Cinq ans après le spectaculaire braquage de Kim Kardashian, douze personnes renvoyées aux assises
Une célébrité américaine en vacances à Paris, 6 millions d'euros de bijoux volatilisés, des truands à l'ancienne: plus de cinq ans après la séquestration et le braquage spectaculaires de Kim Kardashian, douze personnes sont renvoyées aux assises.
Dans la nuit du 2 au 3 octobre 2016, la vedette de téléréalité et femme d'affaires Kim Kardashian, alors âgée de 36 ans, avait été braquée par plusieurs hommes, certains habillés en policiers, dans une discrète résidence hôtelière de luxe à Paris près de l'église de la Madeleine, où elle était venue assister à la Fashion Week.
Deux voleurs l'avaient menacée avec une arme sur la tempe, avant de la ligoter et de la bâillonner.
"Il m'a demandé avec un fort accent français ma +ring+" (bague), avait-elle raconté aux policiers juste après le vol. "Ils m'ont attachée (...) puis m'ont portée dans ma salle de bain", où elle avait été enfermée.
Pendant ce temps, trois autres hommes faisaient le guet à la réception, un sixième étant au volant d'un véhicule pour assurer la fuite.
Les braqueurs, qui pour certains étaient repartis à vélo, avaient emporté plusieurs bijoux en diamant et en or, dont une bague d'une valeur de quatre millions de dollars.
Montant total du préjudice: plus de six millions d'euros, selon l'ordonnance de mise en accusation consultée par l'AFP.
- "A l'ancienne" -
Le groupe, décrit par les policiers comme une bande de truands "à l'ancienne", est soupçonné d'avoir ainsi réalisé le plus gros braquage au détriment d'un particulier des vingt dernières années en France.
Au terme de cinq ans d'enquête, les deux juges d'instruction chargés du dossier ont décidé vendredi que ces onze hommes et une femme seraient jugés notamment pour "vol avec arme commis en bande organisée", "enlèvement et séquestration" ou "association de malfaiteurs" criminelle, en récidive le plus souvent, suivant largement les réquisitions de renvoi du parquet de Paris, prises en juin 2020.
Dix membres présumés du gang sont ainsi suspectés d'avoir participé d'une manière ou d'une autre au braquage et à la séquestration de Mme Kardashian.
Certains sont soupçonnés de s'être lancés très rapidement après le braquage de la star américaine dans un "nouveau projet criminel", possiblement en lien à nouveau avec "des bijoux".
Un homme comparaîtra seulement pour une infraction à la législation sur les armes.
Le chef présumé du gang, Aomar Aït Khedache, dit "Omar le vieux", né en 1956, a affirmé aux enquêteurs avoir confié le diamant dérobé à une personne dont il n'a pas révélé l'identité et avoir fait fondre les bijoux en or.
Avec ses comparses Didier Dubreucq, dit "Yeux bleus", et Pierre Bouianere, âgés de 61 et 72 ans à l'époque, "Omar le vieux" et ses complices sont connus de longue date dans le milieu du banditisme: les trois hommes ont déjà été condamnés dans les années 80 ou 90, pour vol aggravé, braquage ou trafic de stupéfiants.
Deux proches d'"Omar le Vieux" sont aussi renvoyés: son fils, soupçonné d'avoir joué le rôle de chauffeur, sa compagne, Christiane Glotin, accusée d'avoir participé à l'organisation du coup en faisant le "relais" entre Aomar et les autres mis en cause.
Harminy Aït Khedache "a toujours contesté sa participation, cette décision lui permettra d’apporter toutes les explications nécessaires à la cour d'assises", ont réagi auprès de l'AFP ses avocats, Margot Pugliese et Joseph Hazan.
Autre accusé : Marceau Baum-Gartner, alias "Nez râpé", 67 ans. Après l'attaque, ce possible receleur du butin s'est rendu à huit reprises en deux mois à Anvers en Belgique, capitale de la joaillerie, dont deux fois en compagnie d'"Omar le Vieux".
C'est en retrouvant l'ADN de ce dernier sur un des liens ayant entravé la star que la police avait pu remonter au reste de l'équipe et déclencher, après trois mois d'écoutes et d'analyses ADN, un vaste coup de filet en janvier 2017.
"Cette affaire n'est pas, contrairement à ce que l'on tente de nous faire croire, un remake de Robin des bois", a réagi sur Facebook Me Mohand Ouidja, avocat du réceptionniste, "victime du braquage", qui avait été menacé et menotté.
Quant au butin, aucune pièce n'a été retrouvée, sauf une croix sertie de diamants, tombée lors de la fuite d'un des malfaiteurs reparti à vélo, Yunice Abbas. Pour les enquêteurs, qui ont néanmoins saisi des centaines de milliers d'euros chez les suspects, une part importante du butin a été écoulée en Belgique.
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