Glyphosate : le Roundup de nouveau en procès aux Etats-Unis

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Par Julie CHARPENTRAT - San Francisco (AFP)
Publié le 25 février 2019 - 05:00
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Douze militants écologistes ont été condamnés mercredi à 100 euros d'amende, dont 11 avec sursis par le tribunal correctionnel de Béziers pour avoir mené en 2016 une action anti-glyphosate dans un mag
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© Robyn Beck / AFP/Archives
Des bouteilles du désherbant Roundup de Monsantoen vente dans un magasin de Glendale, le 19 juin 2018
© Robyn Beck / AFP/Archives

Le célèbre désherbant Roundup de Monsanto, accusé par ses détracteurs d'être cancérigène, se retrouve de nouveau en procès à partir de lundi aux Etats-unis, six mois après un premier procès historique intenté --et gagné-- par un jardinier malade.

Après Dewayne "Lee" Johnson, un Américain atteint d'un lymphome non-hodgkinien, c'est un autre californien, Edwin Hardeman, qui accuse le produit au glyphosate d'avoir contribué à son cancer, du même type que celui de M. Johnson.

Cet habitant du comté de Sonoma, au nord de San Francisco (ouest), affirme avoir usé abondamment du Roundup pour désherber sa propriété depuis les années 80 jusqu'en 2012, selon ses avocats. Il a porté plainte contre Monsanto début 2016, un an après avoir été diagnostiqué.

Selon la plainte, le géant agro-chimique (désormais propriété de l'allemand Bayer) "savait ou avait les éléments pour savoir que le Roundup était défectueux et non sûr" et qu'il pouvait "entraîner le cancer ou d'autres maladies ou blessures graves".

"L'information que Monsanto a fournie (...) ne contenait pas les avertissements et précautions adéquats qui auraient permis à M. Hardeman (...) d'utiliser le produit de façon sûre", ajoutent les avocats du plaignant, qui accusent aussi, entre autres, la firme "d'avoir diffusé des informations erronées, fausses et trompeuses".

Monsanto, qui vend du Roundup dans le monde entier depuis plus de 40 ans, s'en tient toujours à sa ligne de défense: ses produits ne sont pas dangereux si on respecte les conditions d'utilisation, et des centaines d'études scientifiques le prouvent.

Ce nouveau procès, organisé également à San Francisco, est le premier à s'ouvrir au niveau fédéral américain, l'affaire Johnson étant restée au niveau de la Californie.

Il est juridiquement lié à ces centaines d'autres contre le Roundup à travers les Etats-Unis (un même juge a supervisé les procédures pré-procès avant de renvoyer chaque affaire à sa juridiction) intentés par des plaignants qui accusent eux aussi le désherbant d'avoir causé leur cancer.

Sans qu'il s'agisse d'une action en nom collectif ("class action") puisque les procès seront distincts, le jugement qui sortira de celui-ci donnera un signe important aux autres juridictions et servira de "test".

Le précédent du procès Johnson devrait aussi bien sûr être dans toutes les têtes pendant ces débats, qui devraient durer quatre à cinq semaines.

En août, un jury populaire avait condamné Monsanto à verser 289 millions de dollars de dommages compensatoires et "punitifs", estimant que son produit avait considérablement contribué à la maladie du plaignant et qu'il avait sciemment omis d'avertir des risques.

Ce verdict historique --il s'agissait du premier procès contre le Roundup-- avait suscité une avalanche de réactions à travers le monde.

En octobre, une juge avait toutefois réduit ces sommes à 78,5 millions de dollars, estimant la décision du jury disproportionnée, mais sans revenir sur le fond du verdict, pour lequel Bayer a fait appel.

- Un procès en deux temps -

A la demande de Bayer, le procès Hardeman se déroulera en deux temps: une première phase tentera de déterminer si le Roundup est responsable du cancer du plaignant. Si le jury estime que c'est le cas, il devra décider si oui ou non, Monsanto a une responsabilité (parce qu'il aurait connu mais caché les risques) et si oui, quels sont les dommages et intérêts à verser.

Pour le juge, la scission des débats est censée aider le jury à décider de la responsabilité éventuelle du produit, sans être influencé par la réputation de Monsanto, qui a une image plus que controversée dans le monde, accusé notamment d'avoir manipulé des études.

C'est donc pendant la première phase que les deux parties s'opposeront à coup d'études scientifiques complexes, la défense affirmant qu'elles prouvent l'innocuité du glyphosate, le plaignant assurant qu'elles sont biaisées et ne prouvent rien.

Plébiscité par les cultivateurs pour son efficacité et son faible coût, le glyphosate fait particulièrement polémique en Europe et notamment en France.

Pour rajouter à la complexité du sujet, la molécule fait l'objet de décisions contradictoires à travers le monde.

Contrairement à l'agence fédérale américaine de protection de l'environnement (EPA), le glyphosate est classé "cancérigène probable" depuis 2015 par une branche de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) mais pas par les agences européennes Efsa (sécurité des aliments) et Echa (produits chimiques).

Un nombre croissant d'organisations militent pour son interdiction. La France s'est engagée à sortir du glyphosate d'ici à 2021.

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