First Republic, sans garantie sur un plan de sauvetage, s'effondre à Wall Street
La banque régionale américaine First Republic a de nouveau plongé vendredi à Wall Street après un court répit, les rumeurs sur une stratégie ou un plan de sauvetage se multipliant sans toutefois se concrétiser pour l'instant.
Dernière en date: selon le Wall Street Journal, l'agence américaine en charge de garantir les dépôts bancaires, la FDIC, pourrait prendre ce week-end le contrôle de la banque puis revendre ses actifs à un autre établissement.
JPMorgan Chase et PNC Financial Services font partie des sociétés intéressées, ajoute le quotidien économique en citant des sources proches du dossier.
L'action de First Republic a en tout cas fini en baisse de 43% à la Bourse de New York vendredi, à 3,51 dollars, après avoir été suspendue à plusieurs reprises en cours de séance pour une volatilité trop importante. Cela la valorise 654 millions de dollars, alors qu'elle en valait plus de 20 milliards en début d'année et plus de 40 milliards à son pic en novembre 2021.
Fondée en 1985, basée à San Francisco avec des agences principalement situées en Californie et dans des zones urbaines de la côte est, et servant une clientèle aisée, First Republic était fin 2022 la 14e plus grosse banque du pays par la taille des actifs.
Mais son sort est en suspens depuis les défaillances rapprochées de trois banques américaines aux profils similaires début mars, c'est-à-dire concentrées sur une clientèle et/ou une zone géographique particulière.
Les autorités et d'autres établissements financiers étaient peu après venus à sa rescousse pour éviter qu'elle ne connaisse le même sort que Silicon Valley Bank (SVB) et Signature Bank, à savoir la faillite après des retraits massifs soudains de la part de leurs clients.
First Republic a confirmé lundi soir que nombre de ses clients avaient aussi retiré des dépôts, plus de 100 milliards de dollars au total au premier trimestre. Elle a pu compter sur les 30 milliards apportés par les autres banques dans ses comptes mais c'est insuffisant aux yeux des investisseurs, qui ont fait plonger l'action mardi et mercredi avant de lui accorder un répit jeudi.
Statu quo ?
La direction a bien présenté lundi soir quelques mesures visant à renforcer la santé financière de la banque. Elle a aussi souligné qu'elle étudiait des "options stratégiques" mais sans donner beaucoup de détails.
Intervention des autorités? Vente de la banque dans son ensemble ou de seulement certains actifs? Statu quo en misant sur une baisse prochaine des taux d'intérêt? Les rumeurs abondent depuis sur les possibles solutions mais sans aucune annonce officielle.
Pour Alexander Yokum, du cabinet CFRA, le scénario d'une prise de contrôle de l'établissement par les autorités avant la revente des actifs à un prix réduit fait partie des plus probables.
Les autorités pourraient toutefois être réticentes à sauver une troisième banque en peu de temps. Le problème est aussi qu'avec SVB et Signature Bank, la FDIC a suscité l'idée que tous les dépôts étaient protégés, y compris ceux au-delà de la limite légale des 250.000 dollars, alors qu'elle n'en a pas légalement l'autorité, a remarqué Sheila Blair, ancienne patronne de cette agence.
Mais si la FDIC ne le fait pas, "cela pourrait surprendre les gens et être perturbateur", a-t-elle ajouté alors qu'elle était interrogée sur la chaîne CNBC au sujet d'un risque de contagion au reste du secteur bancaire.
L'hypothèse d'un rachat de certains actifs par d'autres banques sans intervention des autorités est envisageable mais fait également face à des obstacles importants, dans la mesure où une majorité des prêts accordés par First Republic sont des prêts immobiliers à taux fixes, qui ont donc perdu de la valeur avec la récente hausse des taux d'intérêt, explique Alexander Yokum.
Le scénario d'un rachat simple par une autre banque est, pour une raison similaire, peu probable à ses yeux: le nouveau propriétaire devrait immédiatement intégrer dans ses comptes le fait que les actifs de First Republic liés à des taux fixes comme les prêts immobiliers ou les bons du Trésor ont perdu de la valeur.
L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.
Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.
Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.
Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.