L'industrie chimique se sert de la "science" pour empêcher l'interdiction des PFAS

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France-Soir
Publié le 21 janvier 2025 - 13:05
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L'usine 3M lors d'une installation pilote pour la purification des PFAS, sur le chantier Oosterweel,
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BELGA/AFP/Archives - NICOLAS MAETERLINCK
L'usine 3M lors d'une installation pilote pour la purification des PFAS, sur le chantier Oosterweel, en Belgique.
BELGA/AFP/Archives - NICOLAS MAETERLINCK

Derrière un article scientifique soi-disant impartial et financé par les lobbys, l’industrie chimique orchestre une manipulation pour faire échouer l’interdiction des PFAS en Europe. Un exemple frappant de la façon dont la science peut être instrumentalisée pour servir des intérêts industriels.

Dans le cadre de leur enquête Forever Lobbying Project, Le Monde et ses partenaires se sont intéressés à un article particulièrement pompeux intitulés "Regroupement des PFAS pour l’évaluation des risques pour la santé humaine", rédigé par "un panel d'experts indépendants".

Publié en 2022, il a été utilisé et cité à maintes reprises par les lobbys pour s’opposer à l’interdiction des PFAS (polluants éternels) en Europe. Ce groupe de produits chimiques toxiques, largement présents dans l’environnement, est au cœur de l’actualité parce qu'il empoisonne presque tout le monde, notamment à travers l'eau courante. Et derrière la façade scientifique de cet article, il y a un design bien plus cynique : celui d’une manipulation, financée par l’American Chemistry Council (ACC), visant à semer le doute sur l’évaluation des risques pour la santé humaine.

Cet article, censé analyser les risques des PFAS, se fait fort d'une méthodologie contestée. Non seulement la majorité des experts impliqués sont liés à l’industrie chimique, mais la source de financement ne devient évidente que bien tard dans l’étude. Des voix dissidentes, comme celles du chimiste Ian Cousins ou de la toxicologue Jamie DeWitt, pointent les biais de cette pseudo-expertise, manipulée pour défendre les intérêts des producteurs de PFAS. Le Monde révèle l’ampleur du réseau d’influence mis en place pour éviter toute interdiction.

Au-delà de ce cas précis, ce phénomène de "science à la carte" montre bien que des panels d’experts sont soigneusement sélectionnés pour leur capacité à distordre la réalité scientifique. David Michaels, professeur en santé publique, qualifie cette méthode de fabrication délibérée de l'incertitude scientifique, une stratégie qui pervertit les débats publics et empêche des décisions politiques éclairées. Osons le dire : ce n'est pas la première fois qu'on le voit...

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