L'affaire Benalla paralyse l'Assemblée et la révision constitutionnelle

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Par Anne Pascale REBOUL - Paris (AFP)
Publié le 20 juillet 2018 - 17:34
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Le projet de révision constitutionnelle s'est retrouvé vendredi victime collatérale de l'affaire Benalla, les oppositions réclamant, en vain, d'entendre Gérard Collomb et surtout Edouard Philippe, avant de reprendre l'examen de cette réforme qui s'enlise.

Alors que quelque 1.470 amendements restent à débattre, la majorité a dénoncé en retour une volonté "d'obstruction" des oppositions, qui rejettent ce texte réduisant, selon elles, les pouvoirs du Parlement.

Comme une grande partie de la journée de jeudi, la journée de vendredi dans l'hémicycle a consisté en une succession de rappels aux règlements et suspensions de séance.

Face au blocage, les travaux ont été interrompus plus tôt que prévu en fin d'après-midi et reprendront à 21H30, puis en principe tout le week-end. Aucun parlementaire ne se risque plus cependant maintenant à prévoir une date de fin d'examen de la réforme constitutionnelle.

Ce sont les articles de presse affirmant que le ministre de l'Intérieur était au courant dès le 2 mai des violences commises par Alexandre Benalla qui ont provoqué ces levées de boucliers.

LR, socialistes, Insoumis, communistes et extrême droite ont dénoncé des "mensonges" de M. Collomb, qui a laissé entendre jeudi, devant le Sénat, que la saisine de la police des polices était nouvelle. Ces députés ont "exigé", comme déjà la veille, qu'il vienne s'expliquer au plus vite devant la représentation nationale.

La ministre de la Justice Nicole Belloubet, seule représentante du gouvernement présente, a tenu en fin de matinée à "condamner les propos tenus qui mettent en cause la bonne foi d'un ministre de la République". Elle a rappelé qu'il n'existait pas de pouvoir d'"injonction" des députés pour entendre un ministre.

Les révélations sur la transmission par trois policiers d'images de vidéo-surveillance à M. Benalla ont entraîné une nouvelle salve de demandes. "C'est le cœur de l’État qui est atteint. Nos travaux doivent cesser immédiatement, le Premier ministre doit venir s'expliquer", a tonné le patron des députés LR Christian Jacob, qui a écrit en ce sens au chef du gouvernement en lui demandant une déclaration au titre de l'article 50-1 de la Constitution.

- fin de non-recevoir -

Tous les responsables des groupes d'opposition lui ont emboîté le pas dans l'après-midi, après une réunion à huis clos. Plusieurs députés ont épinglé "mépris" ou "dédain" d'Edouard Philippe, qui n'a pas modifié son agenda et a suivi la 13ème étape du Tour de France cycliste.

Depuis Valence, il a envoyé une fin non-recevoir en indiquant qu'il s'exprimerait mardi lors des questions au gouvernement (QAG) et a appelé d'ici là à la "responsabilité" face à "l'obstruction parlementaire" et la "récupération politique"

Récusant toute "volonté d'étouffer" l'affaire, le chef de file des députés LREM Richard Ferrand a critiqué en séance des oppositions cherchant à "saboter cyniquement les travaux de l'Assemblée nationale".

"Vous êtes dans une course à l'échalote", a aussi pointé Marc Fesneau, président du groupe MoDem. "Une journée d'obstruction parlementaire, c'est 2,5 millions d'euros d'argent public", a souligné le questeur Florian Bachelier (LREM), sous des protestations.

Jeudi, la majorité avait accédé à la demande des oppositions de créer une commission d'enquête parlementaire. Ses pouvoirs d'enquête, conférés pour un mois à la commission des Lois, porteront sur "les événements survenus à l'occasion de la manifestation du 1er-Mai".

Le bureau de cette commission devait se réunir vendredi soir à 20H00 pour décider d'auditions mais de nombreux députés auraient voulu que le rendez-vous ait lieu plus tôt, et que ses réunions soient publiques. Ugo Bernalicis (LFI) a demandé qu'Emmanuel Macron soit auditionné, sous les protestations de la majorité.

Mme Belloubet et la majorité s'en sont remises à cette commission, qui pourrait entendre lundi M. Collomb.

Dans les couloirs, quelques élus LREM, la fatigue aidant au neuvième jour d'examen du projet de loi constitutionnelle "pour une démocratie plus représentative, responsable et efficace", peinent à cacher leur désarroi. Selon une source parlementaire, "c'est le bras de fer, c'est le premier qui lâchera", gouvernement ou oppositions.

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