Hollande défend son bilan, alimentant la petite musique du retour
François Hollande défend jeudi soir devant la Fondation Jean-Jaurès son bilan lors d'une longue conférence-débat à la Maison de la Chimie, organisée alors que son omniprésence médiatique alimente -déjà !- les spéculations sur un éventuel retour en 2022.
L'ancien chef de l'Etat discutera pendant deux heures avec Gilles Finchelstein, directeur général de la Fondation, Daniel Cohen, président de son Conseil d'orientation scientifique, Anne Muxel, directrice de recherches en science politique au Centre de recherches politiques de Sciences-Po (Cevipof), et Alain Bergounioux, historien et administrateur de la Fondation.
Cette invitation s'inscrit dans le travail d'inventaire entrepris en janvier, indépendamment du PS, par la Fondation et qui doit aboutir en octobre, à l'issue de l'audition de quelque 80 personnes, à la rédaction d'un rapport coordonné par M. Bergounioux.
François Hollande reprendra sans doute les arguments déjà développés dans "Les leçons du pouvoir", un ouvrage de 400 pages dont 80.000 exemplaires ont été vendus et dont il fait depuis deux mois la promotion intensive, dans les médias et dans les librairies de province où il attire les foules.
Un succès qui est, selon l'ancien chef de l'Etat, le signe d'une "adhésion" des Français à son bilan, sur lequel la direction du PS ferait, à ses yeux, bien de "s'appuyer".
Mais le premier secrétaire du PS Olivier Faure, absent à la Maison de la Chimie, tient à marquer ses distances. "François Hollande livre sa part de vérité. Nous aurons la nôtre, tournée vers l'avenir", souligne-t-il auprès de L'Obs. "Les Français ne comprendraient pas que nous ne leur adressions pas un message clair sur ce que nous avons compris de nos échecs", confie-t-il aussi à Sud-Ouest.
Le Conseil national du PS lancera d'ailleurs samedi son propre "chantier" de réflexion sur le bilan du quinquennat.
- "seul aujourd'hui compte" -
Au PS, l'activisme de l'ancien chef de l'Etat agace. "Il faut que François Hollande soit loyal avec son parti, avec son premier secrétaire. Il aurait aimé que (Lionel) Jospin revienne à tout bout de champ pour dire où il devait conduire le parti (quand il le dirigeait, ndlr) ?", s'interroge un proche du député socialiste Luc Carvounas.
Représentante de l'aile gauche du parti, Marie-Noëlle Lienemann se dit "indifférente" à la surexposition médiatique de M. Hollande car elle "ne pense pas que les Français lui referont confiance". Mais elle met en garde: "Tout un tas de gens ne reviendront pas au PS s'ils ont l'impression que c'est le retour de Hollande".
Un retour sur lequel l'ex-chef de l'Etat alimente lui-même une petite musique, en ne l'excluant pas.
"Je n'ai jamais quitté la vie politique mais je ne me place pas aujourd'hui dans une logique électorale", a-t-il déclaré la semaine dernière dans l'émission "Questions d'info" (LCP-Le Point-AFP), en prenant bien soin de souligner que "seul aujourd'hui compte". "Répondre à cette question serait une erreur", a-t-il aussi déclaré à l'Express.
"François Hollande n'est pas candidat pour 2022, et d'ailleurs si même il l'était, il ne nous le dirait pas", a jugé de son côté son ancien ministre Patrick Kanner lundi sur Public Sénat.
Interrogé par L'Obs, M. Faure invite à mots couverts M. Hollande à tourner la page. "Je ne pense pas qu'il ait l'ambition" de revenir, commence-t-il par affirmer. "François Hollande est plus lucide que vous ne le voyez. Il sait qu'aucun président n'est jamais revenu", ajoute-t-il.
Invité de l'émission Le Grand Jury le 27 mai, M. Faure avait rappelé qu'une primaire départagerait quoi qu'il arrive les éventuels candidats à la présidentielle en 2021.
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