Avec Gemalto, Thales mise sur le numérique et de nouveaux marchés
Le rachat de Gemalto par Thales vise à créer un "leader mondial" dans le traitement et la protection des données, avec une offre complète de sécurisation de l'internet des objets (IoT), et à ouvrir à de nouveaux marchés pour le groupe technologique français, comme la voiture connectée.
Cette opération va "créer un leader dans la sécurité numérique et, du point de vue de Thales, accélérer notre propre transformation digitale", a déclaré Patrice Caine, le PDG de Thales, lors d'une conférence présentant le projet lundi.
"Nous sommes en train de rapprocher deux des plus grandes sociétés de technologies en Europe". "Dans le domaine de la connectivité, de l'IOT, et de la cybersécurité, la combinaison de Thales et Gemalto est tout à fait spectaculaire", a-t-il ajouté.
Thales a annoncé dimanche l'acquisition du numéro un mondial en difficulté des cartes SIM Gemalto, qui valorise ce dernier à environ 4,8 milliards d'euros. L'opération devrait être bouclée au deuxième semestre 2018, après le feu vert des différents autorités de la concurrence.
Il laisse sur le bord de la route le groupe Atos, dont l'offre se montait à 4,3 milliards d'euros au total, et qui a décidé de jeter l'éponge.
"C'est un vrai projet de croissance qui va nous permettre de créer beaucoup d'emplois", a fait valoir Philippe Vallée, le directeur général de Gemalto. Son groupe a lancé un plan social qui se traduira par 288 suppressions d'emplois fin novembre, qui n'est pas remis en cause par ce rapprochement.
Mais Thales, qui souligne avoir recruté 6.000 personnes dans le monde en 2017, va ouvrir ses bourses de l'emploi aux salariés concernés. Il s'est également engagé à préserver les effectifs dans les activités françaises de Gemalto au moins jusqu'à fin 2019.
En Bourse, l'annonce de l'opération a été saluée par les investisseurs. Le titre Thales a gagné 8,15% à la clôture, et Gemalto 5,62%.
Avec un chiffre d'affaires cumulé de l'ordre de 18 milliards d'euros, ils formeront ensemble le numéro deux mondial de la cybersécurité derrière l'américain Symantec.
Thales, qui est déjà présent dans le domaine de la cybersécurité, apportera ses actifs numériques. Il a effectué des acquisitions dans le domaine numérique au cours des trois dernières années, avec un investissement de l'ordre de 1 milliard d'euros.
- "une parfaite complémentarité" -
Quant à Gemalto, il "deviendra le bras armé de Thales dans la transformation digitale des clients des deux groupes dans des domaines comme l'aéronautique, le spatial, les transports, la défense et la sécurité", a expliqué Patrice Caine.
Il y a une "parfaite complémentarité des deux entreprises", a expliqué ce dernier. "C'est comme deux peignes qui s'emboitent parfaitement quand vous rapprochez les deux ensembles".
Selon les deux patrons, qui ont entamé leurs discussions informelles il y a plusieurs mois, la combinaison des deux créera un groupe unique capable de "couvrir toute la chaîne de sécurisation des IoT".
Patrice Caine a illustré le potentiel de ce rapprochement avec la gestion des drones dans la circulation aérienne. Selon lui, des centres de contrôle aérien automatisés seront nécessaires en raison de leur prolifération.
"Cela veut dire d'être capables d'identifier de manière numérique ces drones. C'est typiquement un des grands savoir-faire de Gemalto", a expliqué le patron du numéro un mondial du contrôle du trafic aérien. "Sans Gemalto, Thales est incapable de le faire."
Philippe Vallée a pour sa part avancé l'exemple de la sécurisation des connexions bancaires, avec une "identification silencieuse" qui permet d'en éviter le caractère fastidieux.
"Gemalto est très présent sur la partie identification, mais n'a pas les moyens d'avoir des outils de +machine learning+ (apprentissage automatique, ndlr). Or, Thales a ces technologies", a-t-il souligné.
Les deux groupes entendent également profiter de leur complémentarité pour s'ouvrir de nouveaux marchés, comme la voiture connectée.
Selon le directeur financier du groupe, Pascal Bouchiat, cette nouvelle unité devrait avoir un taux de croissance de 5% par an au cours des prochaines années. Cette opération est "relutive en termes de bénéfice net par action et de rentabilité des capitaux engagés", a-t-il assuré. Ensemble, les deux groupes tablent sur 100 à 150 millions d'euros de synergies en 2021.
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