Festival de Cannes : les 19 films en compétition pour la Palme d'or (DIAPORAMA)
Pas moins de cinq films français (un record) et trois italiens figurent parmi les 19 candidats à la Palme d'or du 68e Festival de Cannes. Les Américains sont plutôt discrets cette année, tandis que le cinéma asiatique maintient une présence désormais constante depuis quelques années. Voici ces 19 films que visionnera le jury, présidé cette année par les réalisateurs américains Joel et Ethan Coen.
> Carol, de Todd Haynes (Etats-Unis), avec Cate Blanchett et Rooney Mara (dimanche 17 mai).
Dans le New York des années 1950, Carol, une riche mère de famille (Cate Blanchett) malheureuse en ménage, fait la rencontre de Thérèse (Rooney Mara) jeune employée d’un grand magasin de Manthattan. Une folle idée s’empare des deux femmes, que tout semble opposer, et les voilà parties dans un road trip à travers l’Amérique qui va les rapprocher inexorablement. Elles se retrouvent alors déchirées entre les conventions sociales de l’époque et leur attirance mutuelle dévorante. Cette adaptation du roman éponyme de Patricia Highsmith signe le grand retour à Cannes de Todd Haynes, primé en 1989 pour Velvet Goldmine.
> Chronic, de Michel Franco (Mexique), avec Tim Roth, Bitsie Tulloch, Sarah Sutherland (vendredi 22 mai).
Trois ans après avoir remporté le Grand Prix de la sélection Un Certain Regard avec Después de Lucia, Michel Franco, aujourd’hui figure incontournable du cinéma d’auteur mexicain, revient avec Chronic, un nouveau drame psychologique également tourné sur la famille. Le film met en scène David (Tim Roth), un aide-soignant qui travaille auprès de personnes en phase terminale. Passionné par son métier, il instaure une véritable intimité avec ses patients, ce qui le conduit peu à peu à se rapprocher de sa propre famille qu’il a délaissée.
> Dheepan, de Jacques Audiard (France), avec Antonythasan Jesuthasan et Vincent Rottiers (jeudi 21 mai).
Ayant fui la guerre civile sri-lankaise, Dheepan Antonythasan Jesuthasan, un ancien soldat, se réfugie en France afin d’essayer de refaire sa vie. Accompagné d’une jeune femme et d’une petite fille qu’il connaît à peine, il atterrit dans une cité gangrenée par le trafic de drogue dont la violence fait ressurgir ses anciens démons. Grand habitué de la Croisette et des récompenses (Un héros très discret, Un prophète…, De rouille et d'os), Jacques Audiard s’est entouré pour ce film du coscénariste Noé Debré (La Crème de la crème), valeur montante du cinéma, et de la directrice de photo Eponine Momenceau, reconnue pour son travail plastique expérimental.
> Le conte des contes (Il Racconto Dei Racconti), de Matteo Garrone (Italie), avec Vincent Cassel, Salma Hayek, John C. Reilly (jeudi 14 mai).
Il était une fois trois royaumes voisins où régnaient un roi fornicateur et libertin, un autre captivé par un étrange animal, et une reine obsédée par son désir d’enfant. En adaptant le recueil de contes de Giambattista Basile, Matteo Garrone, déjà deux fois vainqueur du Grand Prix (la récompense juste en dessous de la Palme) au Festival de Cannes -une fois pour Gomorra en 2008, l’autre pour Reality en 2012- investit le domaine de la fantaisie et aborde des thèmes aussi divers que la quête de la beauté éternelle ou le désir de pouvoir absolu.
> La loi du marché, de Stéphane Brizé (France), avec Vincent Lindon, Yves Ory et Karine de Mirbeck (lundi 18 mai).
La Loi du marché raconte l’histoire de Thierry (Vincent Lindon), 51 ans, qui, après 20 mois de chômage, commence un nouveau travail qui va vite le placer face à un dilemme moral quand sa direction lui demande d’espionner ses collègues. Jusqu’où sera-t-il prêt pour garder son emploi en pleine période de crise? Avec la Loi du marché, Stéphane Brizé, nommé quatre fois aux César 2013 pour son dernier film Quelques heures de printemps (également avec Vincent Lindon), aborde l’actualité brûlante du difficile retour au travail des anciens chômeurs.
> Plus fort que les bombes (Louder Than Bombs), de Joachim Trier (Norvège), avec Isabelle Huppert et Gabriel Byrne (lundi 18 mai).
Trois ans après la mort de la photographe Isabelle Reed (Isabelle Huppert) dans un accident de voiture, une rétrospective de son oeuvre est organisée à New York. Lors de la préparation de l’exposition, son époux (Gabriel Bryne) et ses deux fils découvrent un secret de son passé qui va bouleverser leur vie. Habitué du Festival de Cannes (Reprise, Oslo), Joachim Trier s’est inspiré pour le nom de son troisième long métrage d’un titre du groupe de rock anglais The Smiths. Pour la petite histoire, ces derniers l’avaient eux-mêmes piqué à un poème d’Elizabeth Smart.
> Macbeth, de Justin Kurzel (Australie), avec Marion Cotillard, Michael Fassbender et Jack Reynor (samedi 23 mai).
Remarqué pour le très sombre Les Crimes de Snowton, le réalisateur australien s’attèle ici à la tâche ardue d’adapter, après Orson Welles et Roman Polanski, le monument dramaturgique de Shakespeare qu’est Macbeth. L’histoire met en scène un vaillant guerrier écossais (Michael Fassbender) abîmé par la guerre qui tente de reconstruire sa relation avec son épouse (Marion Cotillard) en train de sombrer dans la folie.
> Marguerite et Julien, de Valérie Donzelli (France), avec Anaïs Demoustier, Jérémie Elkaïm et Frédéric Pierrot (mardi 19 mai).
Il y a quatre ans, Valérie Donzelli faisait l’ouverture de la Semaine de la Critique avec La guerre est déclarée. Aujourd’hui, la voici en compétition officielle avec Marguerite et Julien, un film écrit par Jean Gruault (Jules et Jim) pour François Truffaut en 1973 et que le réalisateur n'avait pas tourné. Le scénario est adapté d’une histoire vraie du XVe siècle: celle de Julien et Marguerite de Ravalet, un frère et une sœur poursuivis en 1603 pour une une relation incestueuse et qui fuient la société de l'époque.
> Mia madre (Ma mère), de et avec Nanni Moretti (Italie), avec Margherita Buy et John Turturro (samedi 16 mai).
Dans Mia Madre, le Romain Nanni Morretti raconte l’histoire d’une réalisatrice (Margherita Buy), déchirée entre crise professionnelle (elle doit composer avec l’égo énorme de la vedette américaine de son film en cours de tournage, interprété par John Turturro) et personnelle (sa mère est hospitalisée, gravement malade, et sa fille en pleine crise d’adolescence). Avec ce nouveau long-métrage, Nani Morretti, grand fidèle de Cannes (Palme d'or en 2001 pour La Chambre du fils et président du jury en 2012), bénéficie du rare privilège de concourir alors que son film est déjà sorti en Italie.
> Mon roi, de Maïwenn (France), avec Emmanuelle Bercot, Vincent Cassel et Louis Garrel (dimanche 17 mai).
Quatre ans après avoir reçu le Prix du Jury avec Polisse, Maïwenn revient avec Mon roi, qui met en scène Tony (Emmanuelle Bercot), une jeune femme qui, admise dans un centre de rééducation après une grave chute de ski, se remémore son histoire d’amour tumultueuse avec Georgio (Vincent Cassel), qu’elle essaye de comprendre. Un processus douloureux qui va l’aider à se reconstruire, physiquement et psychologiquement.
> Nie Yinniang (The Assassin), de Hou Hsiao-Hsien (Taïwan) avec Shu Qui, Chang Chen, Tsumabuki Satoshi (jeudi 21 mai).
Nie Yinniang raconte l’histoire d’une exécutrice (Shu Qi) dans la Chine du IXe siècle. Véritable justicière dont la mission est d’éliminer les tyrans, sa loyauté est mise à l’épreuve quand elle tombe amoureuse de l’homme qu’elle doit tuer. Ce film signe la sixième nomination de Hou Hsiao-Hsien au Festival de Cannes. Si le réalisateur taïwanais a gagné le Prix du Jury pour Le Maître de marionnettes en 1993, la Palme d’or lui a néanmoins toujours échappé à ce jour…
> Le fils de Saul, de László Nemes (Hongrie), avec Geza Röhrig, Levente Molnar, Urs Rechn (vendredi 15 mai).
Le drame se passe en 1944. Saul Ausländer est prisonnier à Auschwitz-Birkenau et travaille dans un des crématoriums du camp quand il découvre le cadavre d’un garçon qu’il pense être son fils. Alors que Sonderkommando, le groupe de prisonniers juifs auquel il appartient, prépare une révolte, Saul décide de sauver le corps de l’enfant des flammes pour lui offrir une véritable sépulture. Découvert en 2007 au Festival Premiers Plans d’Angers avec Türelem, un court-métrage tourné en seul plan, László Nemes fait ici son entrée en compétition avec un premier long-métrage qui risque de faire couler beaucoup d’encre.
> Shan He Gu Ren (Mountains May Depart), de Jia Zhang-Ke (Chine), avec Zhao Tao (mercredi 20 mai).
L’histoire débute dans la province chinoise de Shanxi, dans les années 90, où la jeune Tao est forcée d’épouser un riche propriétaire minier, laissant son amant éconduit inconsolable. Mis en scène à trois époques différentes (les années 90, aujourd’hui, 2025) Shan He Gu Ren montre les espoirs, les amours et les désillusions des personnages face à leur destin. Pour son nouveau film, Zhang-Ke a choisi, encore une fois, de faire tourner sa muse, Zhao Tao. L’actrice chinoise avait déjà accompagné le cinéaste en compétition pour 24 City en 2008 et A Touch of Sin en 2013. Mais également en 2010 dans la section Un certain regard pour I Wish I Knew.
> Sicario, de Denis Villeneuve (Canada), avec Emily Blunt, Josh Brolin, Benicio Del Toro (mardi 19 mai).
Sicario raconte l’histoire de l’agent Kate Macy qui, après avoir découvert de nombreux corps dans la planque d’un cartel, se porte volontaire pour intégrer une équipe internationale qui tente de faire tomber le baron de la drogue responsable de ces crimes. Avec ce long-métrage, le Québécois Denis Villeneuve revient pour la cinquième fois à Cannes. En 1998, Un 32 août sur Terre, son premier long métrage, avait été présenté dans la catégorie Un Certain Regard et il y quatre ans, Polytechnique avait été présenté à la Quinzaine des réalisateurs.
> The Lobster, de Yogos Lanthimos (Grèce), avec John C.Relly, Colin Farrell, Rachel Weisz et Léa Seydoux (vendredi 15 mai).
L’histoire se passe dans un futur proche. Toute personne célibataire est enfermée dans un hôtel et forcée de trouver l’âme-sœur en moins de 45 jours, sous peine de quoi elle sera transformée en animal ou envoyée en exil au fin fond de la forêt... Après avoir fait forte impression à Cannes en 2009 où il avait obtenu le Prix du Jury dans Un Certain Regard pour Canine, le Grec Yogos Lanthimos entre pour la première dans la compétition avec ce film délirant et clivant.
> La Forêt des Songes (The Sea of Trees), de Gus Van Sant (Etats-Unis), avec Matthew McConaughey, Naomi Watts, Ken Watanabe (samedi 16 mai).
Echoué au Japon, au pied du mont Fuji, dans la "Forêt des suicides", l’Américain Arthur Brennan (Matthew McConaughey) s’apprête à mettre fin à ses jours quand il rencontre un autochtone blessé et égaré (Ken Watanabe). Les discussions des deux hommes vont les conduire sur des chemins inattendus, entre rêves et réalité. Grand habitué de Cannes, Gus Van Sant (Prête à tout, Elephant, Last Days, Mala Noche, Parnoid Park et Restelss), est, avec Nanni Moretti, le seul réalisateur en compétition officielle avoir déjà été obtenu une Palme d’or (en 2003 pour Elephant).
> Notre Petite Sœur, de Hirokazu Kore-Eda (Japon), avec Karuka Ayase, Masami Nagasawa, Suzu Hirose (jeudi 14 mai).
A la mort de leur père, trois sœurs découvrent l’existence de leur demi-sœur de 13 ans. D’un accord commun, elles décident d’accueillir l’adolescente, désormais orpheline, dans la grande maison familiale. Emotions et douceur garantie dans cette adaptation du manga Kamakura Diary où Hirokazu Kore-Eda reste fidèle à ses thématiques de prédilection: l’exploration de la famille, le deuil et le rapport complexe au père. Grand habitué de la Croisette, le cinéaste japonais y a déjà obtenu plusieurs prix: le prix d'interprétation masculine pour l'acteur principal de son chef d'oeuvre, Nobody Knows en 2004, le Prix du Jury en 2013 pour Tel père, tel fils.
> Valley of Love, de Guillaume Nicloux (France), avec Isabelle Huppert et Gérad Depardieu (vendredi 22 mai).
Dans Valley of Love, lsabelle Huppert et Gérard Depardieu incarnent un couple qui ne s’est pas vu depuis des années et se retrouve, après le suicide de leur fils, dans la Vallée de la mort, en Californie, à sa demande. Huppert et Depardieu n’avaient pas été réunis au cinéma depuis Loulou de Maurice Pialat, il y a 35 ans. Ce rassemblement actuel est l’œuvre de Sylvie Pialat, productrice de ce Valley of Love et veuve du cinéaste afin de rendre hommage à ce dernier. C’est également l’occasion pour Guillaume Nicloux de retrouver Isabelle Huppert qui portait le voile dans son dernier long-métrage La religieuse. En revanche, il se frotte pour la première fois à Depardieu, ainsi qu’à la compétition.
> Youth, de Paolo Sorrentino (Italie), avec Michael Caine, Harvey Keitel, Rachel Weisz et Jane Fonda (mercredi 20 mai).
Dans Youth, deux vieux amis se retrouvent pour passer des vacances dans un bel hôtel au pied des Alpes. L’un, réalisateur, joué par Harvey Keitel, écrit son ultime scénario. L’autre, compositeur et chef d’orchestre, interprété par Michael Caine, est à la retraite depuis longtemps. Bientôt octogénaire, les deux hommes profitent du calme et de la volupté du palace pour faire le point sur leur vie. Paolo Sorrentino n’en est pas à ses débuts sur la Croisette puisqu’il avait notamment obtenu le Prix du Jury avec Il Divo en 2008. En 2013, en compétition pour la Palme d’or avec La Grande Bellezza, il était reparti bredouille mais avait fini par décrocher l’Oscar du film étranger.
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