Vivendi lance les opérations de rapprochement avec Havas
Le géant des médias Vivendi a lancé jeudi les opérations de rapprochement avec le groupe publicitaire Havas afin de construire un "leader mondial" des contenus et de la communication, en combinant les actifs des deux sociétés contrôlées par l'industriel breton Vincent Bolloré.
Vivendi se propose d'acquérir dans une première étape la participation de 60% du groupe Bolloré dans Havas, pour plus de 2,3 milliards d'euros d'ici la fin juin ou début juillet, a indiqué la direction du groupe au cours d'une conférence téléphonique.
Le groupe Bolloré est également le principal actionnaire de Vivendi, maison mère de Canal+, Universal, Dailymotion et Gameloft, avec 20,65% du capital et 29% des droits de vote.
Sans surprise, le conseil d'administration de Bolloré a "réservé un accueil favorable" à cette offre, selon un communiqué distinct, et "décidé d'entamer les discussions avec Vivendi".
Vivendi propose 9,25 euros par action, ce qui valorise Havas à 3,881 milliards d'euros, soit une prime d'environ 9% par rapport au cours actuel.
Le groupe veut financer l'opération en piochant dans son trésor de guerre, qui s'élève à environ 4 milliards d'euros.
En cas de réalisation de l'acquisition, Vivendi déposera une offre publique d'achat simplifiée sur le solde du capital de Havas au même prix pour un coût maximal de 1,6 milliard d'euros. Vivendi précise toutefois qu'il ne vise pas à retirer Havas de la cote.
L'idée d'un rapprochement entre les deux groupes faisait saliver les marchés depuis que Vincent Bolloré avait déclaré aux Echos en mai 2016 qu'il était "évident qu'un jour il y aurait quelque chose entre Vivendi et Havas".
Il s'agirait aussi d'un retour aux sources puisque les deux compagnies n'en faisait qu'une dans les années 1998 à 2000 sous la direction de Jean-Marie Messier.
Pour les partenaires, une telle alliance fait sens du point de vue de l'analyse des comportements des consommateurs, et des données, des technologies bien maîtrisées par les publicitaires et qui peuvent être très utiles pour les activités de Vivendi.
Les agences de publicités sont aussi spécialistes des contenus courts alors que Vivendi a commencé à lancer de nouvelles offres de vidéos courtes pour mobiles.
Les annonceurs "attendent de nous de leur proposer des solutions innovantes et l'accès privilégié aux actifs si prestigieux de Vivendi nous permettrait de créer des offres et des services uniques dans notre industrie, partout dans le monde", a souligné le PDG d'Havas Yannick Bolloré dans une lettre aux salariés dans laquelle il promet "de préserver l'emploi".
Interrogé par des analystes sur les risques de conflits d'intérêts entre les activités des deux groupes au cours d'une conférence téléphonique, le président du directoire de Vivendi Arnaud de Puyfontaine a déclaré "n'en voir aucun".
Cette alliance combinerait les actifs de Vivendi, qui compte 22.600 salariés pour un chiffre d'affaires de 10,8 milliards d'euros en 2016 avec les 20.000 employés d'Havas qui affichait un chiffre d'affaires de 2,3 milliards l'an dernier.
Cette annonce intervient alors que Vivendi a subi un revers important le même jour avec la perte des droits de diffusion des matchs de la Ligue des Champions et de la Ligue Europa en France de 2018 à 2021 octroyés à l'opérateur SFR contrôlé par le groupe Altice de Patrick Drahi.
- Redressement attendu de Canal+ -
Vivendi a également publié jeudi un bénéfice net en chute de 88,3% au premier trimestre, à 101 millions d'euros, du fait d'une base de comparaison défavorable après des gains exceptionnels l'an dernier.
En excluant ces éléments exceptionnels, le groupe affiche un bénéfice net en forte hausse de 57,2% à 155 millions d'euros, tandis que le chiffre d'affaires a progressé de 6,9% (+3,4% à périmètre et taux de change constants), à 2,66 milliards d'euros.
Le groupe a confirmé ses objectifs annuels et un redressement des comptes de sa filiale de TV payante Canal+ à partir du deuxième semestre.
"Le plan de transformation des activités de télévision payante en France mis en place en 2016 commence à porter ses fruits", a confirmé le groupe dans un communiqué.
"Les premiers effets positifs des nouvelles offres ont été observés en mars 2017", alors que "pour la première fois depuis de nombreux trimestres, le nombre de nouveaux abonnements aux chaînes payantes a compensé celui des désabonnements", est-il indiqué.
Au premier trimestre, le chiffre d'affaires de Canal+ a reculé de 3,8% à 1,28 milliard d'euros tandis que le chiffre d'affaires de la filiale de musique enregistrée Universal Music Group (UMG), la locomotive du groupe, a bondi de 14,8% à 1,28 milliard d'euros.
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