Femme tuée à coups de tournevis : chronique d'un meurtre annoncé

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Par AFP
Publié le 14 décembre 2017 - 00:02
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A picture taken on August 17, 2012 shows a high relief on the facade of the Amiens criminal court pr
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© Philippe Huguen / AFP/Archives
"Depuis la séparation, elle s'était transformée", s'est souvenue à la barre son amie Marguerite. "Je l'appelais la belle, lui la bête. Je lui disais, +maintenant que la bête est pa
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"Carlos lui avait dit qu'il allait la tuer". Aux assises de Bobigny, famille et proches de Maria, tuée de soixante coups de tournevis à la tête, ont tenu mercredi la chronique du meurtre annoncé d'une femme violée et battue par son mari pendant vingt-sept ans.

A la barre, son amie Marguerite a raconté sa première visite chez celle que tout le monde appelait Madeleine, "le prénom qu'elle s'était choisi". "Je lui ai dit : +Tu as de la chance, tu as une belle maison+, elle m'a répondu +Non, je n'ai pas de chance, je suis une femme battue+".

Après l'avoir encouragée à porter plainte, elle lui conseille de "prendre un cahier" : "Je lui ai dit, +tu écris tout, on ne sait jamais+".

Dans ce document, saisi par les enquêteurs après la découverte de son corps massacré dans un box de Neuilly-sur-Marne, en septembre 2014, la victime raconte vingt-sept ans de terreur et de sévices.

Un an et demi avant la mort de cette femme de ménage d'origine portugaise de 51 ans, son mari avait été condamné à trois ans de prison, dont 18 mois avec sursis, pour menaces, violences et violences sexuelles. Il lui avait aussi été interdit de l'approcher.

Depuis mardi, cet homme de 51 ans comparaît cette fois pour assassinat. Un meurtre qu'il reconnaît mais nie avoir prémédité.

Le couple avait divorcé début 2014. "Depuis la séparation, elle s'était transformée", s'est souvenue à la barre son amie Marguerite. "Je l'appelais la belle, lui la bête. Je lui disais, +maintenant que la bête est partie, la belle peut s'épanouir+".

Quelque temps avant le meurtre, Madeleine lui avait demandé de l'emmener voir ses nièces à Versailles: "Elle voulait les voir, +au cas où il lui arriverait quelque chose+".

Quand elle a appris qu'une femme était morte dans la résidence, elle a "immédiatement su que c'était Madeleine".

- Couteau dans le lit -

Le père Martin, prêtre et ami du couple, a lui relaté comment "un jour, elle lui avait demandé un rendez-vous spécial, pour parler des violences conjugales". "Ça m'a effrayé, elle m'a raconté qu'elle dormait parfois sous la menace d'un couteau, dans le lit".

Un jour qu'il accueillait la victime à dîner, cette dernière s'était barricadée dans la cuisine à l'arrivée du mari. "Carlos lui a répété trois fois, en se frappant sur la poitrine : +tu rentres à la maison, sinon je brûle l'appartement et les enfants+. Après son départ (de l'époux), j'ai fini mon repas mais elle n'a plus mangé".

"Par esprit évangélique", le prêtre a ensuite hébergé le mari violent pendant près d'un an. Et l'a encouragé à écrire une sorte de journal.

Dans ce texte écrit en portugais, dont le président a lu mercredi la traduction française, l'accusé décrit les coups et les viols, avant même le mariage. "Tu es allée porter plainte, tu as raison", écrit-il à l'adresse de celle qu'il appelle sa "bien-aimée" en reconnaissant l'"avoir fait vivre dans une peur infernale".

Cette peur, le fils aîné du couple, Cristiano, 29 ans, l'a décrite comme omniprésente, tout comme "l'emprise psychologique" de cet homme alcoolique à l'enfance difficile. Il a aussi décrit les "gémissements de douleur" venus de la chambre parentale, "seule pièce de la maison fermée à clé".

Mais le gaillard a surtout longuement parlé, d'une voix presque enfantine, de cette mère "hyper organisée" qui "travaillait 10 à 12 heures par jour". Ce "rayon de soleil" qui lui avait transmis l'amour de la danse, et avec laquelle il "aimait virevolter".

"Quand j'ai su qu'aucun objet n'avait été dérobé dans son sac, j'ai eu la certitude que mon père était le meurtrier". "Il l'avait dit à ma compagne : +un jour je vais tuer Madeleine ou la découper en morceaux+."

Question du président : "Pensez-vous que cela pouvait être du second degré?". "Pas du tout. Il l'a répété tellement de fois".

Verdict vendredi.

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