GPA - “Si on commence à produire des enfants par contrat, on est dans la déshumanisation”. Ana-Luana Stoicea-Deram, co-présidente de la CIAMS
ENTRETIEN ESSENTIEL - C’est un cri d’alarme que lance Ana-Luana Stoicea-Deram, co-fondatrice et co-présidente de la Coalition Internationale pour l’Abolition de la Maternité de Substitution (CIAMS), regroupement d’associations internationales féministes qui combat le marché mondialisé de la gestation pour autrui (GPA). Un marché qui génère des millions et dont des femmes paient le prix fort.
La CIAMS, créée en 2018 par quatre organisations françaises, et qui réunit aujourd’hui près d’une quarantaine d’associations issues de 14 pays, dénonce la pratique de la gestation pour autrui, comme instrumentalisant le corps des femmes et réduisant les enfants au rang de produits commerciaux.
Ana-Luana Stoicea-Deram explique les dangers de cette exploitation de la capacité reproductrice de la femme, pour la santé et parfois pour la vie de cette dernière, et dénonce des trafics qui s’apparentent à de la traite humaine et à de l’abus de faiblesse et de misère. Elle insiste notamment sur la situation très préoccupante que connait l’Ukraine en la matière.
La militante souligne aussi les dangers de la négation du lien qui unit un nouveau-né à sa mère, et les conséquences pour des enfants nés de femmes qui ne souhaitaient pas devenir mères.
Enfin, elle pointe que les arguments tentant à rendre cette pratique acceptable constituent un danger pour le droit à l’avortement.
Des manœuvres réglementaires pour légitimer la GPA hors des processus démocratiques
La CIAMS alerte sur les “manœuvres réglementaristes de certaines institutions comme la Conférence de La Haye de droit international privé” (HCCH – Conférence de la Haye) qui tendent à légitimer socialement cette violation des droits humains et œuvrent à bas bruit pour imposer aux pays des normes internationales qui ne passeront pas par le filtre des outils démocratiques prévus dans chaque pays. L’Union européenne par exemple, est représentée comme une “organisation régionale fédérale” à la Conférence de La Haye, qualifiée par Ana-Lucia Stoicea-Deram d’institution au “fonctionnement extrêmement opaque” et outil d’un “déni de démocratie”.
En novembre dernier, des militantes de la CIAMS ont manifesté devant le siège de la HCCH, revêtues du costume des femmes réduites à un esclavage reproductif dans la fiction télévisuelle dystopique La servante écarlate qui adapte le roman du même nom écrit par Margaret Atwood.
Site internet de la CIAMS : http://abolition-ms.org/
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