Les fonctionnaires privés de prime exceptionnelle, leurs syndicats en colère

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Par Anne-Sophie THILL - Paris (AFP)
Publié le 21 décembre 2018 - 15:53
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Le secrétaire d'Etat chargé de la Fonction publique, Olivier Dussopt, le 12 décembre 2018 à l'Elysée
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© ludovic MARIN / AFP/Archives
Le secrétaire d'Etat chargé de la Fonction publique, Olivier Dussopt, le 12 décembre 2018 à l'Elysée
© ludovic MARIN / AFP/Archives

Privés de prime exceptionnelle, les fonctionnaires devront se contenter des mesures d'urgence d'Emmanuel Macron en réponse à la crise des "gilets jaunes", une annonce qui a provoqué l'ire de leurs représentants syndicaux.

Le gouvernement n'a pas pris la "mesure du malaise qui s'exprime dans la Fonction publique", ont réagi vendredi dans un communiqué commun les organisations syndicales de la fonction publique (CGC, CFTC, CFDT, CGT, FA/FP, FO, FSU, Solidaires et Unsa), à l'issue d'une réunion avec Olivier Dussopt, le secrétaire d'Etat chargé de la Fonction publique.

"Devant l'absence de réponse de sa part, elles décideront des moyens nécessaires pour peser afin d'être entendues".

Les agents étaient "cruellement absents" du discours d'Emmanuel Macron le 10 décembre, a relevé Jean-Marc Canon de la CGT (1er syndicat de la fonction publique), interrogé par l'AFP en amont de cette réunion.

Le secrétaire d'Etat a décliné des "annonces humiliantes pour les fonctionnaires", a fustigé à l'AFP Christian Grolier, de FO-Fonction publique, (3e syndicat), qui espère une "mobilisation la plus large possible" d'ici à "fin janvier, début février 2019".

Accordé au secteur privé, le dispositif de prime exceptionnelle ne s'appliquera pas dans la fonction publique.

"Il nous paraît difficile au niveau de l'Etat d'imposer aux collectivités locales et aux hôpitaux le versement d'une prime aussi conséquente", a justifié Olivier Dussopt à l'issue de la réunion, ajoutant que le "problème est purement budgétaire" et que "cela représenterait une dépense de plus de cinq milliards d'euros". Cette prime sera donc versée selon leur bon vouloir: la région Bourgogne-Franche-Comté a ainsi décidé de verser 100 à 200 euros à ses quelque 4.500 agents.

"C'est absolument incompréhensible que le gouvernement incite les entreprises à verser une prime exceptionnelle à leurs salariés et dans le même temps s'en exonère lui-même pour ses propres agents", s'est offusquée Mylène Jacquot (CFDT).

Cette prime exemptée de cotisations sociales et d'impôts jusqu'à 1.000 euros et que les entreprises auront la possibilité de verser, d'ici au 31 mars, à des salariés rémunérés jusqu'à 3.600 euros, fait partie des mesures d'urgence annoncées par le gouvernement pour répondre à la crise des "gilets jaunes".

- "coût collectif" -

La réunion avec les syndicats visait justement à présenter les mesures d'urgence les concernant: les agents publics, tout comme les salariés du privé, pourront ainsi bénéficier du dispositif de défiscalisation des heures supplémentaires au 1er janvier 2019. "Cela représente un gain qui peut être non négligeable de plusieurs centaines d'euros par an en termes de pouvoir d'achat", a souligné auprès de l'AFP Olivier Dussopt, qui estime que 1,5 million d'agents publics sont concernés.

Le gouvernement vise aussi l'élargissement de la revalorisation de la prime d'activité à 600.000 fonctionnaires (soit 12%) contre 400.000 actuellement (8%).

En outre, les retraités du secteur public sont concernés par l'exemption de la hausse de la CSG, comme les retraités du secteur privé, si leur revenu est inférieur à 2.000 euros nets par mois.

Revendication de longue date des organisations syndicales, le point d'indice des fonctionnaires n'augmentera pas en 2019, a confirmé M. Dussopt.

"Si, début janvier, il y a des négociations sur la rémunération des agents alors tout est possible: la balle est dans le camp du gouvernement", espère Luc Farré de l'Unsa. Mais le "refus, aujourd'hui encore, d'ouvrir des négociations salariales dans la Fonction publique est tout autant navrant qu'inacceptable", s'est indignée la FSU dans un communiqué.

M. Dussopt avait déjà annoncé en juin le maintien du gel du point d'indice, gelé entre 2010 et 2016 puis de nouveau en 2018 et qui sert au calcul de la rémunération de plus de cinq millions de fonctionnaires.

"Lorsqu'on augmente le point d'indice de 1%, cela coûte au total deux milliards d'euros de dépense publique, alors que pour un agent payé au Smic, c'est un gain d'à peu près 8 euros", a-t-il expliqué, relevant que le "coût collectif est très important pour un avantage individuel qui est très faible".

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