Le conservatisme, une valeur en hausse sur les campus américains

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Par AFP
Publié le 24 mai 2017 - 10:31
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Un étudiant conservateur partisan de Donald Trump à Boston, aux Etats-Unis, le 9 mai 2017
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© William EDWARDS / AFP
Un étudiant conservateur partisan de Donald Trump à Boston, aux Etats-Unis, le 9 mai 2017
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Les universités américaines sont réputées pour être des bastions démocrates et progressistes. Mais avec l'élection de Donald Trump, les étudiants conservateurs sortent du bois et les idées conservatrices gagnent du terrain.

Les récentes manifestations violentes à Berkeley ou sur d'autres campus pour empêcher des conférences de polémistes ultra-conservateurs, comme Milo Yiannopoulos ou Ann Coulter, pourraient laisser penser que les étudiants démocrates monopolisent l'expression politique sur les campus. Pas tout à fait.

Même s'ils restent minoritaires, "les étudiants conservateurs hésitent de moins en moins à s'exprimer publiquement", estime Sterling Beard, rédacteur en chef du site Campus Reform, qui soutient les jeunes conservateurs en dénonçant les "travers" progressistes des universités.

Les violences récentes leur facilitent la tâche, explique-t-il, car elles montrent "combien leurs homologues progressistes sont devenus hystériques".

Nick Fuentes à l'université de Boston, William Long à Harvard sont deux de ces nouvelles voix conservatrices: ils terminent tous deux leur année universitaire, heureux de s'être battus pour faire entendre leurs idées face à des pairs majoritairement du camp opposé.

Tous deux ont voté Trump, pour des raisons différentes.

William Long, 20 ans, fils d'immigrés chinois originaire de l'Oklahoma, en troisième année d'un double cursus informatique et politique, est républicain au sens traditionnel du terme: anti-avortement, pour l'esprit d'entreprise et une fiscalité réduite, conservateur "pour conserver les bonnes choses".

- 'Fasciste', 'paria' -

Plutôt modéré, il reconnaît que les raisons qui l'ont poussé à voter Trump sont "complexes" et qu'il a "eu du mal" au lendemain de l'élection à le dire à ses camarades, prompts à "traiter de fascistes" les électeurs du milliardaire.

Pourtant, si "les républicains actifs représentent moins de 5%" des étudiants de Harvard, estime-t-il, la victoire de Trump "nous a donné une sorte de plateforme".

"Beaucoup de gens se sont demandés, +comment ça a pu arriver? qui a voté pour lui? (...) Ca nous a donné une voix, les gens avaient envie de nous écouter", dit cet étudiant qui anime désormais régulièrement des débats.

Nick Fuentes, 18 ans, étudiant en sciences politiques et relations internationales, est plus radical.

Il s'identifie avec la "nouvelle droite" ou "alt-right", veut arrêter l'immigration et dénonce "l'invasion du politiquement correct" sur les campus. "Politiquement correct" également dénoncé dimanche par le vice-président Mike Pence, boudé par des dizaines d'étudiants lors d'une cérémonie de remise des diplômes à la prestigieuse université catholique de Notre-Dame.

Fuentes soutient ardemment Donald Trump et se promène, avec un goût assumé de la provocation, dans les rues de Boston avec sa casquette au célèbre slogan "Make America Great Again".

Cela lui vaut d'être traité en "paria", d'être "harcelé sur les réseaux sociaux", de se faire insulter et même parfois "menacer de mort", raconte-t-il.

Il aurait pu choisir une université chrétienne conservatrice, où "tout le monde serait d'accord avec moi". Mais "où serait l'intérêt?" demande ce polémiste en herbe.

Jonglant avec brio avec actualités et références historiques, il s'est trouvé une audience en enregistrant toute l'année, depuis sa petite chambre d'étudiant une émission reprise sur Right Side Broadcasting Network, une chaîne conservatrice sur Youtube.

Mais malgré leurs efforts, les deux étudiants ne pensent pas pouvoir changer substantiellement l'équilibre conservateurs-démocrates sur les campus.

Même Sterling Beard, de Campus Reform, n'attend "pas de changement à court terme".

- 'Apprendre' de Trump -

Pourtant Marie Danziger, professeure depuis trente ans à l'école Kennedy de Harvard, célèbre pour avoir formé de nombreux dirigeants américains, estime que même si étudiants et professeurs conservateurs restent minoritaires, les idées conservatrices gagnent indéniablement du terrain.

Alors qu'autrefois, ils étaient souvent "idéalistes", prêts à parfaire leur formation en allant travailler pour des ONG en Afrique, par exemple, "aujourd'hui, nos étudiants sont bien plus à l'aise avec ce que nous appelons une mentalité conservatrice, pro-monde des affaires", dit-elle.

Une montée du conservatisme alimentée aussi par le nombre croissant, parmi les étudiants, de militaires et d'étrangers venus de pays où l'économie passe avant les droits de l'Homme, comme la Chine, la Russie ou Singapour, explique-t-elle.

"L'autre grand changement", selon cette professeure qui enseigne l'art de la persuasion, est que ses étudiants "se rendent compte que nous faisons partie de ce +un pour cent+ de privilégiés honnis par beaucoup de ceux qu'ils auront à diriger à l'avenir. Ce qui signifie qu'il va falloir mettre une sourdine à notre éducation supérieure ou à nos penchants gauchistes".

"Beaucoup ont été impressionnés par la façon dont (Trump) a surpris tout le monde en se faisant élire. Du coup mes étudiants s'interrogent: +que pouvons-nous apprendre de Trump que nous puissions utiliser de façon acceptable, moralement et s'en tenant aux faits?+ C'est avec ce problème que je vais ouvrir mon cours en septembre!" avance-t-elle.

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