A bord de vols paraboliques, Thomas Pesquet retrouve le plaisir de l'apesanteur
"Et hop c'est parti ! Ca me rappelle des souvenirs, c'est comme dans la station spatiale !", lance tout sourire l'astronaute Thomas Pesquet propulsé par l'apensanteur jusqu'au plafond de la cabine de l'Airbus zéro-gravité qu'il apprend à piloter.
Sur terre depuis huit mois, et "en attendant d'avoir la chance de retrouver l'espace", l'astronaute français de 39 ans a décidé de rejoindre l'équipe de pilotes de Novespace, fililale du Centre national d'étude spatiales (CNES) qui exploite l'Airbus "Zéro-G" basé à Mérignac (Gironde).
L'appareil, unique en Europe, a été adapté pour effectuer des vols paraboliques qui permettent, en faisant monter l'avion à 50 degrés, puis en le faisant redescendre de la même façon, de recréer les conditions de l'apesanteur pendant des plages successives d'une vingtaine de secondes. Ces vols, surtout destinés à la recherche scientifique, sont parfois ouverts au grand public.
Pour rejoindre les six pilotes déjà opérationnels, Thomas Pesquet, ancien pilote d'Air France sur A320, a dû d'abord se former au manoeuvrage de l'A310. Après un mois sur simulateur de vol au centre d'entraînement d'Airbus Group à Toulouse, il est désormais en passe d'obtenir sa qualification.
Parallèlement, il a entamé sa formation aux vols paraboliques, avec vendredi, à Mérignac, son premier vol d'observation dans le cockpit de l'Airbus "Zéro G". Avant d'enchaîner, dès lundi, quatre jours de prise en main, en partageant cette fois les commandes avec deux pilotes.
"Le nez de l'avion monte énormément, puis descend énormément. On n'a pas l'habitude de voir cela sur des avions de ligne. Même en tant que pilote, c'est très impressionnant", confie l'astronaute avant de s'installer pour deux heures dans le cockpit en position d'observateur, derrière les trois pilotes titulaires.
Car la particularité de ces vols, qui poussent l'avion à sa puissance quasi maximale, est la nécessité d'avoir trois pilotes, l'un se préoccupant du pilotage "en profondeur", c'est-à dire vers l'avant, l'autre du maintien latéral de l'appareil, et le troisième de "mettre les gaz", explique Loïc Bernard, le commandant du vol.
- 'Seul endroit sur terre' -
"Cela demande beaucoup de finesse aux commandes", confirme l'astronaute Jean-François Clervoy, président de Novespace et précurseur des vols paraboliques en France. Mais pour lui, qui a participé à la sélection de Thomas Pesquet pour rejoindre la station spatiale internationale (ISS), il ne fait pas de doute que le jeune astronaute "apprend très vite".
Après dix paraboles entre 6.000 et 8.000 mètres d'altitude passées en observation dans le cockpit, Thomas Pesquet rejoint finalement la cabine : quelques journalistes mais aussi une trentaine de passionnés qui ont déboursé 6.000 euros pour participer au vol public de "découverte", y font l'expérience euphorique de l'apesanteur dans une cabine toute capitonnée de blanc.
Serré dans sa combinaison grise, l'astronaute a l'assurance tranquille de ceux qui en ont vu d'autres. Mais il ne peut s'empêcher d'arborer un large sourire lorsque surviennent, à intervalles réguliers, quelques dizaines de secondes d'apesanteur. "C'est la première fois que je retrouve l'impesanteur (ou apesanteur, ndrl) depuis que je suis rentré sur terre le 2 juin. Ca me manque !", dit-il.
D'ailleurs, plus aucun stigmate physique ne semble subsister de son séjour de six mois (20 novembre 2016-2 juin 2017" à bord de l'ISS. "J'ai absolument tout récupéré depuis mon vol spatial. De toute façon, il faut être en forme pour faire des vols paraboliques", souligne-t-il.
Une fois qualifié pour ce type de vols, Thomas Pesquet devrait prendre les commandes de l'Airbus "Zéro-G" dès le mois de mars pour la prochaine campagne d'expériences scientifiques organisée par Novespace. Il sera alors le seul astronaute titulaire, aux côtés de pilotes détachés de l'industrie et de l'armée de l'air.
En attendant de regoûter aux plaisirs de l'espace, il se réjouit de cette nouvelle aventure : "c'est un peu la jonction de ma vie d'avant, pilote d'Airbus, et de ma vie d'astronaute. C'est le seul endroit sur terre où les deux se rencontrent".
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