Kohler : Rien ne se perd tout se transforme… De la mise en examen à la salle des coffres


Et ça continue... dans l’entre-soi nous sommes les champions, et peu importe la situation judiciaire.
Le directeur général de la Société Générale Slawomir Krupa va nommer Alexis Kohler, collaborateur historique d'Emmanuel Macron, Devenu trop embarrassant au palais et faisant l’objet d’accusations et de poursuites judiciaires principalement liées à des soupçons de prise illégale d’intérêts en raison de ses liens familiaux avec l’armateur italo-suisse MSC, pour l'aider à mener la transformation du groupe bancaire.
La banque a annoncé vendredi qu'Alexis Kohler, secrétaire général de l'Elysée depuis huit ans et mis en examen, rejoindra le groupe "en juin" comme directeur général adjoint.
Kohler sera membre du comité exécutif au côté notamment du directeur général délégué Pierre Palmieri, et au même niveau que la directrice générale adjointe Lubomira Rochet, chargée des activités de l'activité de la banque de détail en France, de la banque privée et des assurances.
Le nouveau dirigeant aura pour fonction d'assister M. Krupa "dans la mise en œuvre des programmes de transformation de l'entreprise", engagée dans un vaste programme de restructurations et d'économies.
Slawomir Krupa mène, depuis son arrivée à la tête de la banque en mai 2023, plusieurs chantiers, avec la vente des filiales jugées moins rentables et une chasse aux coûts pour laquelle "rien n'est sacré", comme il l'a déclaré début mars au Financial Times.
Alexis Kohler sera notamment président de la banque d'investissement de la Société Générale. A ce titre, "il coordonnera de façon globale les activités de fusions et acquisitions, de marché des capitaux actions et de financements d'acquisitions ainsi que les équipes chargées des relations clients", selon le communiqué du groupe bancaire.
Il supervisera aussi le secrétariat général, la direction des ressources humaines et la direction de la communication du groupe.
Kohler "apportera au groupe son talent, sa grande expérience et son engagement exceptionnel", a commenté Slawomir Krupa, cité dans le communiqué. Mais certainement pas une grande probité. D'ailleurs, en a-t-on vraiment besoin dans cette banque quelque peu tumultueuse depuis l’affaire Kerviel ?
- "Vice-président" -
Il arrive dans un établissement au climat social troublé, l'ensemble des syndicats de la Société Générale ayant appelé à une journée de grève mardi, pour la première fois depuis l'arrivée de Slawomir Krupa, après l'échec en fin d'année dernière des négociations annuelles obligatoires sur la rémunération.
Le départ d'Alexis Kohler de l'Elysée, où il était arrivé en même temps qu'Emmanuel Macron lors de son premier quinquennat en 2017, avait été officialisé jeudi.
"Alexis Kohler a mis toute son énergie, son talent et sa force de travail hors pair au service de notre projet politique et des Français", lui avait rendu hommage Emmanuel Macron jeudi, dans une déclaration au Figaro.
Le départ de celui qui portait également le surnom de "vice-président" solde une série de spéculations sur son avenir qui s'étaient amplifiées depuis la fin février.
Il marque un tournant majeur dans la présidence Macron, tant la longévité et le pouvoir qu'on a prêtés à Alexis Kohler apparaissent hors du commun : dans la prestigieuse liste de ses prédécesseurs, seul Jean-Louis Bianco - neuf ans auprès de François Mitterrand - est resté plus longtemps à ce poste stratégique.
Celui qui fêtera ses 53 ans en novembre avait secondé Emmanuel Macron depuis son entrée en politique, en tant que directeur de cabinet au ministère de l'Economie (2014-2016), après avoir été celui de Pierre Moscovici.
- Dossiers judiciaires -
Emmanuel Moulin, ancien directeur du Trésor puis directeur de cabinet de Gabriel Attal lorsqu'il était Premier ministre, lui succédera le 14 avril, a annoncé l'Elysée, confirmant une information initialement dévoilée par Le Figaro.
Alexis Kohler arrive cependant dans le privé avec plusieurs dossiers judiciaires en suspens. Il a été mis en examen en 2022 pour prise illégale d'intérêts, soupçonné d'avoir participé comme haut fonctionnaire de 2009 à 2016 à plusieurs décisions relatives à l'armateur italo-suisse MSC, fondé et dirigé par les cousins de sa mère, la famille Aponte.
La cour d'appel de Paris a estimé fin novembre que les faits n'étaient pas prescrits, faisant valoir qu'"un pacte de silence" avait permis au secrétaire général de l'Élysée de dissimuler ce lien familial. Lui, assure n'avoir "jamais considéré être en situation de conflit d'intérêts".
Kohler est également visé par une enquête du parquet national financier pour des soupçons de "trafic d'influence" autour de la fusion Veolia-Suez.
Il a en outre refusé de se rendre début février devant une commission d'enquête parlementaire sur le dérapage budgétaire, invoquant successivement des problèmes d'agenda, puis "le principe de séparation des pouvoirs".
Le député Eric Coquerel (LFI) a saisi le procureur de la République début mars pour demander des poursuites contre M. Kohler, à la suite de ce refus.
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