Dans les rues de Lyon, l'attaque au colis piégé reste "dans un coin de la tête"

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Par Marjorie BOYET - Lyon (AFP)
Publié le 25 mai 2019 - 18:55
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Riverains, touristes ou manifestants "gilets jaunes" ont repris possession des rues du centre ville de Lyon samedi, s'efforçant de ne pas trop ressasser la mystérieuse attaque au colis piégé qui a fait 13 blessés vendredi soir.

"C'est dans un coin de la tête mais ça ne m'empêche pas de travailler", confie Anthony, responsable d'un magasin bio qui observe une fréquentation "un peu moindre" en cette fin de matinée dans la rue Victor Hugo, visée la veille par l'attentat.

"Sur le coup, ça s'est passé très vite mais aujourd'hui, on a eu de nombreux appels de notre direction et le fait d'en reparler, ça brasse un peu et on se rend compte que c'était grave", poursuit le jeune homme de 27 ans.

Dans un square au débouché de cette rue commerçante, Marion Wagner, cadre commerciale de 36 ans, se prépare à expliquer à ses enfants "avec des mots simples" les événements survenus dans leur quartier.

"On pense à ce qui s'est passé mais on se dit qu'il faut continuer, et qu'ils (les instigateurs de l'attentat) ne viendront pas là une deuxième fois", espère la mère de famille.

A proximité, assise sur un banc, la retraitée Marie-Claude Guéraud, âgée de 68 ans, "ne pensait pas" qu'une telle attaque toucherait sa ville. "Ca va se reproduire", prédit-elle, tout en assurant que "ça ne l'empêche pas de sortir".

Les caméras des journalistes plantées devant les lieux de l'explosion attirent les curieux. Parmi eux, deux jeunes gens, arrivés vendredi à Lyon pour assister au concert du chanteur britannique Ed Sheeran. Ils avaient prévu de passer leur soirée dans la "presqu'île", mais les événements les ont poussés à choisir le Vieux-Lyon.

"On aurait pu être là au moment où ça s'est produit", estime Mathias Almeida, étudiant de 21 ans, venu de Lourdes. Son amie, Manon Noyet, 21 ans, originaire de Mayenne, se dit "impressionnée" et avoue avoir eu "un peu peur" de venir à Lyon.

- Cellule psychologique déserte -

Dans la cellule d'urgence médico-psychologique installée dans un gymnase du IIe arrondissement, "quelques appels" ont été enregistrés en fin de matinée, selon sa responsable, le Dr Nathalie Prieto.

"Quand un événement lourd avec des décès survient, le dispositif est envahi mais là ce n'est pas le cas. En revanche, des gens peuvent dans les jours à venir se rendre compte qu'ils ne vont pas bien car au début, ils prennent sur eux et puis quand ils repassent sur les lieux, ils y repensent et ils viennent nous voir en décalé", explique l'urgentiste.

Au côté du personnel médical et de la Croix-Rouge, deux responsables d'associations d'aide aux victimes, Le Mas et LAVI, s'attendent à recevoir des appels de victimes de précédents attentats, dont les angoisses peuvent être "réveillées" par cette nouvelle attaque.

- Manifestation maintenue -

De l'autre côté du Rhône, 3.000 jeunes pro-climat - selon la préfecture - et des poignées de "gilets jaunes" n'ont pas renoncé à défiler ensemble dans une zone hors du centre ville.

La "gilet jaune" Ilda Ferreira, 52 ans, confie avoir "failli ne pas venir". "J'ai fait l'effort mais je vais être très attentive et au moindre problème, je quitterai la manifestation", prévient cette partisane du "RIC", le référendum d'initiative citoyenne.

Vêtu de son gilet jaune, Serge Gaudin, 58 ans, dit avoir "plus peur de la police que des terroristes".

"Ce qui décourage les gens de venir manifester, c'est les violences policières", martèle ce dessinateur en génie industriel, qui trouve "curieux" que cet attentat survienne "la veille des élections européennes".

L'attentat anime les conversations dans le cortège jusqu'à nourrir chez certains les thèses complotistes.

"Pour ne pas se faire contrôler par la police, il vaut mieux se balader le visage masqué qu'avec un gilet jaune !", lance-t-on, en référence à l'image diffusée dans l'appel à témoin du suspect circulant dans la foule le visage dissimulé.

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