Hulot "assume" tout mais regrette une crise des "gilets jaunes" selon lui "évitable"
Nucléaire ou taxe carbone, Nicolas Hulot a tout "assumé" jeudi en sortant d'un silence de trois mois, regrettant malgré tout une "crise" des "gilets jaunes", selon lui "évitable" si le gouvernement avait "entendu" ses suggestions sur l'accompagnement de la transition écologique.
Très attendu sur ce sujet, l'ancien ministre de la Transition écologique qui plaide depuis 10 ans pour une fiscalité verte, a défendu sur France 2 la hausse de la taxe carbone honnie des "gilets jaunes". Mais "il faut un accompagnement social digne de ce nom", a-t-il insisté.
"Je me suis battu, et notamment les semaines qui ont précédé mon départ, pour qu'on change complètement d'échelle dans l'accompagnement social de la transition énergétique et écologique, avec des propositions concrètes", a-t-il déclaré, confronté aux revendications d'un "gilet jaune" en duplex depuis Saint-Brieuc.
"Je n'ai pas été entendu. On m'a opposé des raisons budgétaires, j'en ai tiré les leçons", a ajouté un Nicolas Hulot très remonté sur le plateau de l'Emission politique présentée par la même Léa Salamé qui avait recueilli sa démission fracassante en direct sur France Inter fin août.
"J'aurais préféré effectivement ne pas avoir eu raison sur le risque d'emballement que l'on connaît".
Alors que la mobilisation des "gilets jaunes" se poursuit, le chef de l'Etat doit présenter mardi de nouvelles mesures d'accompagnement pour rendre la transition écologique "plus acceptable".
Face aux questions en plateau l'incitant à critiquer Emmanuel Macron, Nicolas Hulot a botté en touche, refusant de commenter un "désamour" des Français à l'égard du président, le premier à avoir réussi à le convaincre d'accepter un poste de ministre.
Mais lors d'entretiens réalisés pendant un déplacement au pied du plus grand glacier français, la Mer de Glace à Chamonix, l'écologiste s'est montré plus dissert.
Avec Emmanuel Macron, "on n'avait pas le même diagnostic sur l'état de la planète et sur les menaces qui pèsent sur l'humanité. Donc à partir du moment où on n'a pas le même diagnostic, on ne propose pas le même traitement", explique-t-il. "Si on vous dit que vous avez une angine ou un cancer généralisé, ce n'est pas la même chose".
- "la fin du monde" -
Malgré ce retour médiatique et politique, il a assuré qu'il ne soutiendrait aucune liste aux élections européennes de 2019, se disant "disponible (pour agir) mais pas dans le champ politique traditionnel".
Quant à une éventuelle candidature au scrutin présidentiel de 2022, c'est "un fantasme de journaliste", a dit celui qui est redevenu la personnalité politique préférée des Français selon des sondages.
Assurant ne pas regretter sa démission qui, selon lui, a "provoqué une forme de sursaut", il a appelé l'ensemble de la classe politique à s'emparer "de propositions structurantes à la hauteur des réalités du 21e siècle".
A quelques jours de la présentation de la feuille de route énergétique de la France pour les dix ans à venir, il a également "assumé" la décision de report de l'objectif de ramener la part du nucléaire dans la production d'électricité à 50% en 2025.
"On avait pris trop de retard, et sauf à se mettre dans des problèmes de sécurité d'approvisionnement, ce n'était pas jouable", a-t-il dit.
Alors que plusieurs scénarios sont sur la table, il a plaidé pour la fermeture de six réacteurs nucléaires d'ici 2028 en plus des deux de Fessenheim. "Le 50% de nucléaire n'est pas remis en cause, et pour moi c'est un marqueur important".
A deux semaines de l'ouverture de la 24e conférence de l'ONU sur le climat (COP24), il a également appelé à se préoccuper de ce "sujet qui s'appelle la fin du monde".
Un appel repris par l'actrice Juliette Binoche, invitée surprise de l'émission. "Votre démission a été un détonnateur de beaucoup de consciences", lui a-t-elle lancé, invitant dans son émotion les Français à rejoindre le 8 décembre les marches "pour la climatisation... sur le climat pardon".
Nommé pour la première fois ministre en mai 2017, après avoir renoncé à une candidature à la présidentielle un an plus tôt, Nicolas Hulot avait dû avaler bien des décisions contraires à ses convictions, malgré certaines victoires symboliques comme l'abandon du projet d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes.
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