Après une opération dans le Var, le mystère Dupont de Ligonnès demeure
Presque sept ans après sa disparition, la police a tenté mardi une nouvelle fois, en vain, de retrouver la trace de Xavier Dupont de Ligonnès, soupçonné d'avoir tué sa femme et ses quatre enfants, que des fidèles avaient cru voir dans un monastère de Roquebrune-sur-Argens (Var).
C'est dans cette commune de la Côte-d'Azur que le personnage central de l'une des plus mystérieuses énigmes criminelles des dernières décennies a été aperçu pour la dernière fois, en avril 2011: le 14, il avait été filmé par la caméra d'un distributeur de billets et le 15, il avait quitté à pied un hôtel avec, sur le dos, un étui pouvant contenir une carabine.
Six jours plus tard, les corps de sa femme et de ses quatre enfants étaient découverts, enterrés sous la terrasse de leur maison à Nantes.
Depuis, des centaines de signalements à travers le monde sont parvenus aux enquêteurs, dont les milliers de procès-verbaux rédigés n'ont pas permis de dire si "XDDL" était mort ou vivant, s'il avait pu organiser sa fuite ou s'était suicidé.
Mardi, c'est dans un lieu dont les pensionnaires ont fait vœu de silence et de solitude, le monastère du Saint-Désert, un bâtiment entouré d'un jardin clôturé, où les frères Carmes se sont établis en 1948, que les policiers ont jeté leurs filets..
A Notre-Dame-de-Pitié, la chapelle du monastère, les offices sont ouverts a tous, sauf les vigiles de 00H30. Dix bancs en bois alignés de part et d'autres de murs blancs dénudés témoignent de la simplicité des lieux, datant du XVIIe siècle, habités par cinq moines et fréquentés par des novices ou des frères retraitants -mais pas de laïcs - pendant la période estivale. Derrière la grille fermant l'accès a l'autel, une crèche était toujours illuminée mardi.
- Plusieurs vérifications dans le Var -
Des fidèles du monastère avaient signalé y avoir vu aux offices, fin 2017, un moine qui ressemblait à Xavier Dupont de Ligonnès, a précisé une source proche de l'enquête à l'AFP. Pour ne rien laisser au hasard, des policiers spécialisés de la PJ de Nantes, assistés de leurs collègues de Toulon, y ont été dépêchés après l'eucharistie matinale de 08H30. Ils ont aussi utilisé un drone pour inspecter la zone, selon des témoins.
Mais l'opération s'est achevée quelques heures plus tard sans mettre la main sur le père de famille, âgé de 50 ans à l'époque de sa disparition.
“A priori, je ne l’ai jamais vu, à moins qu’il ne soit venu à la messe, que je lui ai donné la communion, peut-être, je ne sais pas. Mais moi je ne l’ai jamais vu", a déclaré Frère Paul, un membre du monastère, aux journalistes. “Si vraiment ce monsieur est encore en vie, et dans la région, et bien il faut qu’il soit bien protégé par quelqu’un", a t-il ajouté.
Agnès Dupont de Ligonnès, 48 ans, et ses quatre enfants, Arthur, 21 ans, Thomas, 18 ans, Anne, 16 ans, et Benoît, 13 ans avaient disparu depuis trois semaines lorsque leurs corps ont été découverts. Ils ont été tués à la 22 Long Rifle, vraisemblablement deux semaines plus tôt, entre le 3 et le 5 avril, d'au moins deux balles dans la tête.
Avec six jours de retard sur le père de famille, les enquêteurs avaient alors remonté le fil de son emploi du temps, sans percer l'énigme. Malgré un mandat d'arrêt international lancé contre lui, il n'a jamais été retrouvé.
Plusieurs opérations et campagnes de fouilles ont été menées dans le Var, département où la famille Dupont de Ligonnès avait habité dans les années 1990, notamment après des découvertes de cadavres non identifiés.
Une pincée de théorie du complot - née d'un courrier du père à neuf de ses proches, affirmant qu'il allait être exfiltré vers les États-Unis en raison de sa supposée vie d'agent double -, une famille en apparence tout à fait classique, une préparation qui semble méthodique et une certaine mise en scène de la disparition du père sont venus nourrir l'intérêt pour cette affaire.
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