La Fashion Week de New York s'ouvre dans un climat d'incertitude
La Fashion Week s'ouvre ce jeudi 11 février à New York, avec sa frénésie habituelle de défilés et une question qui la hante désormais: comment rester pertinente dans un monde où les réseaux sociaux sont omniprésents et où les clients veulent tout, tout de suite.
Traditionnellement, les designers ont toujours présenté leur collection avec six mois d'avance: la semaine de la mode qui s'ouvre ce jeudi présente ainsi les collections automne hiver 2016-2017 à un public trié sur le volet, d'acheteurs, journalistes, invités, blogueuses et célébrités. Ces collections ne seront en vente que dans quelques mois. Mais à l'heure d'Instagram et autres réseaux sociaux, la patience n'est plus de mise. Plusieurs marques ont récemment fait savoir qu'elles présenteraient des collections de saison, et non plus décalées, immédiatement disponibles à l'achat.
La designer Rebecca Minkoff va ainsi présenter dimanche 14 sa collection printemps-été 2016. "Tout ce que vous verrez sur le podium sera disponible immédiatement ou au maximum dans les 60 jours", a-t-elle expliqué dans une vidéo sur YouTube. "L'image ne s'usera pas, vous n'en aurez pas marre de cette veste que vous voyez sur tous les comptes Instagram et les sites internet". Et vous achèterez "le vrai produit, pas une copie faite avant même que j'ai pu le faire moi-même". Le créateur Tom Ford fera de même en septembre prochain et ne présente rien en février.
A Londres, le groupe de luxe Burberry a aussi annoncé qu'il allait à partir de septembre prochain mettre ses nouvelles collections en vente immédiatement, après deux défilés qui ne différencieront plus les saisons.
Le Conseil des créateurs de mode américains (CFDA), également propriétaire du calendrier de la Fashion Week, réfléchit depuis plusieurs mois à un nouveau modèle, estimant le système actuel "inopérant": il a demandé en décembre une étude sur le sujet à un cabinet de consultants, dont les conclusions sont attendues dans les prochaines semaines. "Les créateurs, les distributeurs et les éditeurs s'interrogent depuis un certain temps sur la pertinence de la Fashion Week dans son format actuel", a expliqué Steven Kolb, le PDG du CFDA. D'autant que les murs de la Fashion Week craquent aussi sous la poussée des célébrités qui font de la mode un spectacle.
Le rappeur Kanye West doit ainsi présenter sa troisième collection Yeezy au Madison Square Garden ce jeudi après-midi, conjuguée à la sortie mondiale de son nouvel album. Les 18.000 places sont payantes, initialement de 50 à 135 dollars, et le public, qui n'a habituellement pas accès aux défilés de mode, est plus que bienvenu. Le spectacle sera aussi retransmis dans 700 salles de cinéma, dans 23 pays. Parmi les autres célébrités à se produire à la Fashion Week, la chanteuse Rihanna, qui doit aussi présenter sa collection Puma vendredi 12 au soir.
La question de l'accès du public à la Fashion Week avait déjà été posée en septembre dernier, quand Givenchy avait décidé d'accepter, en plus des invités traditionnels, 800 membres du public choisis par tirage au sort.
Au total, 147 designers sont au programme officiel de la semaine de la mode new-yorkaise, pour 97 défilés et 50 présentations. D'autres créateurs présentent leur ligne de façon indépendante.
Ce jeudi, c'est le duo new-yorkais Nicholas K, des frère et soeur Christopher et Nicholas Kunz, qui comme à son habitude donnera le coup d'envoi officiel de la semaine, suivi de BCBG, Brock Collection, Creatures of the Wind, Pas de Calais et Ulla Johnson notamment.
Vendredi, Tadashi Shoji, Zimmermann, Jason Wu, Cushnie et Ochs et la Française Sophie Theallet sont au programme, avant un week-end toujours très chargé, avec Lacoste, Hervé Leger, Alexander Wang, Altuzarra, Victoria Beckham, Public School, Diane Von Furstenberg, Prabal Gurung et Opening Ceremony.
Viendront ensuite plus tard dans la semaine Tommy Hilfiger, Zac Posen, Vera Wang, Oscar de la Renta, Ralph Lauren, Calvin Klein, J Mendel et Marc Jacobs.
À LIRE AUSSI
L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.
Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.
Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.
Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.