Gaspillage alimentaire : la restauration collective dans le viseur
Seize milliards d'euros, c'est ce que la France gaspille chaque année en alimentation: le député PS de la Mayenne Guillaume Garot, auteur d'une loi sur le sujet en 2016, entend "accélérer" le combat contre ce phénomène.
Président de l'atelier 10 des Etats généraux de l'alimentation (EGA, qui finissent le 21 décembre), centré sur la lutte contre le gaspillage alimentaire, l'ancien ministre entend désormais mettre à contribution la restauration collective, après les supermarchés ciblés par sa loi.
. Le gaspillage alimentaire, ça représente...
"Aujourd'hui, plus d'un tiers de la production alimentaire totale sur la planète est perdu, jeté, gaspillé chaque année", rappelle Guillaume Garot. "Nous sommes sept milliards d'êtres humains aujourd'hui, nous serons neuf milliards en 2050. Si vous voulez nourrir neuf milliards d'individus avec la même planète, il faut commencer par ne plus gaspiller", estime le parlementaire, qui se félicite que, notamment grâce à "sa" loi, "la France est en pointe aujourd'hui".
Le pays gaspille néanmoins encore l'équivalent de 16 milliards d'euros chaque année. "Chacun de nous jette 20 à 30 kilos de nourriture par an, dont 7 kilos de produits toujours emballés", dénonce M. Garot, qui avait formé le voeu, avant la loi de 2016, de diviser par deux ce chiffre de 16 milliards.
. La loi de 2016 porte-t-elle ses fruits ?
"Nous devrons, dans les semaines qui viennent, faire un bilan très précis de l'application de la loi, mais ce que nous disent aujourd'hui les associations de solidarité (banques alimentaires, Restos du Coeur, Secours populaire) c'est que le volume des dons a augmenté de façon significative. Les premiers chiffres qui nous sont revenus, montrent une augmentation de 20 à 25%", affirme M. Garot.
La loi, qui a posé le principe de l'interdiction pour les grandes surfaces de détruire de la nourriture consommable, a selon son auteur déjà permis de gommer certaines disparités entre territoires.
. Les principales propositions de l'atelier ?
Parmi les 23 proposition transmises au gouvernement, une mesure phare: faire de la restauration collective, une "actrice de la lutte contre le gaspillage alimentaire", pour "généraliser le don de repas préparés mais non servis aux associations de solidarité".
Cette ambition, qui va nécessiter "des moyens logistiques importants", sous-entend de "respecter les prescriptions sanitaires", souligne M. Garot, qui espère "faire avec la restauration collective ce que nous sommes en train de réussir à faire avec les grandes surfaces".
Autre proposition: créer dans le primaire et le secondaire "un parcours éducatif à l'alimentation et à la lutte contre le gaspillage". S'il y a des initiatives prises par des établissements, souvent sur le temps non scolaire, avec les collectivités locales, Guillaume Garot propose que la lutte contre le gaspillage alimentaire "rentre à l'école", où existe déjà un parcours éducatif santé depuis la rentrée 2016.
"Comment on produit? Comment on conserve les aliments?" seraient quelques-unes des notions transmises aux enfants, "avec l'idée de mieux respecter l'alimentation en tant que valeur", économique mais également culturelle, souligne M. Garot, qui souhaite que l'école fasse de chaque enfant "un futur consommateur responsable".
Pour promouvoir la lutte contre le gaspillage, une autre proposition vise à créer "un label contre le gaspillage alimentaire", que ce soit pour un restaurant, un maraîcher ou une grande surface, détaille M. Garot, qui souhaite "un cahier des charges propre à chaque métier", afin de "donner une visibilité à la lutte contre le gaspillage et permettre au citoyen de peser dans ses choix".
. Comment seraient financées ces mesures ?
Guillaume Garot propose d'affecter une partie de la TGAP (Taxe sur les activités polluantes imposée aux industriels) aux projets de lutte contre le gaspillage alimentaire. "Ce serait logique que la taxation des activités polluantes vienne financer les actions destinées à prévenir le gaspillage", estime-t-il. "Ce que nous proposons, c'est d'affecter 50 millions d'euros par an pour le financement de ces actions sur l'ensemble du territoire national", conclut M. Garot.
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