dimanches dits "du maire".
Volontariat, réversibilité du choix des salariés, assurance de deux jours de repos consécutifs, prise en charge des frais de taxis et d'une partie des frais de garde, hausse de 2,6% des effectifs en cas d'ouverture régulière: autant de "garanties" soulignées par la CFDT pour expliquer sa signature. C'est un "accord bien bordé", avait observé Bernard Marc (CFTC).
Mais pour la CGT, les embauches prévues - "uniquement sur les magasins nouvellement ouverts 52 dimanches par an" - sont "loin" d'être suffisantes. "Sur la Fnac Paris, on perd 6 à 7% d'emplois par an. Donc le gain va être absorbé en six mois", a expliqué Boris Lacharme.
Le délégué CGT met aussi en cause les "inégalités salariales" induites par l'accord, entre "ceux qui travailleront le dimanche et les autres". "Un commerce est aussi ouvert les autres jours de la semaine", souligne-t-il. SUD dénonce aussi la "dégradation des conditions de travail" qui s'ensuivra.
Pour Thierry Lizé (FO), l'élargissement par la loi Macron du nombre de "dimanches du maire" de cinq à douze, soit "trois mois de l'année", est déjà "un sacré recul social".
Réagissant à l'annonce du veto des autres syndicats, Gilles Desbordes, secrétaire général de la CFDT Service, a "regretté que cette opposition puisse être mal comprise par les personnels".
La Fnac de son côté n'a pas commenté cette annonce. Dans un communiqué, elle précise simplement que l'aval donné au texte par trois syndicats va permettre de "débuter la procédure d’information-consultation auprès des instances représentatives du personnel" des sociétés du groupe. Une procédure qui commence "dès jeudi ou vendredi", selon SUD, qui craint que les délais ne soient pas respectés.
Ce n'est qu'après cette période que l'accord "pourra être signé et notifié" aux syndicats, souligne la Fnac. Formellement, c'est à partir de cette notification que la CGT, SUD et FO pourront exercer leur droit d'opposition. Ils auront huit jours pour le faire.
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