Incendie en Sibérie : au moins 41 enfants tués, Poutine dénonce une "négligence criminelle"
Vladimir Poutine s'est rendu mardi en Sibérie sur les lieux de l'incendie qui a fait au moins 64 morts, dont 41 enfants, dans un centre commercial, dénonçant une "négligence criminelle" tandis que la colère monte en Russie.
Près de deux jours après cet incendie que les autorités attribuent à de nombreuses violations des règles de sécurité, même si les circonstances du départ de feu n'ont pas encore été établies, le président tout juste réélu a rendu visite à des victimes hospitalisées et déposé une gerbe sur le site de l'incendie dans la ville de Kemerovo.
"Le premier sentiment quand on parle du nombre d'enfants morts, ce n'est pas de pleurer, c'est de hurler. Et quand on écoute ce qui se dit ici, franchement, d'autres sentiments surgissent", a déclaré le président russe.
Alors que le bilan officiel est toujours d'au moins 64 morts, une source au sein des services d'urgence régionaux a déclaré à l'agence Ria Novosti que 41 enfants figuraient parmi eux.
Mais ce bilan pourrait n'être que provisoire, une liste de 85 personnes portées disparues ayant été établie par les habitants de Kemerovo, selon l'agence de presse Interfax. Parmi celles-ci figurent probablement des personnes mortes dans l'incendie. L'identification des corps s'avère très difficile et seulement 21 ont pu jusqu'à présent être remis aux familles.
Mardi, des centaines d'habitants se sont réunis dans le centre-ville de Kemerovo, une cité industrielle de plus de 500.000 habitants, réclamant notamment la démission des autorités locales. De vifs échanges ont opposé des habitants et le vice-gouverneur de la région, Sergueï Tsiviliev, qui s'est agenouillé pour leur demander pardon.
"Mon opinion, c'est que le gouvernement qui mène ce pays est coupable. Le nombre de pompiers n'était pas suffisant. Le pays le plus riche manque d'hélicoptères. Et pourquoi? +Il n'y a pas d'argent, mais tenez bon+!", a déclaré un manifestant, selon des images diffusées sur Twitter, faisant référence à des propos du Premier ministre Dmitri Medvedev qui avaient fait scandale en 2016.
- Système d'alerte en panne -
Vladimir Poutine s'est entretenu avec plusieurs hauts responsables locaux et nationaux, mettant en cause les négligences constatées par les autorités. "Que se passe-t-il ici? Il ne s'agit pas d'actions armées, il ne s'agit pas d'une fuite inattendue de méthane dans une mine. Des personnes, des enfants étaient venus ici pour se détendre", a-t-il déclaré.
"On parle de problèmes démographiques mais trop de gens meurent et à cause de quoi? A cause d'une négligence criminelle, de laisser-aller", a-t-il poursuivi, selon des propos retransmis par le site du Kremlin, promettant une "enquête transparente".
Lors de cette réunion, le directeur du comité d'enquête, Alexandre Bastrykine, a précisé que le système d'alarme automatique du centre commercial ne fonctionnait plus depuis le 19 mars et qu'aucune mesure n'avait été prise pour le réparer.
Il a ajouté que plusieurs employés du centre commercial avaient fui les lieux au début de l'incendie, laissant les victimes enfermées à l'intérieur des salles de cinéma fermées à clé. "Ces employés qui étaient en charge de la sécurité, d'organiser les évacuations, ils ont été les premiers à fuir", a-t-il dit.
Un blessé de 18 ans ayant échappé à l'incendie en sautant du 4ème étage, Ivan Zavarzine, a expliqué à Vladimir Poutine que "beaucoup de gens n'ont pas cru à la gravité de ce qui se passait durant les premières minutes, ils croyaient que c'était un exercice", selon le site du Kremlin.
- Colère à Kemerovo -
Le comité d'enquête, l'instance chargée des principales investigations criminelles en Russie, a dit avoir découvert des "violations flagrantes" des règles de sécurité, tant dans la construction que dans la mise en exploitation de ce centre commercial qui avait ouvert en 2013.
Cinq personnes ont été arrêtées, parmi lesquelles le locataire du local où s'est déclenché l'incendie, le directeur de la société gérant le centre commercial et un membre d'une société chargée de la sécurité, soupçonné de n'avoir pas activé le système manuel d'alerte quand l'incendie a éclaté.
De nombreuses rumeurs circulent à Kemerovo dans la population évoquant un nombre plus élevé de victimes que le chiffre officiel, ce qui a poussé le maire Ilia Serediouk a ouvrir les morgues de la ville à un groupe de protestataires.
Une journée de deuil national sera observée en Russie mercredi suite à cette tragédie.
Tous les ans, de nombreuses personnes périssent dans des incendies en Russie, souvent en raison d'une application laxiste des règles de sécurité. En décembre 2015, 23 patients d'un hôpital psychiatrique du sud-ouest de la Russie avaient péri dans l'incendie d'un bâtiment en bois.
En 2013, deux autres incendies dans des établissements psychiatriques avaient provoqué la mort de respectivement 37 et 38 personnes. Le pire incendie de l'histoire récente russe s'est produit dans une boîte de nuit de Perm, en 2009, où avaient péri 156 personnes.
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