Après Irma, une rentrée scolaire encore difficile à Saint-Martin
Après une année scolaire difficile et écourtée par les ravages de l’ouragan Irma, la rentrée à Saint-Martin ne sera pas encore tout à fait "normale", avec moins d'élèves que l'année dernière, et des réparations qui ont pris du retard.
Signe de crispation, un préavis de grève a été déposé par le syndicat d’enseignants Snes-Fsu, inquiet des conditions d’accueil des élèves.
Il y a un an, le jour de la rentrée des classes avait été reporté, puisqu'il coïncidait avec le passage de l'ouragan de force 5 sur l'île. Après son passage, la rentrée s'était révélée impossible, compte tenu des dévastations.
Les établissements scolaires, tous sinistrés, ne pouvaient plus accueillir les élèves. Malgré des ouvertures progressives en octobre, la rentrée officielle avait eu lieu, avec les élèves restés à Saint-Martin, deux mois plus tard, le 6 novembre 2017, lors de la venue du Premier ministre Edouard Philippe.
Un an après Irma, les effectifs ont fondu et 1.329 élèves de moins sont attendus pour la rentrée par rapport aux prévisions de la rentrée 2017. De nombreuses familles ont quitté l'île après Irma, et scolarisé leurs enfants soit en Guadeloupe ou Martinique, soit dans l'Hexagone.
Six mois après l'ouragan, les chiffres officiels donnaient une perte de 20% d'élèves dans les établissements publics. Un an après, la perte s'établit à près de 15%.
Pour Daniel Gibbs, président de la collectivité de Saint-Martin, ces chiffres "ne sont pas si mauvais que ça", et malgré les départs, de nouvelles familles sont arrivées, accompagnant les professionnels venus reconstruire le territoire.
"Notre objectif était que les élèves puissent reprendre les cours en toute sécurité", insiste M. Gibbs, mais "toutes les structures ont souffert, et il est clair que des sections n'ouvriront pas à la rentrée", explique-t-il à l'AFP.
La collectivité rappelle que les 20 établissements scolaires que comptait l’île ont tous été fortement endommagés et trois d’entre eux entièrement détruits : une école élémentaire à Marigot (chef-lieu), une école primaire et un collège à Cul-de-Sac (nord). 9,5 millions d’euros ont été dégagés dans le budget de la collectivité afin de procéder aux réparations et reconstructions qui s'imposent dans les 18 établissements scolaires toujours debout".
Sur les 32 millions de travaux, l'Etat a versé 15 millions à Saint-Martin. "On essaie de dépenser ce qui nous a été donné", assure M. Gibbs, dont la collectivité fait face à un manque d'ingénierie, mais "les besoins sont considérables".
- Serrer les dents -
La situation est particulièrement difficile à la Cité scolaire, où huit constructions modulables devaient être implantées afin d’accueillir les lycéens et les élèves du collège Weinum, qui a fusionné avec celui de Soualiga, irrémédiablement détruit.
L’année scolaire 2017-2018 avait été marquée par un système de rotation et de partage des locaux (Weinum les matinées et Soualiga les après-midis). Pour la rentrée, pas question de rotation, a promis la collectivité.
Mais les préfabriqués sont en retard, leurs fixations en acier se seraient perdues dans les méandres de l’acheminement maritime. Le rectorat et les chefs d'établissement ont donc annoncé l'aménagement des emplois du temps, avec notament l'élargissement de plages horaires, en instaurant notamment des cours les mercredis.
"Nous avons passé une année à serrer les dents, en travaillant dans l’urgence et on espérait une rentrée différente", explique un professeur, sous couvert d'anonymat.
L’Union des parents d’élèves fait aussi part de son inquiétude, résumée par l'un d'eux : "L'année passée, mes enfants avaient permanence dans la cour, faute de salles, avec obligation d'attendre en silence (...). Ils ont dû arrêter la musique et le sport programmés les mercredis après-midis et les samedis matins. Et ça va recommencer ?".
L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.
Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.
Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.
Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.