"Il faut assainir le domaine du fact-checking" des “procédés extrêmement malveillants" Jean-Dominique Michel
Dans cet “Entretien essentiel”, Jean-Dominique Michel, anthropologue spécialisé dans la santé, dont la position sur la politique de lutte contre l’épidémie de Covid-19 lui a valu non seulement des critiques dans la presse mainstream mais également d’être la cible d’officines de fact-checking, décortique les procédés “extrêmement malveillants” par lesquels des “cercles médiatiques proches des intérêts politico-économiques", ciblent des personnalités dans le but de les décrédibiliser.
“C’est extraordinaire comment ces procédés extrêmement malveillants trouvent un champ libre dans la réalité. Il faut s’y opposer”, affirme notre invité. Évoquant son expérience personnelle, il est revenu sur la “machine de guerre” qui s’était déclenchée contre lui à partir de juin 2020, lorsqu’il a fait l’objet d’un article de L’Express, après ses critiques de la politique sanitaire. “On a jeté aux orties toutes les bonnes pratiques en matière de santé publique, on a fait n’importe quoi en imposant des choses dommageables et destructrices et on nous disait : “On savait pas à quoi on avait à faire”. On savait très bien à quoi on avait à faire. Si on l’avait fait normalement, appliqué toutes les connaissances en santé publique, on se serait portés comme un charme après cette épidémie”. Il évoque “une idéologie qui s’est créée, des idées simples qui ont l’air d’être vraies, mais qui sont complètement fausses et qui deviennent des lieux communs qu’il ne faut surtout pas remettre en question (...) Les médias ont suivi, par conformisme, entre autres”, ajoute-t-il.
Des “idiots utiles”
Pour Jean-Dominique Michel, “il s’agit là d’une des signatures que nous étions dans une dérive totalitaire qui ne peut se produire qu’en présence d’une idéologie assez créée de sorte à servir les esprits, avec deux couches : ceux qui mettent en œuvre ces procédures déloyales, détestables de destruction de réputation et la masse des suiveurs qui deviennent convaincus de cela”, décrit-il.
L’invité de Xavier Azalbert a évoqué les attaques dont il a fait l’objet de la part de Thomas Durand, biologiste, pour étayer les procédés adoptés par ce qu’il qualifie des “idiots utiles” en vue de cibler des personnalités et les décrédibiliser. “C’est un biologiste végétal qui étudie les champignons et les moisissures. Il a cinq articles, co-signés avec cinq auteurs, avec un H-Index (Ndlr : un indice ayant pour but de quantifier la productivité scientifique) de cinq, ce qui est risible. Il s’est targué de décoder des questions de psychologies sociales, de neurosciences cognitives et devient expert dans des domaines dont lesquelles il n’a aucune compétence. Il attaque des sommités comme le Dr Raoult. C’est un joueur de tennis du club de province qui dit que Nadal ou Djokovic ne jouent pas bien au tennis”, ironise-t-il.
Jean-Dominique Michel fait ainsi remarquer que “ces profils manipulatoires cherchent systématiquement à tourner les choses de manière à jeter l'opprobre sur les autres (...) C’est organisé, un savoir-faire efficace (...) Ils sont dans l’accusation permanente, il lance l’accusation contre les cibles, et celles-ci, dès lors, sont très mal si, en retour, elles donnent l’impression de se justifier en portant à leur tour les accusations. Des tours connus en psychologie et de techniques de propagande” que “des cercles médiatiques, proches de certains intérêts politiques et économiques, mettent en œuvre de manière systématique”, a-t-il affirmé.
Assainir le domaine du fact-checking
Il s’interroge surtout “comment ces personnes ont pu avoir une bonne audience alors qu’ils ne sont pas des experts dont il convient de prendre en considération les énoncés (...) De pauvres types instrumentalisés par des pouvoirs qui en ont besoin, qui les envoie au front et au moment où ils ont carbonisé, ils seront laissés tombés. Il a l’impression de mener une croisade pour le bien en m’attaquant, mais il est instrumentalisé par des gens qui savent très bien que ce n’est pas le cas, mais qui se disent, si on met ces gens sur cette mission, ils seront crédibles et parviendront à leur fin et ils éliminent ce gêneur”, dit-il.
Lors de son intervention, l'anthropologue a appelé à assainir le domaine du fact-checking, des campagnes de manipulations et de propagande et de “cette manière de systématiquement inverser les choses, l’inversion accusatoire permanente”.
S’il dit “regretter” de ne pas avoir porté plainte contre les contenus qui le visaient “car c’était épouvantable”, il affirme “en rigoler” désormais. “Je les prends comme étant des décorations ou des légions d’honneur. Mais quand cela commence à vous arriver, c’est épouvantable car le respect est un des fondements du sentiment de sécurité. On est tous des membres respectables de la société et tant qu’on a pas fait des choses abominables, il n'y a aucune raison que les gens se détournent de nous”.
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