Italie : manifestation de taxis en grève contre l'"uberisation"
Des centaines de chauffeurs de taxi italiens ont manifesté mardi à Rome pour protester contre la concurrence qu'ils jugent déloyale de la part des voitures avec chauffeur, au sixième jour d'une grève nationale, a constaté l'AFP.
Les taxis dénoncent la concurrence des voitures de tourisme avec chauffeur (VTC), fournies par exemple par Uber, la plateforme américaine de réservation.
Les VTC à Rome, connus sous le nom de NCC, payent comme les taxis une licence qui vaut plusieurs milliers d'euros. Mais les chauffeurs de taxi dénoncent la concurrence de ceux qui obtiennent cette licence dans d'autres communes italiennes, où les coûts sont nettement moins élevés, pour ensuite venir travailler à Rome ou dans d'autres grandes villes.
"Une licence de taxis à Rome vaut 150.000 euros, mais les NCC la payent dix fois moins cher ailleurs", a ainsi dénoncé à l'AFP Gabriele, 52 ans, devenu chauffeur de taxi depuis 2011, après avoir perdu son travail.
Son collègue Antonio Moratti, 58 ans, cite ainsi l'exemple d'une commune de Calabre (sud), qui aurait vendu quelque 200 licences à des chauffeurs venus ensuite travailler dans des grandes villes, dont Rome, alors qu'elle n'avait l'autorisation que pour deux licences.
Les taxis dénoncent aussi la concurrence sur les tarifs, qui sont bloqués pour eux, mais libres pour les VTC.
La colère des taxis italiens a éclaté après un décret du gouvernement qui gèle jusqu'à la fin de l'année cette situation, en dépit d'un projet de loi visant à réglementer les VTC, mais qui n'a toujours pas été adopté. Le gouvernement a choisi de se donner un délai de réflexion avant de légiférer définitivement dans ce secteur.
Les taxis avaient déjà manifesté lundi à Milan, et ils bloquent depuis plusieurs jours une des places centrales de Turin. Une rencontre est prévue dans l'après-midi entre leurs représentants et le ministre des Transports Graziano Delrio.
L'association italienne des consommateurs, Federconsumatori a réclamé mardi un accord rapide après près d'une semaine de grève.
"Une grève dont les conséquences sont supportées par ceux qui ont à se déplacer est toujours difficile à expliquer et il est encore plus difficile pour les citoyens de se solidariser" avec les taxis, avertit l'association dans un communiqué.
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