Aux Mondiaux du Rubik's Cube, quelques secondes et c'est gagné !
Rouge, jaune, rouge... Les doigts de Max Park tournent à toute vitesse sur le Rubik's Cube: le jeune homme a moins de six secondes pour résoudre le célèbre casse-tête et battre ses concurrents aux 9èmes championnats du monde, organisés pour la première fois en France.
Comme cet Américain de 15 ans, 1.100 compétiteurs du monde entier se sont affrontés pendant quatre jours lors de cette compétition qui se déroulait jusqu'à dimanche près de Paris, à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis).
Objectif de ces champions, ou "speedcubers": reconstituer le plus rapidement possible les faces colorées du cube dans l'une des 18 épreuves proposées, de la classique 3X3X3 (cube à trois tranches) gagnée par Max Park, à celle à une main, à l'aveugle ou même... avec les pieds !
Pour encourager les compétiteurs, des centaines de spectateurs, unis dans un silence religieux à peine troublé par de petits "clic clic, clic", caractéristiques des rotations du cube. Dans la salle, tout le monde retient son souffle, les yeux rivés sur le chronomètre. Il dépasse rarement les 10 secondes.
Le créateur du Rubik's, le professeur d'architecture hongrois Ernö Rubik, avait mis un mois pour résoudre son casse-tête en 1974. Mais depuis 2010, les stars de la discipline, qui apprennent de longues formules pour améliorer leurs rotations, ne cessent de faire baisser le compteur, comme Feliks Zemdegs, Australien de 21 ans, qui détient huit records mondiaux.
Oscar, un Danois de 24 ans, tourne et retourne son cube entre les doigts avant de s'asseoir à la table de compétition. "Pratiquer et pratiquer encore", voilà le secret de ce joueur, adepte depuis 2008 et qui s'apprête à disputer sa 5e finale mondiale en catégorie "Pyraminx" (cube en forme de pyramide).
"Je suis sur tous les podiums depuis 2009", glisse avec fierté le jeune homme, barbe et cheveux mi-longs.
A ses côtés, une autre "cubber", sweat aux couleurs du Danemark sur les épaules, l'assiste dans sa préparation: "je colle des petits aimants sur chaque pièce qui compose le cube pour qu'il soit plus stable et plus fluide", dit-elle à l'AFP.
- Lubrifiant et formules -
Chaque compétiteur à ses techniques.
Jolan, 16 ans, assure ainsi ne "plus pouvoir cubber sans avoir lubrifié" son cube. Il a aussi installé une application sur son téléphone pour répéter les combinaisons. Sur l'écran, une formule cryptique: "D2 F2 U2 R2 F' L2" : "D2 ça veut dire que je dois tourner deux fois la face du bas. F2, déplacer deux fois la face en face moi, et ainsi de suite" explique le lycéen qui vit à Lyon.
Démonstration: en à peine 25 secondes, son cube est parfaitement aligné.
"Un temps pas mal, mais qui ne vaut rien en compétition", soupire le jeune homme qui s'entraîne depuis septembre. Deux heures chaque jour, jusqu'à 4 à 5 heures le week-end.
"Après un creux, la pratique a connu un nouveau succès avec l'arrivée d'internet", raconte Olivier Gagneau, l'un des organisateurs de l'événement. Tutoriels sur Youtube, réseaux sociaux, une communauté de "speedcubers", âgés de 15 à 25 ans pour la plupart, a vu le jour.
Au point qu'après une pause de 20 ans, des championnats du monde sont à nouveau organisés en 2003 et ont lieu depuis tous les deux ans.
Aujourd'hui dans les compétitions, tout est homologué, du cube aux conditions d'éclairage.
"On a dû changer la lumière, deux-trois fois depuis le début de la compétition", souligne Jean-Louis Mathieu, délégué France de la World Cube Association. "Le repérage des couleurs est l'un des points essentiels d'une résolution rapide. Et fonction du reflet, des ombres qui peuvent se poser sur le cube, on peut être complètement perdus".
Avec les 43.252.003.274.489.856.000 (43 quintillions) possibilités de mélange du cube, on le serait à moins.
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