Détenu en cavale tué d'une balle dans le dos : un policier rejugé

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Par AFP
Publié le 07 mars 2017 - 08:36
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Croquis d'audience montrant Damien Saboundjian lors de son procès le 6 mars 2017 à Paris
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© Benoit PEYRUCQ / AFP
Croquis d'audience montrant Damien Saboundjian lors de son procès le 6 mars 2017 à Paris
© Benoit PEYRUCQ / AFP

Damien Saboundjian a-t-il cédé à la panique quand il a tiré sur Amine Bentounsi, le blessant mortellement d'une balle dans le dos? Le professionnalisme de ce gardien de la paix a été lundi au coeur des débats à l'ouverture de son procès en appel.

"Il n'y a pas un jour depuis ce 21 avril 2012 où je ne pense pas à ce qui s'est passé. J'ai jamais voulu tuer, je me suis défendu", a déclaré devant les assises de Paris le fonctionnaire grenoblois de 38 ans, qui se tient la plupart du temps la tête entre les mains, visiblement dépassé. "Je vis avec un mort sur la conscience."

Face à lui, droite dans sa douleur, Amal Bentounsi. Depuis la mort de son petit frère, elle est à la pointe du combat contre les "violences policières", relancé récemment par l'"affaire Théo", du nom de ce jeune homme dont l'interpellation brutale en Seine-Saint-Denis début février a provoqué des violences urbaines.

Acquitté en janvier 2016 par la cour d'assises de Seine-Saint-Denis, qui avait estimé qu'il avait agi en état de légitime défense et n'était donc pas pénalement responsable de la mort d'Amine Bentounsi, Damien Saboundjian doit répondre de "violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner". Des faits passibles de 20 ans de réclusion criminelle.

Incarcéré pour des vols à main armé, Amine Bentounsi, 28 ans, faisait l'objet d'un mandat de recherche pour n'être pas rentré de permission. Avisée de sa présence à Noisy-le-Sec, une patrouille s'était lancée à sa poursuite.

Selon le récit de l'accusé, qui avait tenté de le prendre à revers en faisant le tour, en voiture, d'un pâté de maison, le braqueur avait pointé à deux reprises son arme sur lui.

S'estimant menacé, le gardien de la paix avait expliqué avoir "riposté", mais le fait que la balle se soit logée dans le dos du fugitif avait aussitôt suscité des doutes sur sa version.

Fait peu courant, c'est d'ailleurs le parquet général qui a fait appel de l'acquittement, estimant que les conditions de la légitime défense n'étaient pas "démontrées".

- 'La peur de ma vie' -

Lundi, le témoignage de Zejloko Ilic, alors chef du service de nuit au sein de la police départementale de Seine-Saint-Denis, a laissé planer un doute sur le professionnalisme de l'accusé. Elève médiocre, après avoir échoué à obtenir un CAP de pâtisserie, il avait intégré l'école de police en bas de classement.

Selon ce supérieur hiérarchique, arrivé le premier sur les lieux après le tir mortel, Damien Saboundjian était "choqué" et tenait des "propos confus, saccadés, décousus".

"J'ai eu la peur de ma vie. J'ai tiré, je me suis recroquevillé et j'ai pleuré", aurait déclaré le gardien de la paix, selon M. Ilic. Quant à ses coéquipiers, "leur leitmotiv c'était +on va perdre notre boulot+", poursuit le commissaire, qui pèse ses mots.

Michel Konitz, pour la partie civile, se fait un plaisir de retourner ce témoignage contre l'accusé.

Comment doit réagir un policier qui se fait braquer?, l'interroge l'avocat. "Le premier réflexe, c'est de se mettre à l'abri", répond le témoin. Or son collègue, après avoir vu le fugitif braquer son arme sur lui alors qu'il était au volant de sa voiture, en est descendu pour le poursuivre.

L'avocat relève aussi qu'à en croire M. Ilic, "pas un mot n'a été prononcé sur l'état du blessé", qui devait décéder dans la nuit, par des fonctionnaires selon lui plus soucieux de leur carrière que du sort d'Amine Bentounsi.

"Réflexe corporatiste", admet le supérieur qui rappelle toutefois qu'ils ont non seulement prévenu les pompiers, mais sécurisé la "scène de crime" pour les besoins de l'enquête.

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