Géorgie : Le nouveau président Mikheïl Kavelachvili investi, la pro-européenne Salomé Zourabichvili quitte le palais présidentiel
Après avoir menacé un temps de s'accrocher à son poste, Salomé Zourabichvili, pro-européenne et désormais ex-présidente de Géorgie, quitte le palais présidentiel le jour de l’investiture de son remplaçant, Mikheïl Kavelachvili. L’ancien footballeur, qui a prêté serment dans un Parlement sécurisé en raison des manifestations à l’extérieur, a été élu par un collège électoral contrôlé par le parti au pouvoir, Rêve géorgien, vainqueur des législatives d’octobre. Salomé Zourabichvili, qui se dit désormais opposante politique, a promis de rencontrer les manifestants et de mobiliser, surtout, la communauté internationale pour la tenue de nouvelles élections.
Fin octobre, le parti au pouvoir depuis une décennie, Rêve géorgien, est déclaré victorieux aux législatives. Mais les résultats ont été accueillis de manière très contrastée et l’opposition a vite dénoncé des “irrégularités”. Des accusations rejetées par la formation politique, dont la victoire est confirmée mi-novembre par la commission électorale qui a annoncé les résultat, 53,93% en faveur du Rêve géorgien et 37,79% en faveur de la coalition de partis d’opposition.
Une investiture sous tensions
Le nouveau Parlement élu a annoncé l’élection du prochain président le 14 décembre avec une investiture pour un mandat de cinq ans le 29 du mois. C’est l’ancien footballeur, Mikheil Kavelachvili, entré en politique depuis sa retraite sportive en 2007, qui a été désigné par le parti. Son élection était déjà quasiment acquise, le président étant élu, depuis une réforme constitutionnelle en 2017, par un collège électoral et non par un vote populaire.
Mais Salomé Zourabichvili, désormais ex-présidente, a tenté de faire annuler les résultats des élections par la Cour constitutionnelle, s’accrochant à son poste sous prétexte que "personne en dehors de la Géorgie, parmi nos partenaires démocratiques, n'a reconnu les élections". Elle se présentait jusqu'alors comme la "seule institution légitime du pays".
Le Premier ministre Irakli Khobadidzé, loyal à Rêve géordien, a de tout temps exclu l'organisation de nouvelles législatives, malgré des semaines de manifestations qui ont suivi l’annonce de ce parti à ne pas poursuivre les négociations d’adhésion avec l’UE avant 2028 ou 2030. Tout en rejetant les accusations de fraude, il a accusé la présidente, ancienne diplomate française, et l’opposition, soutenues par Bruxelles et Washington, de préparer une révolution façon Maiden. “Certains veulent que ce scénario se répète en Géorgie. Mais il n’y aura pas de Maïdan en Géorgie”, avait-il affirmé, dénonçant le “chantage” des États-Unis et de l’Union européenne (UE).
Dimanche, le nouveau président, Mikheïl Kavelachvili a prêté serment, lors d’une courte cérémonie au Parlement. Le député, officiellement investi à la tête de Tbilissi, a appelé, lors de son discours, au respect de “nos traditions, nos valeurs, notre identité nationale, du caractère sacré de la famille et de la foi”.
"Notre histoire montre clairement qu'après d'innombrables luttes pour défendre notre patrie et nos traditions, la paix a toujours été l'un des principaux objectifs et l'une des principales valeurs du peuple géorgien", a-t-il indiqué, en référence à la guerre en Ukraine dans laquelle l'Occident, selon Rêve géorgien, voudrait entraîner Tbilissi.
Zourabichvili quitte le palais présidentiel
Dehors, environ 2 000 personnes s’étaient rassemblées devant le palais, en présence de l’ex-présidente, qui a longtemps laissé planer le suspense sur ses intentions. Salomé Zourabichvili, après avoir menacé de ne jamais quitter son poste, a finalement libéré le palais présidentiel, tout en affirmant être “la seule personne légitime”.
"Je reste la seule présidente légitime de la Géorgie", a-t-elle déclaré devant une foule de partisans, qu’elle avait rejoint la veille, samedi. "Je vais quitter le palais présidentiel pour me tenir à vos côtés, portant avec moi la légitimité, le drapeau et votre confiance", a-t-elle ajouté, promettant de continuer la lutte.
Principal soutien des manifestants, l’ex-présidente, malgré ses prérogatives restreintes, entend faire jouer son influence à l’international pour maintenir la pression sur Rêve géordien en vue de tenir de nouvelles législatives. Face à son intention de ne pas libérer son poste à la présidence, le Premier ministre, Irakli Kobakhidzé l’avait averti contre une “infraction pénale passible de nombreuses années d’emprisonnement”.
Washington et Londres ont imposé, la semaine dernière, des sanctions à plusieurs hauts responsables géorgiens. Bidzina Ivanichvili, milliardaire, ancien Premier ministre, président d'honneur du Rêve géorgien et considéré par les États-Unis comme le dirigeant de facto du parti, est ciblé par les États-Unis.
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