Oscars 2016 : George Clooney et d'autres s'élèvent contre le manque de diversité
Pour la seconde année consécutive, les professionnels d'Hollywood inscrits à l'Académie des arts et sciences du cinéma (AMPAS) qui ont voté pour établir les nominations aux Oscars n’ont pas sélectionné d’acteurs ou de réalisateurs noirs. Aussi, cette année encore, de nombreux artistes s'insurgent contre le manque de diversité aux Oscars. Furieux, le réalisateur noir Spike Lee a annoncé qu'il boycotterait la cérémonie, qui se tiendra le 28 février prochain à Los Angeles.
"Comment est-il possible que pour la deuxième année consécutive, la totalité des 20 nominés dans la catégorie des acteurs soient des blancs? Et ne parlons pas des autres catégories", a écrit sur le réalisateur sur Instagram, accompagnant son message du hashtag #OscarsSoWhite. "Quarante acteurs blancs en deux ans et aucun de couleur", fait remarquer celui qui a reçu un Oscar d'honneur en novembre dernier.
Une position partagée par Jada Pinkett Smith, la femme de Will Smith, qui a écrit sur Facebook et Twitter: "Aux Oscars, les personnes de couleur sont toujours les bienvenues pour remettre des récompenses, mais nous sommes rarement reconnues pour notre talent". Et de poursuivre: "Peut-être que les acteurs de couleur devraient tous refuser de participer à la cérémonie? Les gens ne peuvent nous traiter de la sorte que si nous les laissons faire".
Le 18 janvier, la belle est allée jusqu'à publier une vidéo invitant les acteurs noirs à boycotter la cérémonie la plus prestigieuse du cinéma mondial. "Je ne peux m'empêcher de poser la question: n'est-il pas temps que les personnes de couleur reconnaissent combien de pouvoir, d'influence nous avons gagnés, tant et si bien que nous n'avons plus besoin de réclamer pour être invités où que ce soit? Je pose la question: ne sommes-nous pas enfin arrivés à l'ère où nous reconnaissons que nous n'avons plus à réclamer l'amour, la reconnaissance et le respect de n'importe quel groupe de personnes? Peut-être est-il temps que nous admettions que nous nous aimons, nous reconnaissons et nous respectons de la façon dont nous demandons aux autres de le faire", déclarait-elle.
L'actrice afro-américaine Lupita Nyong’o, qui a réçu l'Oscar du meilleur second rôle féminin en 2014 pour sa performance dans Twelve Years A Slave, s'est elle aussi énervée sur la question sur Instagram. "Je suis déçue du manque de diversité dans les nominations de cette année. Je soutiens mes collègues qui appellent au changement", a-t-elle écrit, ajoutant une phrase de l'écrivain et poète noir américain James Baldwin: "On ne peut pas changer tout ce à quoi on fait face. Mais rien ne peut être changé si on n’y fait pas face".
Dernier artiste en date à s'exprimer sur le sujet: George Clooney. "Si on revient dix ans en arrière, l’Académie faisait un meilleur boulot. Repensez à combien d’autres Afro-Américains étaient nominés", a-t-il déclaré dans le magazine Variety. "Le problème n’est pas tant qui vous choisissez, mais combien d’options sont disponibles pour les minorités dans les films, particulièrement de qualité?, a-t-il poursuivi avant de donner des exemples de films ou d'acteurs qui auraient pu être nommés cette année. "Il y a des nominations qui sont restées sous la table. Creed aurait pu être nommé, Seul contre tous aurait pu être nommé pour Will Smith, Idris Elba aurait pu être nommé pour Beast of No Nation, et Straight Outta Compton aurait pu être nommé (…). Et aussi, je pense que c’était ridicule de ne pas nominer Ava DuVernay (la réalisatrice de Selma, NDLR) l’année dernière". Quant aux Hispaniques, "c'est encore pire", conclut le héros d'Ocean's Eleven.
La présidente de l'Académie elle-même s'est dit "frustrée par le manque de diversité". "Le changement n’est pas aussi rapide qu’on le voudrait", a expliqué Cheryl Boone Isaac, elle-même également afro-américaine, dans un communiqué. Et de conclure: "Nous reconnaissons les préoccupations de notre communauté et j’apprécie que vous soyez venus vers moi dans une volonté d’aller de l’avant tous ensemble". Un message de réconciliation qui ne suffira sans doute pas à Jada Pinkett Smith et Spike Lee.
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