Réputées coûteuses, les Alpes suisses s'essaient au ski "low cost"

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Par AFP
Publié le 17 décembre 2017 - 12:21
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Des skieurs à la station suisse des Crosets le 2 janvier 2017
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© FABRICE COFFRINI / AFP/Archives
Des skieurs à la station suisse des Crosets le 2 janvier 2017
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Pour tenter de faire face à une chute continue du nombre de skieurs et lutter contre leur image de destination coûteuse, les stations de Suisse, berceau des sports d'hiver, cherchent à se relancer grâce à des forfaits "low cost".

"Cela faisait quarante ans qu'on avait les mêmes tarifs, on s'est contentés d'attendre mais là, on ne pouvait plus attendre", explique à l'AFP Pierre Besson, directeur des remontées mécaniques de la station Villars-Gryon-Diablerets, proche de Lausanne.

M. Besson est à l'origine d'un nouveau forfait, le "Magic Pass", un abonnement à prix cassés qui s'est arraché en Suisse avant l'ouverture de cette saison hivernale.

Le "Magic", comme il l'appelle, est un forfait saison permettant de pratiquer sur 25 domaines skiables suisses pour un prix divisé, selon les stations, par deux, voire trois. Une offre destinée à ramener les Suisses vers le ski.

Mis en vente au printemps dernier au prix de 359 francs suisses (307 euros) pour les adultes, ce forfait a séduit plus de 80.000 personnes et assure déjà aux domaines concernés d'avoir, avant même que la saison n'ait débuté, "43% du chiffre d'affaires" en caisse, a expliqué M. Besson qui dirige la coopérative des stations partenaires.

D'autres initiatives, comme le Top 4 Ski Pass qui inclut des stations réputées comme Gstaad et Wengen, ou la Wintercard de la station Saas Fee, tendent également à réduire drastiquement le prix des remontées mécaniques.

"Il y a une petite révolution en ce qui concerne les abonnements", confirme à l'AFP Véronique Kanel, porte-parole de l'office de tourisme de Suisse.

Ces innovations, qui font de cette saison "le premier hiver du ski low cost" en Suisse, selon Le Temps, grand quotidien francophone, s'expliquent par la crise que rencontre le ski dans ce pays réputé avoir inventé les sports d'hiver en 1864 à St Moritz.

Lors de la saison 2016-2017, les stations locales ont enregistré 21,2 millions de journées skieurs, le plus faible total depuis plus de 25 ans, selon les remontées mécaniques suisses.

- 'Le Cocotier' et 'la banane' -

"Sur une douzaine d'années, le marché suisse a perdu 25% de fréquentation des stations", renchérit Laurent Vanat, auteur d'un rapport annuel sur le marché mondial du ski.

Plusieurs facteurs sont en cause. "Les plus importants, c'est le vieillissement de la population et le fait que les gens skient moins souvent: non seulement la base de skieurs ne se renouvelle pas mais les skieurs existants viennent moins", a expliqué à l'AFP M. Vanat.

En outre, le renchérissement du franc suisse, notamment depuis l'abandon en 2015 du taux plancher avec l'euro par la Banque nationale suisse, a joué en défaveur des stations suisses.

"Il y a une petite dizaine d'années en arrière, toutes les stations alpines étaient dans les mêmes prix. Sans augmenter leurs tarifs, les stations suisses se sont retrouvées 15 à 20% plus chères", selon M. Vanat.

Mais avec "Magic Pass" et les autres offres, elles espèrent faire évoluer la situation. "On a secoué un peu le cocotier", se félicite déjà Pierre Besson, au vu du début de saison.

"L'activité station est déjà très bénéficiaire: restaurants d'altitude, magasins de sport, hôteliers, les acteurs de ces secteurs ont tous la banane", affirme-t-il.

Et, selon lui, "les gens retrouvent du plaisir à la montagne parce qu'ils ont le sentiment de ne pas avoir payé trop cher".

Enthousiaste, M. Besson attend cependant la fin de l'hiver pour crier victoire. "On est sur une saison test", reconnaît-il.

Pour Mme Kanel de Suisse Tourisme, "s'il y a une excellente saison d'hiver (...) ce sera un signal très positif" mais la "grosse interrogation", c'est de savoir si le modèle permettra de financer sur le long terme les lourds investissements que réclame l'entretien des domaines et des remontées.

"On est dans un stade tout à fait expérimental pour l'instant", insiste M. Vanat pour qui la Suisse doit redoubler d'efforts dans d'autres secteurs que le forfait, en particulier le rapport qualité/prix de l'hébergement, si elle espère de nouveau séduire durablement les skieurs, et notamment les étrangers.

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