Avec la régulation des GAFAM, le web 3.0 promet-il un Internet plus démocratique ?
L’Internet que l’on connaît aujourd’hui est devenu un espace centralisé et contrôlé en grande partie par les algorithmes d’Amazon, Apple, Google, Meta, Spotify, ou encore Netflix. Les gouvernements nationaux et leurs politiques numériques tentent de suivre le rythme de ces multinationales, actualisent à grande vitesse leurs législations et tentent de reprendre le contrôle en proposant leurs propres services, ou en régulant en faveur d’une plus grande transparence. Espoir pour certains, peine perdue pour d'autres.
Pendant le temps long de la légifération, quantité de données personnelles sont récoltées sans aucun contrôle, et cela montre à quel point l’utilisateur n’est plus maître de ses informations les plus privées. Cela pourra-t-il changer avec la nouvelle ère qui pointe le bout de son nez, celle du web 3.0 ? Représentera-t-elle une occasion pour Internet de redevenir, grâce aux nouvelles technologies basées sur la "blockchain", un service transparent et sans intermédiaire ? Dans un entretien proposé par France Culture le 29 avril dernier, des militants pour l’ouverture et la neutralité du web exposent leurs attentes face à cette opportunité démocratique.
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La "blockchain", pilier technologique du web 3.0, n’est pas à la portée de tous
Les spécialistes craignent que l'avènement d’un web 3.0 basé sur une technologie du type "blockchain", système cryptographique de validation par les pairs pour chaque transaction, ne soit à la portée que de quelques-uns. En théorie, cette technologie pourrait permettre aux plateformes d'être exploitées, détenues et améliorées par des communautés d'utilisateurs. Cependant, pour Benjamin Bayart, co-fondateur de la Quadrature du net, il faut un haut niveau d’expertise pour comprendre et utiliser cet outil. De la même manière, les ordinateurs capables de stocker et participer à la "blockchain" ne sont pas accessibles à tout le monde, car ils sont particulièrement chers.
Pour la sociologue surnommée Spideralex, malgré l'évolution qu'a permis le web 2.0, il reste encore un long chemin à parcourir en termes d'inclusion sur Internet. "Il y a très peu de diversité dans ces communautés de développeurs, donc ils ne peuvent pas vraiment développer des solutions inclusives qui réfléchissent à ces questions-là [d'inclusion des minorités, ndlr]", signale-t-elle, craignant que l'arrivée d’un système plus indépendant et souverain, grâce à la mise à jour 3.0, ne soit pas suffisant.
Le "Digital Services Act", la promesse européenne
Au cours des quinze dernières années, les multinationales du numérique ont gardé pour elles le contrôle des échanges en ligne. Ce n’est que récemment que l’Union européenne, en présentant le Digital Services Act, a cherché à reprendre le contrôle des données, pour le meilleur et pour le pire. D'un côté comme de l'autre, la promesse est souvent identique : "plus de liberté d'expression". Peut-on y croire, au vu de la réaction épidermique de l'Union européenne face au rachat de Twitter par Elon Musk, de la censure ambiante et des prises de parole d'Emmanuel Macron ou Barack Obama ?
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Pour des spécialistes du numérique tels Henri Verdier, la vraie alternative aux GAFAM consisterait à développer des "communs numériques", élaborés de façon collaborative par des communautés libres de protection des droits fondamentaux, et de sécurité des données personnelles. Gageons que la promesse puisse être tenue.
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