Se déguiser en "pauvre" pour être plus "authentique", nouvelle tendance des influenceurs
Depuis quelques années, les grandes marques de luxe se sont appropriés une tendance surprenante: apparaître comme étant “pauvre” ou issu des catégories populaires. De grandes maisons de luxe proposent donc des jeans délavés et troués, des sacs d’inspiration sac cabas bleu d'Ikea et même des baskets salles scotchées au “duck tape”. Les sociologues essaient d’expliquer cette tendance appelée “ Poverty cosplay”, ou la mode de vouloir ressembler aux “pauvres”.
Des influenceurs qui veulent être perçus comme “réels”
De nombreux influenceurs célèbres gagnent des fortunes grâce à leurs réseaux sociaux. Pour rester toujours attractifs face à leur public, certains tentent de captiver encore plus de “followers” en utilisant la tendance dite du “Poverty cosplay”. Kim Kardashian, par exemple, est passée soudainement du partage de son style de vie somptueux à la publication de photos de mauvaise qualité, posant dans une maison peu meublée en 2017.
Le risque de contrecoup: quand la "pauvreté chic" génère des critiques
Cette volonté de paraitre plus “réel”, plus "authentique", survient à un moment où les différences de classe sont de plus en plus marquées, en raison de la crise économique liée à la pandémie. Les riches s'enrichissent plus rapidement, ce qui rend la fausse pauvreté très déplacée, et peut impacter dangereusement la réputation de ces célébrités. En acceptant les propositions des marques de luxe qui conçoivent ce type de produits, il y a le risque d'être critiqué concernant un manque d'authenticité. Pour Susan Scafidi, auteur de "Who Owns Culture : appropriation et authenticité dans le droit américain", voir la beauté dans les choses qui sont déchirées, ou sales, en les regardant simplement d'un point de vue superficiel et esthétique sans penser aux raisons réelles pour lesquelles quelqu'un pourrait porter des vêtements sales, déchirés ou mal coupés, peut avoir l’effet inverse à celui recherché.
La mode s’est historiquement inspirée des habits utilisés par les ouvriers, la classe populaire et les classes marginales pour créer des vêtements à la portée de tous. Depuis des décennies, c’est une formule qui fonctionne pour booster les ventes. Cependant, dans le cas de la tendance de la "pauvreté chic”, cela pourrait perturber la capacité des consommateurs à comprendre ce que signifie l’obligation pour les personnes les moins fortunées, de porter des vêtements troués ou en mauvais état. Le consommateur a donc la responsabilité de garder cela à l’esprit, et de ne pas laisser les tendances de la mode “obscurcir leur capacité à voir les gens qui nous entourent, en particulier les moins fortunés," estiment des expertes.
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