Coronavirus : élèves et familles face à l'enseignement à distance
Un seul ordinateur à la maison pour quatre, enfants chez les grands-parents... Les familles concernées par les fermetures d'établissements scolaires liées à l'épidémie du nouveau coronavirus se débrouillent tant bien que mal avec la mise en place de l'enseignement à distance.
Elisa, 17 ans, qui habite à Montmacq (Oise), est en première dans un lycée de Noyon. Elle fait partie des 165.000 élèves qui n'iront pas en cours pendant au moins deux semaines dans ce département, l'un des principaux foyers de contamination.
"Pour le moment, je n'ai reçu dans l'ENT (espace numérique de travail) qu'un seul devoir en biologie. Je dois le rendre par email à ma prof, qui va le corriger. J'attends d'autres cours, mais je n'ai encore rien reçu, les profs n'ont pas eu le temps", explique-t-elle à l'AFP lundi matin.
Matéo, 18 ans, scolarisé dans l'une des neuf communes de l'Oise qui n'ont pas repris au retour des vacances, a cours à distance depuis une semaine.
"C’est compliqué de toute faire à distance, d’être enfermé. Cela donne moins envie de travailler. On a l’impression d’être plus à la maison qu’en cours", témoigne l’étudiant en BTS à Nogent-sur-Oise. "J’ai hâte que tout cela se finisse, je préfère le contact que les échanges avec les professeurs par mail".
Au total, plus de 300.000 élèves sur les 12 millions scolarisés en France, de la maternelle au lycée, sont concernés par la fermeture de ces établissements. Pour assurer la continuité pédagogique, le ministère de l'Education nationale a prévu des dispositifs d'enseignement à distance, dans l'Oise, le Haut-Rhin et Ajaccio.
"Ma femme est en arrêt maternité, donc elle est à la maison et s'occupe des cours. On fait un roulement car nous n'avons qu'un ordinateur. C'est un peu compliqué, car la charge de travail est très importante pour le grand et il faut ajouter celles des trois autres", raconte Nicolas, père de quatre enfants inscrits dans trois communes différentes de l'Oise.
- "Ca tâtonne" -
En Corse, à Ajaccio, considéré comme un nouveau foyer de contamination, la fermeture des établissements scolaires, décidée dimanche soir, concerne environ 10.000 élèves.
A l'école maternelle Sœur Alphonse, dans la citadelle, Aurélie Canetti, responsable du périscolaire se dit "un petit peu inquiète, comme tout le monde, parce que ça arrive un peu vite".
"Nous allons contacter tous les parents par mail et vraisemblablement leur donner les codes d'accès à la plateforme école du Cned", explique la directrice Marie-Ange Ciccada, de l'école primaire voisine Forcioli Conti. "On va assurer une permanence téléphonique sur notre temps de travail".
Dans le Haut-Rhin, le préfet avait d'abord annoncé qu'une centaine d'écoles allait être fermées, mais c'est finalement l'ensemble des établissements scolaires qui n'accueillent pas d'élèves.
"Vendredi, c'était une journée de chaos", juge Florence Claudepierre, présidente de la FCPE Haut-Rhin et mère d'une fille en terminale à Mulhouse. "Pour l'instant, ça tâtonne, je dis aux parents +pas de pression, il faut se laisser un jour ou deux+".
Eric, 35 ans, qui travaille dans le secteur de l'énergie dans le Haut-Rhin, "a préféré mettre les enfants (de deux ans et demi et cinq ans et demi) chez (ses) parents en attendant que ce soit plus clair", faute de pouvoir les garder avec son épouse, orthophoniste.
Jessy Koch, mère de trois filles, peut rester chez elle. "Les grandes (en terminale) font les cours sur +Mon bureau numérique+ toutes seules. Pour la petite (6e), on a décidé que le matin, ce serait musique et devoirs, et l'après-midi, c'est vacances", explique cette musicienne à l'orchestre symphonique de Mulhouse.
Sa fille Mathilde, 17 ans, a reçu un mail de chaque enseignant "avec ce qu'il fallait qu'on fasse", et relativise: "ça peut être un peu énervant avec le bac qui arrive, mais cela ne m'inquiète pas du tout. Quinze jours, ce n'est pas un drame".
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