Les scandales qui ont ébranlé l'Eglise catholique d'Irlande

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Par Antoine POLLEZ - Londres (AFP)
Publié le 25 août 2018 - 06:00
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Sanctuaire en mémoire des enfants enterrés dans une fosse commune après leur naissance dans le foyer St Mary des sœurs du Bon Secours de Tuam (ouest de l'Irlande), le 9 juin 2014
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© PAUL FAITH / AFP/Archives
Sanctuaire en mémoire des enfants enterrés dans une fosse commune après leur naissance dans le foyer St Mary des sœurs du Bon Secours de Tuam (ouest de l'Irlande), le 9 juin 2014
© PAUL FAITH / AFP/Archives

Abus sexuels, adoptions illégales, jeunes filles réduites en esclavage : l’Église catholique s'est retrouvée, depuis les années 1980, au cœur de plusieurs scandales retentissants en Irlande.

Alors que le Pape François rencontrera certaines victimes pour sa première visite dans ce pays, samedi et dimanche, voici les principales affaires qui ont ébranlé l'Eglise catholique irlandaise ces dernières années.

- Prêtres pédophiles:

Les dirigeants de l’Église catholique irlandaise sont accusés d'avoir couvert des centaines de prêtres soupçonnés d'avoir commis des abus sexuels sur des milliers d'enfants pendant plusieurs décennies.

Les premières accusations sont apparues dans les années 1980, au début d'une vague de révélations qui allait devenir mondiale. Elle ont abouti à plusieurs enquêtes et à des procès au civil et au pénal.

"Les abus sexuels étaient endémiques dans les institutions pour garçons", a établi une commission d'enquête qui a étudié la période allant de 1936 à la fin des années 1990, à la demande du gouvernement.

"Les autorités religieuses savaient", ont affirmé les enquêteurs, mais "le problème était traité avec des procédures disciplinaires internes".

Le gouvernement a mis en place un dispositif public de compensations financières pour les victimes, auquel se sont adressées plus de 14.500 personnes.

L’Église avait mis en place, en 1996, après plusieurs scandales, une procédure interne détaillée demandant à ce que de tels actes soient systématiquement "rapportés à la police".

Elle a dévoilé, à partir de 2008, une série d'enquêtes internes, faisant apparaître des allégations d'abus sexuels, commis depuis 1975, par au moins 85 prêtres.

- Les blanchisseries de la Madeleine:

Entre 1922 et 1996, plus de 10.000 jeunes filles et femmes ont travaillé gratuitement dans des blanchisseries exploitées commercialement par des religieuses catholiques.

Les pensionnaires, surnommées les "Magdalene Sisters", étaient principalement des jeunes filles tombées enceintes hors mariage ou qui avaient un comportement jugé immoral, notamment des victimes de viols ou des prostituées.

En 2013, les autorités irlandaises ont publié un rapport de 1.000 pages sur ces agissements, forçant le Premier ministre de l'époque, Enda Kenny, et les congrégations religieuses à présenter des excuses publiques.

Dans plus d'un quart des cas, l’État était responsable d'avoir envoyé ces femmes dans ces blanchisseries.

- Fosse commune:

En 2015, le gouvernement a lancé une commission pour enquêter sur 18 maisons "mère-enfant" qui hébergeaient de jeunes filles-mères non mariées, pour examiner leur "fort taux de mortalité" de nouveaux-nés.

Cette enquête faisait suite aux travaux d'une historienne, Catherine Corless. Elle affirmait que près de 800 enfants nés dans l'une de ces maisons de naissance, le foyer St Mary des sœurs du Bon Secours de Tuam (ouest de l'Irlande), avaient été enterrés dans une fosse commune, entre 1925 et 1961.

Les certificats de décès établissaient que ces enfants étaient morts de malnutrition et de maladies infectieuses, comme la tuberculose et la rougeole.

Une "quantité importante" de restes d'enfants avait été découverte en 2017.

En 2014, Enda Kenny avait qualifié "d'abomination" la façon dont avaient été traitées ces jeunes femmes et déploré que leurs enfants aient été considérés comme "des sous-espèces inférieures".

- Adoptions illégales:

Plusieurs enquêtes ont révélé ces dernières années l'ampleur des pratiques d'adoptions illégales d'enfants nés de femmes non mariées, réalisées par l’État avec la complicité de l’Église catholique.

Une enquête visant une agence d'adoption, la St Patrick's Guild, gérée par les Sœurs de la charité, une congrégation catholique, a établi en mai qu'au moins 126 certificats de naissance avaient été falsifiés entre 1946 et 1969, faisant apparaître les parents adoptifs des enfants comme leurs parents biologiques.

Le Premier ministre Leo Varadkar a adressé des excuses au nom de l’État, estimant que ces révélations constituaient "un nouveau chapitre sombre de l'histoire du pays".

L'agence mise en cause a cessé ses activités en 2014. Mais selon l'ONG de défense des enfants Barnardos, toutes les agences d'adoption ont été impliquées dans des pratiques illégales comparables.

Son directeur a préconisé qu'au moins 150.000 adoptions fassent l'objet d’une enquête, estimant que 10% d'entre elles étaient illégales.

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