A l'école municipale de foot, les Grenobloises tapent dans les préjugés

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Par Sophie LAUTIER - Grenoble (AFP)
Publié le 18 avril 2018 - 14:30
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Neïla Soualmia, 10 ans, à l'école municipale de foot féminin de Grenoble, le 28 mars 2018
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© JEAN-PIERRE CLATOT / AFP/Archives
Neïla Soualmia, 10 ans, à l'école municipale de foot féminin de Grenoble, le 28 mars 2018
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Un petit gabarit avec du vif-argent dans les jambes: Neïla, 10 ans, se faufile et dribble sur la pelouse du stade Argouges. Pratiquer le foot, elle en rêvait. L'école municipale de foot féminin de Grenoble, une première en France, lui a permis d'assouvir sa passion.

"Quand j'étais petite, je regardais des matches à la télé et ça m'a donné envie", raconte à l'AFP la fillette, qui jouait au ballon au pied de son immeuble "avec les garçons et, des fois, avec les filles".

Fatiha Soualmia, sa mère, se souvient bien que "vers 6 ans", elle en parlait déjà même si elle "a commencé par un autre sport", le taekwondo. Et puis, en septembre dernier, "elle m'a ramené un prospectus sur le foot féminin avec la ville".

A partir de ce jour, Neïla chausse les crampons toutes les semaines et a même intégré le club du Grenoble Foot (GF 38) en janvier, poussée par les éducatrices qui supervisent les entraînements. Ecole et club partagent le même stade les mêmes jours afin de favoriser les passerelles.

"Ca existe depuis 2015. On appelle ça +école+ de foot mais les filles viennent surtout s'amuser et pratiquer librement sans être jugées", explique Laura Meynier, 26 ans, animatrice et joueuse du GF 38, qui évolue en 2e division.

Car quoi qu'en disent les parents très ouverts de Neïla, pour qui "il faut suivre la volonté de l'enfant" dans ses choix, "il n'est souvent pas naturel pour une petite fille de faire du football", souligne Xavier Poizat, responsable de l'école de foot féminine du GF 38.

- Plutôt la danse -

"La plupart des parents, surtout les mères, préfèrent que leur fille fasse de la danse, de la gymnastique ou de la natation. Le foot vient vraiment en dernier - question de culture - alors qu'aux Etats-Unis, c'est un sport de filles. Beaucoup de parents ne l'acceptent que sur le tard après que leur fille les eurent serinés pendant deux, trois voire quatre ans", raconte M. Poizat.

La création de cette école de foot gratuite - initiative inédite dans le pays - "est partie de notre priorité de développer le sport féminin et de laisser les préjugés au vestiaire", explique Eric Piolle, maire (EELV) de Grenoble depuis 2014.

Et pour atteindre ce but, "il y a avait besoin d'un espace confortable dans lequel amorcer une pratique", poursuit l'édile, rappelant qu'au démarrage, un ramassage en car était organisé pour favoriser la mixité sociale.

Depuis, le dispositif a fait ses preuves, avec une cinquantaine d'inscrites et une trentaine de pratiquantes régulières. Sans compter celles qui basculent en clubs, dont les subventions font l'objet de critères de parité.

La volonté de la mairie a convergé avec les efforts du GF 38 qui cherchait à constituer des groupes d'entraînement de filles plus importants.

"Le foot féminin n'est pas assez structuré pour ne faire que de l'élite, en tous cas dans la grande majorité des clubs, hormis à Lyon qui est un des seuls à y arriver", analyse Nicolas Bach, directeur sportif de la section féminine du GF 38 et entraineur de l'équipe de D2.

- Marge de progression -

Si le but est d'abord la "promotion" de ce sport populaire et le développement "moteur, social et éducatif" des fillettes, l'envie de pousser les plus talentueuses vers le "haut niveau" existe évidemment, souligne l'entraineur, rappelant qu'Aminata Diallo, qui joue en équipe de France A, est issue du quartier grenoblois de la Villeuneuve. La joueuse du PSG "a fait toute sa formation en étant la seule fille dans un club de garçon".

Tous attendent beaucoup de la Coupe du monde féminine, organisée en France en 2019 et dont six matches seront joués à Grenoble.

"On espère un engouement. Peut-être qu'on aura sur ce terrain 80 à 90 filles", rêve Nicolas Bach. Pour Xavier Poizat, ce serait l'occasion que "d'autres clubs de l'agglomération" se lancent dans l'aventure du foot féminin. Et que cela "amènent de plus en plus de licenciées", renchérit Laura Meynier, qui se réjouit déjà d'une ligue rhône-alpine en constante augmentation, avec 21.500 licenciées.

En France, la Fédération française de football (FFF) dénombre 163.675 licenciées, quand l’Allemagne en compte un million. Il y a encore une "marge de progression", comme disent les footeux.

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