Bettencourt : décision jeudi dans le procès de l'ex-majordome et cinq journalistes
La cour d'appel de Bordeaux rend jeudi sa décision dans le dossier des "écoutes" de l'affaire Bettencourt, où l'ex-majordome de Liliane Bettencourt et cinq journalistes sont poursuivis pour "atteinte à l'intimité de la vie privée".
Des amendes de principe ont été requises à l'encontre des six prévenus. En première instance, une relaxe générale avait été prononcée, mais le parquet de Bordeaux avait fait appel, contrairement à Liliane Bettencourt, 94 ans aujourd'hui et placée sous tutelle.
Son ex-majordome, Pascal Bonnefoy, 53 ans, était jugé pour avoir enregistré à l'insu de sa patronne des conversations privées entre 2009 et 2010 dans son hôtel particulier de Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine). Il avait remis les enregistrements à la fille de la milliardaire, Françoise-Bettencourt Meyers. Ils avaient ensuite été transmis à la police, puis publiés en partie dans Médiapart et Le Point.
Ces "écoutes" pirates, qui révélaient notamment la santé déclinante de la vieille dame, avaient servi à condamner l'entourage de l'héritière de L'Oréal pour "abus de faiblesse", en particulier le photographe François-Marie Banier. Ils avaient aussi révélé d'importantes fraudes fiscales et des immixtions politiques, transformant des soupçons d'abus de faiblesse en véritable affaire d'Etat.
A l'audience, Pascal Bonnefoy a assuré que c'était le seul moyen pour "protéger" sa patronne et faire "comprendre son état de vulnérabilité". En première instance, le tribunal avait estimé qu'il n'avait "à aucun moment bénéficié des enregistrements" et que son "acte socialement utile" répondait à la "nécessité de protéger" Mme Bettencourt.
Les journalistes - Fabrice Lhomme et Fabrice Arfi, travaillant alors tous deux pour Mediapart, Hervé Gattegno, à l'époque journaliste au Point, ainsi que les directeurs de publication des deux médias, Edwy Plenel et Franz-Olivier Giesbert - poursuivis pour "détention et diffusion de documents portant atteinte à l'intimité de la vie privée" avaient eux aussi bénéficié d'une relaxe.
Le tribunal avait "retenu le caractère sérieux du travail d'enquête et de tri parmi les informations d'ordre privé et celles relevant de l'intérêt général" effectué par les journalistes. En appel, ces derniers ont à nouveau plaidé "l'utilité démocratique" des transcriptions au nom de "l'intérêt général".
Dans cette affaire aux multiples tiroirs, Pascal Bonnefoy n'en a pas fini avec la justice. Une procédure pour "atteinte à l'intimité de la vie privée" après une plainte, cette fois, de François-Marie Banier, est toujours pendante à Bordeaux.
A Paris, le parquet a requis un non-lieu général dans la procédure pour subornation de témoin dans laquelle Françoise Bettencourt Meyers a été mise en examen, soupçonnée d'avoir accordé un prêt à l'ex-comptable de sa mère, Claire Thibout, témoin-clé de l'accusation dans le dossier d'abus de faiblesse.
Quelques mois avant ces réquisitions, François-Marie Banier et Françoise Bettencourt-Meyers ont toutefois passé un "accord" pour mettre un terme à leurs "litiges". Il revient désormais au juge d'instruction d'ordonner un procès ou de prononcer un non-lieu.
L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.
Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.
Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.
Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.