Collomb veut reprendre sa part de Lyon

Auteur:
 
Par Pierre PRATABUY - Lyon (AFP)
Publié le 18 septembre 2018 - 10:39
Image
Gérard Collomb, photographié en août 2018 à Paris
Crédits
© JOEL SAGET / AFP/Archives
Gérard Collomb, photographié en août 2018 à Paris
© JOEL SAGET / AFP/Archives

Reviendra, reviendra pas... Les paris étaient ouverts à Lyon depuis son entrée au gouvernement. Seize mois plus tard, les jeux sont faits: Gérard Collomb briguera bien en 2020, l'année de ses 73 ans, un quatrième mandat dans "sa" ville. Celui de trop ?

Son annonce mardi dans le magazine L'Express n'étonne guère dans le landerneau politique lyonnais.

"C'est tout sauf une surprise. C'est l'épilogue laborieux d'un faux suspense entretenu depuis un an", tacle-t-on dans l'entourage d'Étienne Blanc, bras droit de Laurent Wauquiez à la région, pressenti pour mener la liste LR aux prochaines municipales.

"Il était inimaginable que Collomb parte sur la pointe des pieds en murmurant qu'il passait la main", estime l'un de ses anciens chefs de cabinet. Et l'âge ? "Il a souvent rappelé celui de Raymond Barre (71 ans, ndlr) quand il a été élu maire, sans que les Lyonnais y trouvent à redire. Et il dit rarement les choses au hasard."

N'empêche, en lançant dès juin une association électorale, le ministre de l'Intérieur a voulu "prendre un temps d'avance", comme s'il craignait d'être distancé sur ses terres où il est pourtant souvent revenu depuis sa prise de fonctions à Paris.

Il y a deux ans, celui qui conquit la mairie et le Grand Lyon en 2001, avant d'être réélu facilement en 2008 et 2014, avait préparé la suite: en 2020, il viserait la métropole, son lieutenant David Kimelfeld la mairie, la loi interdisant désormais de cumuler les deux.

Mais l'élection d'Emmanuel Macron, en le propulsant place Beauvau, a précipité l'arrivée de M. Kimelfeld à la tête de l'agglomération. Avec le risque de le voir garder les clés, comme Louis Pradel - promu maire de Lyon à la place d'un ministre de Guy Mollet - à la succession de l'inamovible Edouard Herriot.

M. Kimelfeld, ancien premier fédéral du PS passé chez LREM dans le sillage de M. Collomb, l'a dit et répété: si l'envie prenait au ministre de retrouver son fauteuil lyonnais avant 2020, il n'aurait "aucune raison" de le garder.

Mais il lui aura suffi, au printemps, de recevoir à déjeuner Jean-François Debat, chef de file de l'opposition socialiste régionale et ex-trésorier de Solférino, pour alimenter les rumeurs d'émancipation et conduire M. Collomb à rappeler qui était le patron: sa double candidature devrait brider les ambitions, même s'il lui faudra choisir, in fine, entre ville et métropole.

- "Rien n'est acquis" -

"Il y aura des discussions" à ce sujet, a réagi mardi M. Kimelfeld. "Franchement, on est à 18 mois des élections et c'est pas l'urgence", a ajouté celui pour qui "l'important, ce n'est pas de savoir si c'est Pierre, Paul, Jacques ou Joséphine qui sera à la tête de la métropole". Mais plutôt de savoir qui pourra le plus fédérer autour de lui.

En revenant après les européennes de 2019, "Gégé", comme on le surnomme entre Rhône et Saône, devrait "entrer directement en campagne, d'autant que ce n'est pas la configuration de la dernière fois, où il n'y avait pas de compétition", estime une élue locale.

Outre la candidature officieuse de M. Blanc, le maire PS de Villeurbanne, Jean-Paul Bret, pourrait se lancer dans l'agglomération. Mais c'est surtout le nouveau mode de scrutin métropolitain qui change la donne.

Jusqu'alors, les 59 communes adhérentes étaient toutes représentées par au moins un élu, généralement leur maire. Pour 2020, le territoire a été découpé en 14 circonscriptions qui ne leur garantissent plus automatiquement un siège dans l'hémicycle. De quoi les mettre en rogne.

Lundi dans le quotidien régional Le Progrès, l'actuel premier vice-président de la métropole, Marc Grivel, chef de file des "petits maires" des prospères communes des Monts-d'Or et du Val-de-Saône auxquels Gérard Collomb doit sa majorité depuis 2001, a répondu "non", par avance, à la question d'un nouvel accord avec lui, faute d'avoir pu obtenir une réforme du scrutin.

"Rien n'est jamais acquis", admet le ministre, qui compte ratisser large pour l'emporter, "du PS à la droite républicaine en passant par le centre".

Dans cette campagne à venir, quel sera le rôle de Caroline Collomb, référente locale de LREM ? "Des fables", répond son époux à ceux qui en font la prochaine baronne de Lyon. "Mais elle sera sans doute sur la liste."

L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.

Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement  car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.

Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.

Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.

Je fais un don à France-Soir

Dessin de la semaine

Portrait craché

Image
ARA
Décès de ARA, Alain Renaudin, dessinateur de France-Soir
Il était avant toute chose notre ami… avant même d’être ce joyeux gribouilleur comme je l’appelais, qui avec ce talent magnifique croquait à la demande l’actualité, ou...
07 novembre 2024 - 22:25
Portraits
Soutenez l'indépendance de FS

Faites un don

Nous n'avons pas pu confirmer votre inscription.
Votre inscription à la Newsletter hebdomadaire de France-Soir est confirmée.

La newsletter France-Soir

En vous inscrivant, vous autorisez France-Soir à vous contacter par e-mail.