Attaque à Liège : "On est resté cloîtré une heure et demie"
Il est 10h30 mardi à Liège, vieille cité de l'est de la Belgique, quand un homme armé d'un couteau commence à suivre deux policières le long d'un grand boulevard de la ville francophone. Ses deux premières victimes.
Un témoin, qui a demandé à ne pas être identifié, raconte à l'AFP avoir entendu les premiers coups de feu. Deux ou trois détonations qui résonnent contre les immeubles qui encadrent le boulevard.
"J'étais à l'horodateur. Pour moi, ce sont des pétards, je me dis que c'est une manifestation", raconte-t-il à l'AFP. Il ne voit rien. Mais en retournant à son véhicule pour déposer son ticket de stationnement, il entend une nouvelle série de tirs. "J'entends quatre, cinq, six coups, cette fois c'est un peu plus important. Je ferme ma voiture, je regarde autour de moi. C'est à ce moment-là qu'on prend conscience que quelque chose ne va pas".
Il se réfugie dans des bureaux situés à quelques mètres. C'est lui qui prévient la personne à l'accueil. Puis c'est la panique à l'extérieur. "Les gens commencent à courir. Le personnel réagit bien, ferme portes et volets. On est resté cloîtré une heure et demie".
La police, arrivée rapidement sur les lieux, demande à tous les gens de rentrer, de s'éloigner des fenêtres, et aux commerçants de fermer leurs portes, explique le gérant d'un café situé sur le boulevard.
"En moins de 10 minutes, le quartier était bouclé", selon le premier témoin. "Je n'ai rien vu, seulement entendu. Mais ma meilleure amie l'a vu, le tireur, avec deux armes, elle était dans le bus", précise-t-il encore, toujours abasourdi plusieurs heures après les faits.
- Prise d'otage -
Le suspect, habillé de noir et baskets blanches, selon des images diffusées par la télévision RTL, a commencé par suivre deux policières. Il les agresse par l'arrière, les larde de coups de couteau. "Son objectif n'était pas de tuer dans une école mais de toucher des policiers", dira plus tard le chef de corps de la police de Liège Christian Beaupere.
"Il s'est ensuite emparé de leurs armes de services et s'en est servi (sur elles)", détaille le procureur de Liège Philippe Dulieu.
Il continue alors son parcours, et tire sur le passager d'un véhicule qui était garé non loin. Le jeune homme de 22 ans, qui devait obtenir son diplôme d'enseignant dans quelques semaines, est tué.
Le suspect prend alors la direction d'un complexe scolaire, l'Athénée Léonie de Waha, et prend en otage une employée. La police décide d'intervenir, il "fait une sortie", rapporte M. Dulieu.
Dans ses mains, les deux armes de poing des premières victimes, dont chaque chargeur contient 17 cartouches. Dans les quelques secondes que dure la scène, il a le temps de blesser quatre policiers, dont un membre du peloton anti-banditisme grièvement touché à l'artère fémorale, avant d'être abattu de plusieurs balles.
A midi, seuls des parents d'élèves franchissent les cordons policiers, entre tension, affolement et stupéfaction qu'un tel événement ait pu se produire. Sur le trottoir, un employé de l'école refuse de parler, "trop sous le choc".
- 'Rentrés par la fenêtre' -
"Tous les enfants vont bien. Ceux du primaire et de la maternelle n'ont rien vu et ont été évacués par la porte de derrière", indique Julie Fernandez, élue locale et députée fédérale, mais aussi mère d'un élève de 7 ans. Rassurée sur le sort de son fils, elle essaie d'aider les autres parents qui sont venus dans l'urgence.
Un des enfants a raconté à la RTBF qu'ils étaient en train de jouer au foot.
"Nous avons entendu un +boom+. C'était l'arme. Tous les profs ont dit: +Bougez, bougez !+. Nous sommes donc passés vers les locaux des plus petits, nous sommes rentrés par la fenêtre et nous sommes venus dans l'autre école", a-t-il expliqué. "Tout le monde pleurait. On ne se sentait pas bien", confie une petite fille au même média.
Le boulevard est fermé aux véhicules et aux piétons. En milieu d'après-midi, la pluie fait son apparition, rafraîchissant l'atmosphère, très lourde. Plusieurs riverains attendent de pouvoir rentrer chez eux. La police scientifique est encore en train de prendre des photos.
"Il y a une douille juste là", pointe du doigt un voisin qui attend depuis plusieurs heures. Il s'inquiète des deux victimes policières, préposées au stationnement.
"Mais oui, la petite blonde, je la voyais souvent", se désole une autre voisine en se prenant la tête dans les mains.
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