Août 1968 : les chars russes entrent à Prague (VIDEO)

Auteur(s)
Jean-Michel Comte
Publié le 13 août 2015 - 20:54
Mis à jour le 06 juillet 2017 - 16:30
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Une FranceSoir 23.08.1968 Tchécoslovaquie Intervention URSS
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La Une du 23 août 1968.
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Dans la nuit du 20 au 21 août 1968, les armées de cinq pays du Pacte de Varsovie, emmenées par l'URSS, envahissaient la Tchécoslovaquie pour mettre fin au "Printemps de Prague", cette tentative de libéralisation de la société qui ne dura que quelques mois.

Le vendredi 23 août 1968, France-Soir consacre sa première page à l'invasion de la Tchécoslovaquie par l'armée soviétique, avec ce gros titre: "Prague: énormes renforts russes". C'est la fin du "Printemps de Prague", ce vent de libéralisation et d'espoir qui avait soufflé sur la société tchécoslovaque depuis le début de l'année.

C'est dans la nuit du 20 au 21 août que les troupes du Pacte de Varsovie ont envahi la Tchécoslovaquie, pour mettre fin aux velléités démocratiques du Premier secrétaire du Parti communiste, Alexander Dubček.

Celui-ci, défiant l'autorité du président Antonin Novotny (en place depuis 1957 et remplacé par Ludvik Svoboda le 30 mars 1968), voulait instaurer un "socialisme à visage humain" et engager une série de réformes (liberté de la presse, multipartisme, limitation des pouvoirs de police, transition vers le fédéralisme, etc.).

Depuis le début 1968, la population tchécoslovaque faisait pression pour la mise en place de ces réformes le plus vite possible. Cela n'a pas plu à Moscou, qui voyait là un danger pour le bloc de l'Est, et Leonid Brejnev a donc décidé d'écraser dans l'oeuf ce début de révolution.

Les armées de cinq pays du Pacte de Varsovie (URSS, RDA, Bulgarie, Hongrie, Pologne) envahissent la Tchécoslovaquie ce 20 août 1968 vers 23h. Cette nuit-là, 200.000 soldats et 2.000 blindés pénétrèrent dans le pays.

Au total ce seront 400.000 soldats et 6.300 chars, principalement soviétiques, qui participeront à l'opération, appuyés par plusieurs centaines d'avions: "Un avion militaire atterrit toutes les deux minutes sur l'aéroport de la ville", précise France-Soir sur la Une de son numéro du 23 août.

Autre titre du journal: "Tous les dirigeants tchèques ont disparu. Ils ont été emmenés vers une destination inconnue". Dès le matin du 21 août, Dubček et les autres réformateurs ont été arrêtés et mis dans un avion pour Moscou, pour y être interrogés et remis dans le droit chemin, avant d'être libérés quelques jours plus tard.

L'invasion des chars soviétiques provoquera un début de réaction de la population. "Nouveau coups de feu dans la capitale. Il y avait eu mercredi 4 morts, 185 blessés", titre France-Soir, dont l'envoyé spécial Robert Clarke livre son témoignage: "J'ai vu les jeunes défiler dans les rues avec des drapeaux de deuil".

Une grande partie de la Une est occupée par une photo de l'AFP montrant un char soviétique en train de brûler et de jeunes Tchécoslovaques levant le poing et brandissant un drapeau. La légende de la photo explique: "Des jeunes gens qui brandissent un drapeau tchécoslovaque, un blindé russe en flammes abandonné par son équipage: c'est l'image de Prague 48 heures après le début de l'intervention soviétique. Des incidents de ce genre ont encore éclaté la nuit dernière dans le centre de la capitale où des fusillades faisaient rage".

L'intervention soviétique fera au total entre 70 et 90 morts, selon les sources, et plusieurs centaines de blessés. Alexander Dubček appellera la population à ne pas résister, malgré une grande manifestation dans les rues de Prague dans l'après-midi du 21 août. Les Tchécoslovaques réagiront à cette invasion en multipliant les gestes de résistance passive et non-violente, mais pendant quelques jours seulement.

Ayant renoncé à le chasser immédiatement du pouvoir, les Soviétiques autoriseront Alexander Dubček à revenir à Prague, après que celui-ci eut signé, le 26 août avec d'autres réformateurs, le "Protocole de Moscou" actant la remise au pas du pays au sein du bloc de l'Est. Ce n'est qu'en avril 1969 qu'il sera destitué de son poste de Premier secrétaire au profit de Gustav Husak, qui engagera alors la véritable "normalisation" du pays et le retour d'un régime communiste pur et dur que devront encore subir les Tchécoslovaques pendant 20 ans.

Un des derniers soubresauts de ce "Printemps de Prague" eut lieu le 16 janvier 1969, sur la place Venceslas en plein coeur de Prague. L'étudiant Jan Palach, 20 ans, s'immola par le feu pour protester contre l'invasion soviétique et la suppression de la liberté d'expression dans son pays.

(Voir ci-dessous un document amateur du 30 août 1968 sur le site de l'INA):

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