La colère monte en Espagne devant la libération prochaine de "La Meute"
La colère montait vendredi en Espagne où des manifestations se préparaient contre la prochaine libération sous caution de "La Meute", cinq hommes qui ont abusé d'une jeune fille de 18 ans, et attendent que leur condamnation à des peines de prison soit revue en appel.
Le tribunal qui avait déjà scandalisé l'Espagne en avril dernier en écartant la qualification de viol pour les faits établis - les accusés s'étaient filmés prenant en tournante la jeune femme rencontrée pendant les fêtes de la San Fermin à Pampelune en juillet 2016 - a autorisé leur mise en liberté sous contrôle judiciaire moyennant une caution de 6.000 euros chacun.
Les cinq hommes âgés de 27 à 29 ans, qui s'étaient baptisés La Manada - La Meute en espagnol - sur leur groupe WhatsApp avaient été condamnés à neuf ans de prison chacun pour "abus sexuel".
"Le Tribunal de La Meute intensifie la colère en la libérant", titre en Une le quotidien catalan La Vanguardia, tandis qu'à Madrid, le journal conservateur ABC proclame en première page "Colère et stupeur devant la libération de La Meute".
Des mouvements féministes ont appelé à manifester vendredi soir à Madrid, mais aussi à Valence, à Séville d'où sont originaires les cinq agresseurs, à Saragosse, à Grenade et d'autres villes d'Espagne.
Les premières manifestations contre "la justice machiste" avaient eu lieu jeudi à Pampelune même, à Barcelone et dans les trois grandes villes du Pays basque : Bilbao, Vitoria et San Sebastian.
"On dirait qu'on veut les libérer pour qu'ils soient prêts à recommencer le 7 juillet, jour de la San Fermin", a déclaré à l'AFP Carmen Roman, une manifestante de 66 ans à Barcelone.
L'indignation est d'autant plus forte que quatre des cinq condamnés font l'objet d'une enquête pour abus sexuel d'une femme de 21 ans en mai 2016, là aussi filmé avec un téléphone portable.
- "Gravissime" -
Dans sa décision rendue publique vendredi, le tribunal de Navarre explique autoriser la libération des cinq Sévillans parce que la pression sociale qui s'exerce sur eux rend "pratiquement impensable" le risque de récidive.
S'ils paient la caution, les condamnés, qui ont déjà passé près de deux ans en détention provisoire, resteront soumis à un contrôle strict : interdiction de quitter l'Espagne et retrait du passeport, obligation de se présenter les lundis, mercredis et vendredis au tribunal de leur lieu de résidence, et interdiction de se rendre à Madrid où réside leur victime.
Mais un des trois juges a émis une opinion divergente, se prononçant pour leur maintien en détention provisoire sans condition pendant la moitié de leur peine, soit quatre ans et demi.
Les cinq jeunes hommes, dont un garde civil et un ancien militaire, attendent leur procès en appel, le parquet ayant contesté le jugement en première instance, parce que trop clément.
Le maire de Pampelune, Joseba Asiron, a annoncé vendredi que la mairie, partie civile dans l'affaire, ferait aussi appel de la mise en liberté.
Une pétition lancée en ligne sur le site change.org contre la libération des condamnés avait recueilli en début d'après-midi plus de 597.000 signatures.
La décision du 26 avril avait provoqué une vague de manifestations dans toute l'Espagne, où les mouvements féministes sont particulièrement puissants.
"Le gouvernement respecte les décisions de justice" mais "il a été surpris par la décision de mise en liberté provisoire", a déclaré sa porte-parole, Isabel Celaa.
Elle a souligné que la victime "avait dit non", que les "faits prouvés et condamnés étaient gravissimes" et annoncé que le gouvernement allait proposer une réforme des articles du Code pénal sur les agressions sexuelles.
La toute première mesure annoncée par le nouveau gouvernement de Pedro Sanchez, entré en fonctions au début du mois et composé de 11 ministres femmes pour six hommes, est une formation des magistrats pour les sensibiliser aux questions de violences faites aux femmes.
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