"La technique favorite des auteurs anti-conspirationnistes : l’inversion accusatoire" Francois Belliot
« Une police de la pensée sans fonction officielle : surveillance, délation, listes noires, avec une influence de plus en plus grande dans les organes de l’Etat ». Auteur de L'anticonspirationnisme mis à nu à travers l'imposture Rudy Reichstadt et de Massacre de Charlie Hebdo : l'enquête impossible, François Belliot, écrivain et homme de lettres, analyse dans cet “Entretien essentiel“ le terme « qui a servi à labelliser et diaboliser tous ceux qui critiquaient la gestion gouvernementale de la crise sanitaire » : le complotisme. Entré officiellement dans le dictionnaire à la fin des années 2000, le terme « complotiste », comme son synonyme « conspirationniste », est, pour notre invité, une fraude sémantique : « Cela impliquerait que le complotiste soit spécialiste de quelque chose comme le pianiste ou le flutiste », raille-t-il. « Les complotistes sont-ils des fomenteurs de complot ? ».
Pour François Belliot, il ne faut pas s’y tromper : « La technique favorite des auteurs anti-conspirationnistes, c’est l’inversion accusatoire ». Qu’est-ce que l’inversion accusatoire ? « Ça consiste à accuser les ennemis que vous proposez de diaboliser des tares et des vices dont vous êtes vous-même l’incarnation ou les vecteurs », explique l’écrivain qui souligne que le « discours anticonspirationniste » se décline d’une affaire à une autre en faisant toujours usage de la même méthode de diabolisation. Qu’il s’agisse de la guerre en Syrie, du génocide au Rwanda, de l’élection présidentielle américaine de 2020, de l’incendie de Notre-Dame de Paris, ou bien encore de la crise du Covid-19, cette « technique inquisitoriale », aussi simpliste qu’efficace, permet à son utilisateur de discréditer son opposant sans nécessité d’argumenter : « Une règle d’or : ne jamais rentrer dans le détail des affaires. Sur le terrain des faits, ils seraient perdants, donc ils ne vont pas s’y aventurer. »
L’occasion pour François Belliot de revenir également sur le profil de Rudy Reichstadt, fondateur du site web sulfureux Conspiracy Watch : « Un personnage insignifiant et médiocre devenu une référence absolue » qui « va faire la leçon au professeur Raoult ou encore à l’ingénieur en chef de Notre dame de Paris », assène-t-il. En bref, résume l'écrivain, cet homme et ses confrères adeptes « de la chasse aux sorcières » sont des « spécialistes de tout, spécialistes de rien ».
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