Centres dentaires low cost Dentexia : trois premières mises en examen dont celle du fondateur
Près de trois ans après les premières plaintes, l’enquête sur les pratiques douteuses des centres dentaires low cost Dentexia, aujourd'hui liquidés, a connu une importante avancée avec trois premières mises en examen, dont celle pour "tromperie aggravée" de son fondateur désormais en détention provisoire.
Des plaintes en cascade de patients mal soignés ou abandonnés en cours de traitement avaient conduit en juillet 2016 à l'ouverture à Paris d'une information judiciaire confiée à des juges d'instruction spécialisés. A ce jour, l'enquête cumule 1.553 plaintes de patients qui demandent réparation.
Après deux ans d'investigations, les magistrats ont procédé aux premières mises en examen, dont celle jeudi du fondateur de cette chaîne, Pascal Steichen, un ancien consultant.
Désormais en détention provisoire, il se voit reprocher plusieurs infractions: "pratique commerciale trompeuse", "tromperie aggravée", "blanchiment en bande organisée", "banqueroute", "abus de confiance", "abus de biens sociaux", "fraude fiscale" et "escroquerie en bande en organisée", a détaillé une source judiciaire.
Egalement dans le viseur, son épouse a été mise en examen jeudi, notamment pour recels d'escroquerie en bande organisée et de banqueroute.
Le trésorier de Dentexia a quant a lui été mis en examen vendredi notamment pour "tromperie aggravée", "pratique commerciale trompeuse", "blanchiment en bande organisée", "fraude fiscale", "escroquerie en bande organisée" et complicité de banqueroute. Ils ont tous les deux été placés sous contrôle judiciaire.
Dentexia, dont le siège se trouvait à Aix-en-Provence, a été créée par Pascal Steichen, sous la forme d'une association à laquelle étaient rattachés des centres comme à Paris, Colombes (Hauts-de-Seine), Lyon, Vaulx-en-Velin (Rhône) ou Châlon-sur-Saône (Saône-et-Loire).
Son concept: salarier les dentistes, les concentrer sur les soins grâce à l'emploi en nombre d'assistants et rationaliser les actes, en regroupant notamment en un seul rendez-vous ce qui pourrait être fait en plusieurs.
- "Piégés" -
Plusieurs centres avaient fermé pour des raisons sanitaires et la justice avait prononcé en mars 2016 la liquidation de l'association Dentexia, en évoquant une organisation "mercantile".
Lundi, quatre anciens dentistes du réseau Dentexia ont comparu à Dijon à une audience disciplinaire devant le conseil de l'Ordre des chirurgiens-dentistes de Saône-et-Loire. L'instance leur reproche notamment des atteintes à la santé des patients et à la déontologie, évoquant des cas de "mutilation", de "sur-traitements" ou encore un "manque d'explication" des actes pratiqués. Les praticiens encourent une sanction pouvant aller de l'avertissement à la radiation.
"Des centaines de patients ont été laissés à l'abandon, la plupart en cours de soins, et se sont retrouvés piégés car ils avaient payé par avance leurs travaux dentaires, sur leurs fonds propres ou par le biais de crédits", dénonce sur son site internet le Collectif contre Dentexia, qui regroupe quelque 2.900 victimes de ces centres dentaires à bas coût.
L'enquête menée à Paris porte à la fois sur les conditions dans lesquelles ce modèle économique s'est effondré et sur les défauts dans les soins. Les enquêteurs ont mené 17 perquisitions et leurs investigations vont se poursuivre.
L'information judiciaire a été ouverte pour pratique commerciale trompeuse, tromperie aggravée, exercice illégal de la profession de chirurgien-dentiste, violences suivies de mutilation ou infirmité permanente, blessures involontaires, escroquerie en bande organisée, abus de confiance, banqueroute et blanchiment. Elle associe des magistrats du pôle de santé publique et de la Juridiction interrégionale spécialisée (JIRS) de Paris, compétente en matière de criminalité organisée.
L'affaire Dentexia avait préoccupé l'ancien gouvernement, dont la ministre de la Santé d'alors Marisol Touraine qui avait annoncé en 2016 le déblocage d'une "aide financière" pour les victimes et avait demandé aux agences régionales de santé (ARS) d'adapter l'accueil pour la prise en charge des patients. La ministre avait également saisi l'Inspection générale des affaires sociales (Igas).
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