Ruée sur "Charlie Hebdo" : déjà épuisé, le journal sera finalement tiré à 5 millions d'exemplaires
Il s'est vendu comme des petits pains. Attendu dans le monde entier, le nouveau numéro de Charlie Hebdo, signé par les rescapés de l’attentat qui a fait 12 morts le 7 janvier, s’est arraché dès sa parution ce mercredi matin. Dès l'aube, les clients, impatients de lire l'hebdomadaire, ont fait la queue devant tous les kiosques et marchands de journaux -souvent même avant l'ouverture- pour se procurer le numéro "des survivants". Résultat: dès 8h30, ce nouveau numéro historique était déjà épuisé dans de nombreux points de vente, aussi bien à Paris qu'en province. Un fait inédit dans l'histoire récente de la presse en France.
Sur les réseaux sociaux, les photos de longues files d'attentes ont inondé les comptes Twitter et Facebook et les témoignages se sont multipliés. De nombreux lecteurs avaient réservé à l'avance, la veille, leur numéro auprès de leur kiosquier, mais tous n'ont pu être satisfaits.
Que les acheteurs bredouilles se rassurent: pour faire face à la demande, le numéro 1.178 va être finalement tiré à 5 millions d'exemplaires. "L'éditeur a décidé ce matin de porter le tirage à 5 millions", soit deux millions de plus que prévu, a déclaré Véronique Faujour, présidente des MPL (Messageries lyonnaises de presse). Les kiosquiers vont être approvisionnés tous les jours, jusqu'au 19 janvier, et le journal va rester en vente pendant encore plusieurs semaines. Selon France Info, seuls 500.000 à 600.000 exemplaires étaient disponibles ce mercredi.
A l’exportation, où Charlie Hebdo ne vendait que 4.000 exemplaires, les MLP prévoient d’en expédier 300.000, y compris dans des pays où le journal satirique n'a jamais été vendu, comme aux Etats-Unis, au Royaume-Uni mais aussi en Inde ou en Australie.
Fidèle à l'esprit Charlie Hebdo, le journal satirique français affiche en Une de ce numéro une nouvelle caricature de Mahomet. Larmoyant, le prophète de l'islam apparaît sur un fond vert tenant dans les mains une pancarte où est inscrit "Je suis Charlie", le slogan mondial apparu après la fusillade perpétrée mercredi 7 par les frères Kouachi. Au-dessus, les mots "Tout est pardonné".
Mais pour certaines institutions islamiques, qui condamnent fermement l'attaque dont a été la cible la rédaction de Charlie Hebdo mercredi 7, cette nouvelle caricature de Mahomet est vue comme une provocation. Pour Al-Azhar, l'une des plus prestigieuses institutions de l'islam sunnite basée en Egypte, la publication de ces dessins "insultants à l'égard du prophète" va "attiser la haine", "ne sert pas la coexistence pacifique" et "l'intégration des musulmans dans les sociétés européennes et occidentales". Même réaction pour Dar al-Ifta, l'instance représentant l'islam auprès des autorités égyptiennes, qui dénonce une provocation "injustifiée pour les sentiments de 1,5 milliard de musulmans à travers le monde".
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