Les nanoparticules, passagers clandestins de nos assiettes aux effets méconnus

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Par AFP
Publié le 24 août 2017 - 16:23
Mis à jour le 25 août 2017 - 00:50
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Un chercheur travaille à l'étude sur les nanoparticules dans un laboratoire de l'Institut national d
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© JEAN-CHRISTOPHE VERHAEGEN / AFP/Archives
Un chercheur travaille à l'étude sur les nanoparticules dans un laboratoire de l'Institut national de Recherche et de Sécurité (INRS), le 31 mars 2011 à Vandoeuvre-lès-Nancy
© JEAN-CHRISTOPHE VERHAEGEN / AFP/Archives

Infiniment petits et potentiellement toxiques: des additifs sont présents sous forme de nanoparticules dans des sucreries sans que ce soit spécifié, dénonce le magazine 60 Millions de Consommateurs, qui s'inquiète des effets pour la santé et tance les industriels pour leur opacité.

Cet avertissement de la publication de l'Institut national de la consommation, un établissement public indépendant, résonne comme un écho aux alertes déjà lancées par diverses ONG qui commencent à faire réagir certains fabricants.

Cible des tests pratiqués, l'additif E171 ou dioxyde de titane est composé en partie de nanoparticules. Il est utilisé dans l'industrie agroalimentaire et cosmétique pour blanchir et intensifier la brillance de confiseries, plats préparés et même des dentifrices.

Des propriétés optimisées sous la forme nano, 50.000 fois plus petite qu'un cheveu, laquelle pose en revanche question pour la santé car elle passe plus facilement les barrières physiologiques, selon l'association.

"On sait que les nanoparticules (...) peuvent passer la barrière intestinale et se retrouver dans différents organes, comme le foie, le coeur, les poumons, et on ne sait pas encore ce qu'elles peuvent devenir", a expliqué à l'AFP Patricia Chairopoulos, co-autrice de l'étude, en reprochant aux industriels concernés de faire preuve de "manque de vigilance" et de "manque de rigueur".

L'association des fabricants de dioxyde de titane affirmait en mars dernier que cet additif n'était "pas utilisé comme nanoparticule dans les aliments".

Pourtant, sur 18 produits sucrés testés, il a été retrouvé systématiquement, mais dans des proportions variées: il représentait de 10% à 100% de l'additif présent dans ces différentes sucreries, parfois célèbres, des biscuits Napolitain de Lu (12%) aux gâteaux glacés Monoprix Gourmet (100%), en passant par les M&M's (20%).

Si la plupart des industriels sollicités par 60 Millions ont affirmé ne pas utiliser de nanomatériaux, une toute petite partie d'entre eux ont, selon les auteurs de l'enquête, fait part de leur intention d'appliquer "le principe de précaution".

Auchan a ainsi indiqué à l'AFP que "tous les produits de marque Auchan contenant des nanoparticules vont être retirés des rayons" et qu'"une bonne partie l'a déjà été".

Intermarché, de son côté, affirme avoir obtenu de son fournisseur un changement de recette des bonbons incriminés.

- La répression des fraudes enquête -

D'une manière générale, la présence d'E171 apparaît clairement sur les étiquettes, mais jamais la mention nanoparticules, selon 60 Millions, qui rappelle pourtant qu'un règlement européen contraint théoriquement les fabricants à apposer la mention "nano" avant le nom de l'ingrédient concerné.

"On ne sait pas grand-chose sur cette forme nano. C'est ça qui nous pose problème, d'autant plus qu'une étude récente de l'Inra est parue en janvier 2017, qui entraîne un peu de suspicion", a expliqué Mme Chairopoulos.

L'Agence nationale de Santé a été saisie en janvier par les ministères de l'Economie, de la Santé et de l'Agriculture pour déterminer si ce produit "présente un éventuel danger pour les consommateurs", après la publication d'une étude de l'Inra concluant que l'exposition chronique au E171 favorisait la croissance de lésions pré-cancéreuses chez le rat.

Huit ONG ont adressé, le 17 juillet dernier, une lettre ouverte au gouvernement français demandant "la mise en place urgente de mesures de précaution", avec notamment l'interdiction temporaire des nanoparticules présentes dans le colorant E171.

L'ONG Agir pour l'environnement, qui avait déjà alerté en juin 2016 sur cette question, juge "la persistance de cette contamination comme un véritable scandale qui engage la responsabilité du gouvernement, des industriels et des distributeurs".

Contactés par l'AFP, les services de la répression des fraudes ont indiqué effectuer des contrôles depuis 2015 et avoir déjà relevé en 2016 l'absence de nanoparticules dans 54 produits contrôlés. La synthèse de ces contrôles est encore en cours de finalisation.

En revanche, en 2017, des analyses en laboratoire toujours en cours ont déjà mis en évidence la possible présence de "nanoingrédients" dans quatre aliments sur les cinq déjà analysés.

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