"Bienvenue à Suburbicon" : le polar grinçant de George Clooney (vidéo)
Deux histoires pour le prix d'une. Un polar sombre et grinçant et un portrait de l'Amérique raciste des années 50: George Clooney développe en parallèle deux récits différents dans son sixième film comme réalisateur, Bienvenue à Suburbicon, qui sort ce mercredi 6 sur les écrans français.
Suburbicon est le nom d'une petite ville résidentielle américaine de la fin des années 50 où s'alignent de petites maisons aux pelouses impeccables, habitées par des familles blanches de la classe moyenne. Un jour, les habitants sont surpris de voir débarquer une famille noire dans l'une des villas, les Mayers, un couple avec un jeune garçon de 10 ans.
Chez les voisins de ces nouveaux arrivants, les Lodge, c'est un autre événement qui va survenir, dramatique celui-ci: deux hommes de main de la mafia locale débarquent un soir et cambriolent la maison, après avoir ligoté et endormi au chloroforme le père, Gardner (Matt Damon), la mère, Rose (Julianne Moore), paralysée des jambes, et leur fils de 10 ans.
Dans l'histoire, Rose meurt d'une overdose de chloroforme et Gardner, désormais seul avec son fils, reçoit l'aide de sa belle-sœur, Margaret, la sœur jumelle de Rose. Il reçoit également de nouvelles menaces de ses agresseurs, mais décide de ne pas se laisser faire. Il prend des mesures radicales dont, rapidement, il ne va plus maîtriser les conséquences…
Et pendant ce temps-là, dans la maison d'à côté, les Mayers subissent de la part des habitants du coin des railleries et brimades –qui, elles aussi, vont bientôt dégénérer…
L'histoire policière est tiré d'un vieux scénario des frères Coen, datant de 1999, que George Clooney a décidé d'adapter en s'inspirant de deux de leurs films: "Il s’agissait d’un thriller humoristique aux thèmes proches de ceux de Fargo et de Burn After Reading: des personnages malchanceux qui prennent de très mauvaises décisions. On s’est dit qu’on voulait faire un film un peu moins comique et beaucoup plus incisif".
Il y a donc ajouté, en toile de fond, une seconde histoire tirée, elle, d'un documentaire racontant comment, en 1957 en Pennsylvanie, des Blancs s'étaient opposés à l'installation d'une famille noire dans leur quartier. Trait d'union des deux histoires et petit éclair d'optimisme dans l'atmosphère sombre du film: les deux petits garçons des deux familles, les Mayers et les Lodge, qui jouent régulièrement ensemble.
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Au début du film, le mélange des genres n'est pas toujours réussi, et les personnages manquent de finesse. Le rythme est lent, on se sait pas trop où le réalisateur veut en venir, on ne comprend pas laquelle des deux histoires va donner son sens au film.
Mais, en bon élève des frères Coen (qui l'ont dirigé dans plusieurs de leurs films, dont récemment Ave, César!), George Clooney accélère ensuite et tout part dans tous les sens, le suspense se mêlant à l'humour noir dans un tourbillon de rebondissements, de scènes loufoques, de mensonges, de trahisons, de violence.
On savoure ainsi un Matt Damon qui fait évoluer son personnage vers une vraie méchanceté insoupçonnée, Julianne Moore se régale dans un double rôle de jumelles presque opposées, et l'apparition d'Oscar Isaac (actuellement à l'affiche de La promesse), en détective moustachu et retors, finit de donner au film une folie qu'on n'imaginait pas au début.
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