Complexes : comment assumer son corps à l’approche de l’été ?

Tout le monde (ou presque) a des complexes. Et à l'approche de l'été, nombreux sont ceux qui souhaiteraient perdre ou prendre quelques kilos pour apparaître sous leur meilleur jour. Mais accepter son corps reste encore la meilleure des solutions. Alors pour se sentir bien dans sa peau et dans sa tête, le psychanalyste Rodolphe Oppenheimer, partenaire de "FranceSoir", délivre ses conseils.

Il est parfois difficile de montrer son corps. Ce phénomène touche essentiellement les femmes, mais aujourd’hui les obligations, les modes touchent également les hommes. Vous avez un corps, il faut l’accepter tel qu’il est ou le façonner pour le transformer en douceur vers un objectif bien précis qui vous conviendra. Il est inutile de s’affamer, de l’affamer pour espérer perdre quelques kilos. Le corps est comme vous, il n’aime pas qu’on se moque de lui. La première question à se poser est la suivante: "Suis-je bien dans mon corps?".

Il n’y a pas d’autres normes que celles que vous vous imposez. Les hommes ou les femmes ont des regards différents. Chaque époque désigne un standard. Pour parler des femmes girondes, certains termes ne sont pas élégants, mais ces derniers relèvent de critères exclusivement masculins. Les femmes ont également les leurs – ils sont plus positifs mais ils sont également révélateurs d’une certaine vision standardisée. Souvenez-vous du film Les bronzés dans lequel Dominique Lavanant, allongée sur la plage répondait à Gigi: "les hommes je les aime grands, blonds, cheveux en brosse, exagérément musclés". Gigi, elle, les aime très distingués, comme Paul Newman avec les cheveux légèrement dégarnis. Loin des tops modèles de 18 ans qui prêchent pour les crèmes antirides dans les magazines.

A la veille de la période estivale, les photos sont retouchées par des logiciels. Aimer son corps, c’est accepter ses imperfections et être libre, libre de se faire plaisir, de manger, de boire de temps en temps, de picorer parfois. Il ne faut pas être assujettit au seul regard de l’autre.  Ce type de comportement pousse à en vouloir toujours plus: régimes à outrance, crèmes et bistouri. Fixez-vous des objectifs concrets et sans danger. Les hommes connaissent les problèmes liés à la consommation excessive de bière – le phénomène du ventre arrondit. Les femmes connaissent aussi les risques des grignotages, du pain en trop grande quantité etc.

Eté comme hiver, si vous acceptez de lâcher prise, de vous assumer tel(le) que vous êtes, d'avoir les défauts de vos qualités, l’accès au bonheur et à l’épanouissement devient alors possible. Oubliez ce qui vous gêne, cela vous permettra de penser à ce que vous aimez sans le diktat du regard de l’autre et de la pression sociale. Vous habituerez ainsi votre cerveau à penser de façon positive. Il faut inverser la balance qualité/défaut. Il va de soi qu’une alimentation saine vaut mieux que de la malbouffe, un teint doré est agréable sans pour cela "brûler" sous des rayons X. La gestion de votre corps ressemble à la vie elle-même: tout est une question de dosage.

Si vous souffrez de la présence de vergetures, il faut analyser les choses. Peut-être êtes-vous mère? Donner la vie a parfois un impact sur le corps. Ou alors, la présence de ces vergetures est-elle due tout simplement au fait que, dans votre vie, il vous est arrivé de grossir puis de maigrir ou inversement. Cela montre que vous avez vécu et cela se voit sur votre corps. Cela ne veut pas dire que vous devez rendre négatif cet impact du temps. Il est le reflet de ce qui fait votre entièreté, celle dont vous devez être fier(e). N’avez-vous jamais entendu des personnes dirent que les hommes ridés, que les cheveux grisonnants sont sexy! Que les femmes mûres assumant leur âge sont belles! Il s’agit du symbole du temps qui passe et de la sagesse qui commence à dominer les passions.

Un complexe ne repose jamais sur une réalité, il s’agit d’une idée obsessionnelle qui est à vous et qui vous a été imposée par des critères extérieurs. Plus vous y pensez, plus il revient en force. Vous n’avez pas le choix, si vous voulez profiter de votre été, il faut mettre cette idée obsessionnelle de côté et l’oublier. Sachez vous entourer de personnes saines et bienveillantes. Il existe des ami(e)s jaloux qui critiquent constamment le physique de leurs amis, il convient de se défaire de ce genre de structures psychiques car ils ne sauront que vous dévaloriser.

Un être, une personne, c’est un tout: physique, psychisme, intelligence, culture etc. Pour faire ce "tout" il faut tout additionner. C’est encore une fois un long travail sur soi et l’été est le moment où le soleil sera votre projecteur. Mais l’été ça peut être toute l’année si vous avez décidé d’être heureux. Quelque soit le moment de votre vie - étudiant, adulte, retraité - l’été est toujours à huit heures d’avion! Ne misez pas tout sur un moment déterminé, vivez comme on croque une pomme, faites-le avec le courage de la beauté et avec la rage de la douceur.

Plus vous saurez vous accepter, plus vous accepterez de vous accepter. Autorisez-vous à vous aimer et de vous laisser aimer afin de vous autoriser une intimité des plus agréables sans le souci du regard de l’autre. Il est impératif de se parler. Quelques phrases suffisent à cet exercice: "J’arrête de me regarder sans cesse", "Je choisis des vêtements dans lesquels je suis à l’aise et non ceux de l’égérie de l’année", "Je prends des dessous qui me ressemblent", "j’apprends à me faire plaisir, à prendre soin de moi".

Il est temps de vous mettre à la méditation de pleine conscience, c’est-à-dire le Mindfulness. Faites une liste de livres que vous avez envie de lire, des magazines légers que vous avez envie de dévorer pour oublier le stress de l’année. Avez-vous créé votre playlist? Protection indice 30 pour les peaux blanches, 15 pour les mats: l’été c’est comme la vie, ce n’est pas une course de vitesse mais une course de fond. Soyez vous-même sans complexe, libérez-vous de ces contraintes narcissiques que nous impose le monde actuel et profitez de votre été, vous l’avez bien mérité après tout!

Cet article a été rédigé par Rodolphe Oppenheimer, psychanalyste (http://www.psy-92.fr/). Son dernier ouvrage, Peurs, angoisses, phobies, par ici la sortie! (Ed. Marie B) est disponible en librairie depuis le 15 novembre.