Entre start-ups et Orange Bank, les banques en ligne "historiques" cherchent leur place
Boursorama, Fortuneo... Apparues dans les années 2000, les premières banques en ligne font aujourd'hui figure de doyennes du secteur et cherchent leur place face à une nouvelle vague d'acteurs incarnée par des startups financières ou Orange Bank.
Alors que le nombre de nouveaux venus numériques ne finit pas de croître, "il va y avoir un choix de banques en ligne très large", résume auprès de l'AFP Benoît Grisoni, directeur général de Boursorama, pour qui "ça ne va pas s'arrêter tout de suite".
Avec 1,2 million de clients, Boursorama est la plus florissante banque en ligne en France, au coude à coude avec le million de clients du néerlandais ING Direct dans le pays.
Après avoir souvent commencé comme courtiers en ligne, comme Boursorama et Fortuneo, toute une génération d'acteurs s'est lancée dans les années 2000 dans la banque sur internet. Leur principal argument de vente: des frais réduits par rapport aux banques traditionnelles.
Ces dernières ont vite perçu la menace et racheté l'essentiel des banques en ligne. Boursorama a été repris par Société Générale, Fortuneo par le Crédit Mutuel Arkéa... D'autres ont créé leur propre service, comme Hello Bank chez BNP Paribas ou Bforbank du côté de Crédit Agricole.
"Mais si tous les grands groupes bancaires ont créé une filiale en ligne au cours des dernières années, leur base de clientèle reste encore relativement peu significative", nuance S&P Global Ratings.
L'agence de notation tire ce bilan dans une note publiée sur l'arrivée début novembre d'un nouvel acteur de poids: Orange Bank, l'offre bancaire de l'opérateur téléphonique historique, qui promet elle aussi des frais très bas et vise deux millions de clients d'ici 10 ans.
Le secteur est également agité par des start-ups financières, les "fintech", qui proposent une vaste gamme de nouveaux services: applications de paiements, agrégation de comptes... Ce sont les "néo-banques", comme l'allemand N26 ou le britannique Revolut, qui abordent les services bancaires en tirant profit du mobile.
Certaines, comme la française Compte-Nickel - rachetée début 2017 par BNP - centrent leur discours sur l'accès des plus défavorisés aux services bancaires, à l'opposé du modèle traditionnel des banques en ligne qui ciblent généralement des clients aisés en exigeant un minimum de revenus.
- Piège de la gratuité -
"Plus il y a d'entrants, plus ça crédibilise le marché", assure à l'AFP Gregory Guermonprez, directeur pour la France de Fortuneo.
L'argument est récurrent chez les responsables de banques en ligne: loin de menacer les acteurs historiques du secteur, la concurrence va leur permettre de récolter les fruits d'une offre patiemment développées, en particulier l'octroi de crédits au-delà des seuls services de paiement.
M. Grisoni se félicite ainsi d'une "stratégie (qui) n'a quasiment pas bougé depuis dix ans".
Reste que les nouveaux venus comptent rattraper leur retard. N26 vient de s'allier dans le crédit consommation avec le français Younited, tandis qu'Orange Bank promet dès 2018 une offre dans ce domaine et, plus tard, des prêts immobiliers.
Parallèlement, certaines fintech revendiquent de se distinguer des banques en ligne, jugeant illusoire de développer une offre complète.
"Il y a encore un manque de modernité", estime auprès de l'AFP Benjamin Belais, responsable pour la France de Revolut, qui n'hésite pas à classer les banques en ligne parmi les "banques traditionnelles", comme BNP Paribas ou Société Générale.
Il évoque chez elles une stratégie de "compression des coûts" indifférenciée et met en avant le fait que son groupe assume d'imposer des frais élevés dans certains cas tout en axant sa compétitivité sur d'autres domaines, comme les virements internationaux.
Car la rentabilité reste une promesse plus qu'une réalité chez les startups comme les banques en ligne. Parmi les historiques, seule Fortuneo revendique gagner de l'argent.
Elles subissent le faible niveau des taux d'intérêt comme leurs aînées physiques de la banque de détail. Et, contrairement à ces dernières, elles peuvent difficilement se rattraper sur les commissions, vu leurs promesses d'un service bon marché.
"Quelque chose qui n'est pas sain et qui n'est pas viable sur le long terme, c'est le modèle de la gratuité", conclut auprès de l'AFP Luis Calleja, expert du secteur bancaire au cabinet Oresys. "Il va falloir trouver des produits et services sur lesquels les clients vont être prêts à payer."
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